Sortie Blu-ray/ La Grande Sauterelle de Georges Lautner: critique

Publié par Franck Brissard le 4 octobre 2015

Synopsis : Réfugié à Beyrouth pour échapper à un tueur, Carl, voleur de charme, retrouve Alfred, un ancien ami avec qui il fait le projet de braquer un roi du pétrole à sa sortie du casino. Entre-temps, il fait la connaissance de Salène, une fille libre et délurée, dont il tombe éperdument amoureux au point de laisser tomber son projet de braquage.

 

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La Grande Sauterelle - jaquette

La Grande Sauterelle – jaquette

« Ce que tu peux être con ! T’es même pas con, t’es bête. Tu vas jamais au cinoche, tu lis pas, tu sais rien. Si ça se trouve, t’as même pas de cerveau. Quand on te regarde par en dessus, on doit voir tes dents. ». En 1966, Georges Lautner a déjà à son actif trois grands succès avec Les Tontons flingueurs, Les Barbouzes et Ne nous fâchons pas. Désireux de ne pas se laisser enfermer dans un seul et même registre, le réalisateur tente un virage avec Galia, sur la libération sexuelle, pour lequel il s’associe avec l’écrivain et journaliste Vahé Katcha. Fort de cette expérience, les deux hommes décident de se retrouver pour adapter un roman de ce dernier et offrir ainsi un autre rôle à Mireille Darc : La Grande Sauterelle. Si ce quinzième long métrage, sorti en 1967, demeure finalement méconnu dans la filmographie prolifique de Georges Lautner, c’est surtout en raison du genre abordé. Cette belle histoire romantique, loin des comédies habituelles qui ont rendu ce dernier si célèbre, a permis de l’élever au statut de réalisateur culte. La Grande Sauterelle démarre comme un ersatz de James Bond sous le soleil de Beyrouth, avec une ambiance quasi peace and love. Carl, un jeune malfrat (Hardy Krüger vu dans Un taxi pour Tobrouk et Les Dimanches de Ville d’Avray), s’est réfugié dans la capitale du Liban pour échapper au tueur Marco, qui nourrit à son intention de sinistres desseins inhérents à sa profession. Alors qu’il projette de délester un milliardaire de ses gains à la sortie d’un casino, Carl prend du bon temps. Sur la plage, il rencontre Salène, une grande blonde longiligne et rieuse, surnommée la « Grande sauterelle ». Le jeune homme tombe aussitôt sous le charme de cette femme séduisante et libérée, qui mène sa vie à sa guise, sans contrainte ni complexe. Il en néglige d’ailleurs ses projets financiers, mais l’arrivée de l’odieux Marco, qui veut l’obliger à l’associer à l’opération ‘Grubert’, le ramène douloureusement à la réalité.

 

La Grande SauterelleLa Grande SauterelleLa Grande SauterelleLa Grande Sauterelle

 

Coproduction franco-italo-allemande, La Grande Sauterelle peut se voir comme une suite de Galia, même si la griffe de Michel Audiard, qui a également participé au scénario et aux dialogues, demeure omniprésente. Si le film est une réussite, le problème majeur provient du premier rôle attribué à Hardy Krüger, imposé pour des raisons de coproduction. Soyons honnêtes, le comédien ne parvient pas à soutenir l’œuvre sur ses frêles épaules. Il faut aussi attendre l’arrivée un peu tardive de Mireille Darc pour que l’intrigue prenne une autre dimension. Ensuite, on se laisse prendre par cette histoire d’amour sensible et poétique, bien que le couple manque d’alchimie. N’oublions pas l’apparition romanesque de Francis Blanche, salopette et Converse aux pieds, récitant Apollinaire avec des répliques taillées sur mesure par Audiard. Le reste du casting est composé d’indispensables comme Maurice Biraud, Georges Géret et Venantino Venantini. L’histoire policière n’est finalement qu’un prétexte, mais on ne peut s’empêcher d’admirer le cadre et la beauté des paysages, magnifiquement photographiés par Maurice Fellous, fidèle collaborateur du cinéaste, une vraie merveille plastique. Et puis surtout l’éclat de Mireille Darc, sensuelle, et mise en valeur à chacune de ses apparitions par des gros plans à travers lesquels on imagine aisément la fascination de Georges Lautner pour celle qui devenait alors sa muse. Si La Grande Sauterelle, à l’époque très mal accueillie par la critique, n’émeut pas véritablement, l’œuvre ne manque cependant pas de charme et demeure même un vrai plaisir pour les spectateurs.

 

 

 

La Grande SauterelleTEST BLU-RAY : Cette sortie Gaumont fait suite à une édition DVD assez médiocre datée de 2009. Nous retrouvons d’ailleurs la même présentation de La Grande sauterelle par Georges Lautner (7′). Le cinéaste insiste sur le caractère original que ce quinzième long métrage occupe dans sa filmographie, tout en évoquant sa collaboration avec Vahé Katcha. S’ensuivent diverses anecdotes sur le tournage au Liban et sur le casting. Présenté dans son format d’origine 1.66 et dans un master restauré, le film marque la sixième collaboration entre le cinéaste et Mireille Darc. La restauration se révèle plus soignée et plus évidente que pour l’édition DVD. La palette de couleurs apparaît sensiblement relevée, même si les scènes de nuit sont toujours aussi peu tranchées, tandis que le rendu du ciel de Beyrouth se double d’un grain apparent. Le bon point concerne la luminosité rendant hommage au soleil du Liban photographié par Maurice Fellous, complice de Georges Lautner sur 25 films. Malgré quelques plans un peu flous, de petits fourmillements, des noirs un peu bouchés et de légers artefacts de la compression lors des balayages caméra, la situation s’améliore dans la dernière partie. Le cinéaste opte en effet pour de nombreux gros plans de son actrice (et muse), offrant de savoureux détails comme les nombreuses taches de rousseur de la comédienne. La photo ambrée et sableuse laisse ensuite place à une séquence aux teintes sépia, caractérisée par la danse psychédélique. On apprécie également la profondeur de champ et le relief comme le repaire de Gédéon. Dommage cependant que le rendu des textures ne soit pas plus soigné et que les plans filmés à la sauvette manquent de précision. Essentiellement axée sur les voix des personnages, l’action du film met en valeur les timbres graves des comédiens notamment celle de Georges Géret ouvrant La Grande Sauterelle sur un monologue savoureux de Michel Audiard. Une très belle entrée en matière soutenue par la composition de Bernard Gérard. Ensuite, une voix-off très basse évite toute saturation grâce à un dépoussiérage adéquat. Les coups de feu sont suivis d’un écho d’origine. Une piste DTS HD Master Audio 2.0 correcte, sans souffle parasite. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

 

 

 

  • LA GRANDE SAUTERELLE réalisé par Georges Launter, disponible en Blu-ray depuis le 30 septembre 2015.
  • Avec : Mireille Darc, Hardy Krüger, Georges Géret, Maurice Biraud, Francis Blanche, Margot Trooger, Venantino Venantini, Mino Doro, Pepe Aped…
  • Scénario : Michel Audiard, Georges Lautner, Vahé Katcha d’après son roman Quelqu’un mourra ce soir.
  • Production : Alain Poiré
  • Photographie : Maurice Fellous
  • Montage : Michelle David
  • Décors : Jean Mandaroux
  • Musique : Bernard Gérard
  • Editeur : Gaumont
  • Tarif : 12,99 €
  • Durée : 1h43
  • Date de sortie initiale : 11 janvier 1967

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