Synopsis : Jo, jeune homme passionné de musique, vient d’ouvrir son propre bar à Gand, le Belgica. Frank, son frère aîné, lui propose de l’aider dans la gestion de l’établissement. Grâce à ses idées et son implication, le lieu s’agrandit et devient rapidement « the place where to be ». Le Belgica va prendre également de plus en plus de place dans la vie des deux frères.
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Felix Van Groeningen s’est pleinement révélé au grand public avec le singulier La Merditude des choses, récompensé par le Prix Art et Essai au Festival de Cannes 2009. Alabama Monroe, sorti en 2012, lui avait apporté une certaine consécration. Cette œuvre poignante a obtenu de nombreux prix, notamment le César du meilleur film étranger en 2014, et a même été nommé aux Oscars dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère. Belgica naît donc entouré d’une réelle impatience. Les promesses données par ses deux précédents films autorisaient le plus vif enthousiasme. Belgica raconte une histoire vraie, celle du Charlatan, mythique café-concert situé à Gand. Jo, le frère cadet, vient d’ouvrir son propre bar, le Belgica. Frank, le frère aîné qu’il n’a pas vu depuis longtemps, le rejoint dans l’aventure et l’assiste au quotidien, quitte à délaisser sa femme et son fils. Il voit grand et propose d’acheter un espace désaffecté situé à côté du café afin de créer une vaste salle dédiée à la musique. Le spectateur assiste à la naissance d’un nouvel endroit à la mode ; mais malgré le succès rapide, les nuages se profilent à l’horizon, dus notamment aux excès en tout genre et à la personnalité explosive de Frank. À travers la naissance d’un café-concert réputé, Felix Van Groeningen aborde plusieurs thèmes en parallèle : la relation forte entre deux frères, l’addiction aux drogues et à l’alcool, la puissance du rock, les valeurs de l’amitié, le sens de la vie et de la famille.
Malheureusement, les longues plages musicales diluent son propos et font ressembler le film à un clip vidéo. Les plans appuyés sur les clients en train de boire et danser apportent peu à l’histoire. Dès que l’intensité et l’émotion tentent de se faire une place, le réalisateur saccade l’intrigue en insérant une scène dédiée à une des soirées donnée au Belgica. La caméra se contente alors de filmer la fête qui bat son plein au son d’une musique omniprésente. Conséquence : l’intrigue finit par tourner en rond et les séquences deviennent parfois répétitives. La superposition des deux histoires, celle des personnages principaux et celle du Belgica, ne fonctionne pas assez pour emporter complètement le spectateur. Les événements qui auraient pu captiver ne sont qu’effleurés, ce qui enlève au film sa force de conviction. Belgica gagne toutefois en intérêt dans sa dernière partie, quand les rôles entre Jo et Frank s’inversent. Les deux caractères s’opposent violemment et la narration gagne en intensité. Cette embellie est un feu de paille. La fin lissée et apaisée freine vite la montée en puissance. Force est de constater que Van Groeningen a perdu le brio dont il faisait preuve dans La Merditude des Choses et surtout Alabama Monroe. Provisoirement on l’espère…
Christophe Binet
- BELGICA réalisé par Felix Van Groeningen en salles le 2 mars 2016.
- Avec : Tom Vermeir, Stef Aerts, Hélène Devos, Charlotte Vandermeersch, Boris Van Severen, Sara De Bosschere, Dominique Van Malder, Sam Louwyck, Stefaan de Winter, Silvanus Saow…
- Scénario : Arne Sierens, Felix Van Groeningen
- Production : Dirk Impens
- Photographie : Ruben Impens
- Montage : Nico Leunen
- Décors : Kurt Rigolle
- Costumes : Ann Lauwerys
- Musique : Soulwax
- Distribution : Pyramide
- Durée : 2h07
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