Synopsis : C’est l’hiver au Brésil. A la demande de son père, Martin doit se rendre dans sa famille, des gens qu’il connaît à peine. Il lui faut récupérer un document à la suite du décès récent de son grand-père. Le jeune homme demande à Tomaz, son meilleur ami, de l’accompagner dans son voyage. Ils logent dans la maison de vacances de Martin, au bord de la mer. Ce séjour offre l’occasion de multiples découvertes et révélations.
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Filipe Matzembacher et Marcio Reolon, scénaristes et réalisateurs brésiliens, ont entamé leur collaboration à l’école de cinéma. Ils proposent ici leur premier long-métrage après avoir façonné plusieurs formats courts. Leurs œuvres précédentes ont été présentées dans plus de 200 festivals, notamment dans des manifestations LGBT. La jeunesse, dans son rapport à la sexualité, constitue leur thème de prédilection. Beira-Mar ou l’âge des premières fois explore cette problématique à travers Martin et Tomaz, deux adolescents à peine entrés dans l’âge adulte. En se rendant dans la famille de Martin, ils entament une sorte de voyage initiatique. On suit leurs déplacements au cœur d’un paysage d’hiver nimbé de grisaille. La mer et la plage sont vides, les villes et villages désertés. Beira-Mar adopte d’emblée un parti pris esthétique au détriment de l’action et des rebondissements. Les réflexions et les errements des deux jeunes hommes constituent la trame essentielle. La caméra filme au plus près leur séjour dans une grande demeure au bord de la mer. Le spectateur suit leurs gestes quotidiens, leurs jeux et leurs conversations éparses, le tout entrecoupé de longs silences et de plans serrés sur leurs visages ou le décor alentour. Ils tentent de se découvrir encore davantage lors d’une fête bien arrosée avec d’autres amis ; c’est d’ailleurs le nœud de l’intrigue. Au cours de cette soirée, ils cherchent leur véritable sexualité.
Les questions du passage à l’âge adulte et des secrets de famille composent ainsi la matière de Beira-Mar : comment se détacher de l’enfance et prendre ses premières décisions importantes ? De quelle manière devient-on responsable ? Martin et Tomaz parcourent les dédales de l’amitié, de l’amour, et l’ambiguïté des sentiments et du désir. Ces thématiques auraient pu engendrer une certaine profondeur. Hélas, ils sont traités de manière superficielle ; l’intrigue ne fait que les effleurer. Filipe Matzembacher et Marcio Reolon tentent d’impliquer le spectateur en le renvoyant à ses propres questionnements. Mais l’effet inverse se produit ; le tandem les laisse à l’écart. La lourdeur du déroulement et les séquences trop longues finissent par lasser. L’absence de musique accentue le sentiment de vide et de multiples éléments sont laissés en suspens. On aurait aimé en savoir davantage sur le secret qui a conduit le père de Martin à s’éloigner du reste de sa famille. Seul l’esthétisme épuré parvient finalement à convaincre ; la beauté des décors et l’univers intrigant qu’ils créent offrent de jolis moments. Malheureusement, cela ne suffit pas à nous captiver pendant une heure trente. Des événements supplémentaires et une intrigue plus solide auraient certainement permis d’emporter l’adhésion.
Christophe Binet
- BEIRA-MAR ou l’âge des premières fois réalisé par Filipe Matzembacher et Marcio Reolon en salles le 17 février 2016.
- Avec : Mateus Almada, Mauricio Jose Barcellos, Elisa Brites, Francisco Gick, Fernando Hart, Maite Felistoffa, Danuta Zaghetto et Irene Brietzke…
- Scénario : Filipe Matzembacher et Marcio Reolon
- Production : Avante Filme
- Photographie : Joao Gabriel de Queiroz
- Montage : Bruno Carboni et Germano De Oliveira
- Musique : Felipe Puperi
- Distribution : Epicentre Films
- Durée : 1h23
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