Synopsis : Forte tête de la marine américaine, le lieutenant Tuck Pendelton se porte volontaire pour une expérience scientifique très risquée. Miniaturisé, aux commandes d’un submersible de poche, il va être injecté dans l’organisme d’un lapin. Mais de méchants espions industriels envahissent le laboratoire et s’emparent de la puce qui peut inverser le processus. C’est alors que Tuck se trouve propulsé dans le corps d’un modeste employé de supermarché. Il va devoir convaincre son hôte, peureux, dépressif, complexé et hypocondriaque, de le sortir de là !
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Quel film ! Quel souffle ! Réalisé en 1987 par l’immense Joe Dante, L’Aventure intérieure (Innerspace pour les puristes) demeure un des plus grands, un des plus intelligents et un des divertissements les plus drôles des années 1980. Lauréat de l’Oscar des meilleurs effets spéciaux et visuels en 1988, ce conte fantaisiste produit par Steven Spielberg n’a rien perdu de sa fougue. Trois ans plus tôt, suite à un changement de direction chez Paramount et le départ de Jeffrey Katzenberg chez Disney, le studio presse Joe Dante de terminer Explorers afin qu’il soit livré pour l’été 1985. Annoncé comme étant le blockbuster de l’année, le film est distribué à la hâte et s’avère un retentissant échec commercial qui laisse le cinéaste complètement usé. Désireux de prendre quelques distances avec les studios, Joe Dante tourne cinq segments du film à sketches Cheeseburger Film Sandwich, quelques épisodes de séries télévisées y compris pour l’immense Police Squad !. Soucieux de son poulain, Steven Spielberg, déjà producteur de Gremlins, lui propose alors le scénario de L’Aventure intérieure, écrit par Jeffrey Boam (Dead Zone) et Chip Proser. Joe Dante se remet alors en selle. L’Aventure intérieure est sans doute l’un des meilleurs films du réalisateur surdoué de Piranhas, Hurlements, Panic sur Florida Beach et Small Soldiers. Film d’action, d’aventures, de science-fiction, romance, comédie, tout Joe Dante est résumé dans ce chef-d’œuvre sorti de la maison Amblin.
Sur un rythme trépidant et sans relâche, le spectateur est emporté dans une tornade de quiproquos, de rebondissements et de scènes loufoques, au milieu de personnages frappadingues. Joe Dante peut compter sur des effets visuels encore aujourd’hui fascinants et réalistes, qui rappellent ceux du merveilleux Voyage fantastique de Richard Fleischer (1966), dont le postulat de départ est d’ailleurs très proche. Il ne s’agit pour autant ni d’un remake ni d’un plagiat. Venu du Saturday Night Live, le canadien Martin Short, méconnu en France, trouve l’un de ses rôles les plus emblématiques, et laisse libre cours à sa virtuosité burlesque. Il rend son personnage maladroit tendre et très attachant. Plongé dans des événements qui le dépassent, aidé par Tuck qui l’encourage à prendre les situations en main – telle une nouvelle conscience -, il va apprendre à avoir confiance en lui, tout en prenant enfin des initiatives et ses responsabilités. Disons qu’il n’a pas vraiment le choix puisqu’il doit faire face à des scientifiques sans scrupules, un tueur à la main bionique (qui sert aussi de sextoy) et un cowboy avec l’accent de Julio Iglesias. À ses côtés, la divine Meg Ryan, journaliste tête-brûlée, et Dennis Quaid, parfait héros américain avec tablettes, cheveux gominés et regard suave, sont également merveilleux. En coulisses, le couple a entamé une liaison qui sera largement médiatisée, de leur mariage en 1991 jusqu’à leur divorce en 2001.
Pour l’anecdote, Joe Dante a demandé à l’un de ses artistes préférés, le grand Chuck Jones, créateur et animateur de Bip-bip et le Coyote et d’autres Looney Tunes, de faire une petite apparition dans L’Aventure intérieure. Les fans le reconnaîtront durant la séquence du supermarché. Et bien sûr Dick Miller, éternellement présent dans la filmographie du réalisateur. La partition du compositeur Jerry Goldsmith colle aussi parfaitement au typhon comique et d’aventures du film sans jamais noyer les répliques qui fusent à cent à l’heure durant 120 minutes. À sa sortie en juillet 1987, L’Aventure intérieure connaît pourtant un succès mitigé aux Etats-Unis, malgré des critiques élogieuses et un engouement du public en Europe, surtout en France où il cumule 1,8 million d’entrées.
TEST BLU-RAY : On pouvait s’attendre à mieux pour un film de cet acabit. La jaquette reprend heureusement le célèbre visuel de l’affiche française. Point de making of rétrospectif au programme, seulement un commentaire audio (non sous-titré) du réalisateur Joe Dante, du producteur Michael Finnell, du superviseur des effets spéciaux Dennis Muren et des acteurs Kevin McCarthy et Robert Picardo. Ce nouveau master a été approuvé par Joe Dante directement. Si la promotion HD de L’Aventure intérieure peut sembler aléatoire avec une gestion moyenne des contrastes, elle renforce indéniablement la colorimétrie, la luminosité et la richesse des décors. Toutefois, le piqué et les gros plans manquent parfois de mordant, les noirs ne sont pas aussi concis que nous l’aurions espéré, et les visages des personnages paraissent parfois rosés. Toutes les scènes diurnes sont éclatantes, le grain cinéma est respecté, un peu plus appuyé sans doute sur les séquences à effets spéciaux, et les détails plus acérés sur les gammes de couleurs froides. Finalement, en dépit d’un léger bruit vidéo, Warner donne un petit coup de jeune à ce classique des années 1980. Notons quelques baisses de la définition, surtout sur les « intérieurs ». La copie est propre, stable, débarrassée de la moindre poussière. Le Blu-ray est en format 1080p (AVC) et s’avère au final plus ciselé que l’édition DVD sortie en 2002. À l’instar de l’image, l’atmosphère acoustique a été revue à la hausse grâce à un encodage DTS-HD Master Audio 5.1 pour la version originale. Dès la séquence d’ouverture, la piste anglaise emporte le morceau, sans aucune commune mesure avec la piste française Dolby Digital 2.0 (au doublage excellent), grâce à une spatialisation concrète et dynamique de la musique de Jerry Goldsmith. De nombreux effets latéraux, notamment des ambiances dans le corps humain ont été rajoutés « artificiellement » pour coller au plus près des normes acoustiques actuelles, mais cela passe bien, surtout sur les séquences mouvementées. Certaines basses étonnent et la délivrance des dialogues est fluide et sans encombre. Les nostalgiques peuvent également se contenter de la version française, forcément plus plate, mais qui fonctionne durant les scènes d’action.
- L’AVENTURE INTÉRIEURE (Innerspace) réalisé par Joe Dante disponible Blu-ray depuis le 2 septembre 2015.
- Avec : Dennis Quaid, Martin Short, Meg Ryan, Kevin McCarthy, Fiona Lewis, Vernon Wells, Robert Picardo, Henry Gibson, William Schallert, Wendy Schaal, Dick Miller…
- Scénario : Chip Proser, Jeffrey Boam
- Production : Michael Finnell
- Producteur délégué : Steven Spielberg
- Photographie : Andrew Laszlo
- Montage : Kent Beyda
- Décors :James H. Spencer
- Costumes : Rosanna Norton
- Musique : Jerry Goldsmith
- Effets visuels : Dennis Muren, George Williams, Harley Jessup, Kenneth Smith
- Editeur : Warner Bros.
- Tarif : 14,99 €
- Durée : 2h
- Distribution salles : Warner Bros
- Date de sortie initiale : 1er juillet 1987 (Etats-Unis), 16 décembre 1987 (France)
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