Synopsis : À l’origine, Deadpool s’appelle Wade Wilson : un ancien militaire des Forces Spéciales devenu mercenaire. Après avoir subi une expérimentation hors norme qui va accélérer ses pouvoirs de guérison, il devient Deadpool. Armé de ses nouvelles capacités et d’un humour noir survolté, il se met à traquer l’homme qui a bien failli anéantir sa vie.
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Il était bien prévu que Deadpool l’atypique subvertisse le genre des blockbusters consacrés aux superhéros : à cet égard, rien à dire ! Il n’en reste pas moins que le travail de Tim Miller, qui signe son premier long métrage, peut laisser perplexe dans certaines scènes. Tous les commentaires élogieux dans lesquels nagent déjà cet opus du héros sociopathe, apparu dans X-Men Origins : Wolverine, visent justes. Les codes Marvel sont habilement détournés, à commencer par le climat de sérieux épique qui habite les opus des X-Men ou des Avengers. L’ironie permanente de Wade Wilson alias Deadpool donne sans doute un coup de jeune au style superhéroïque et le fait résonner avec les réalités sociétales du début du XXIe siècle. Il faut saluer par conséquent le côté anti-politiquement correct du personnage. Ryan Reynolds (Green Lantern, X-Men origins : Wolverine) attaque avec jubilation son image de beau gosse hollywoodien souriant, sympa et sexy. D’une certaine manière, on pourrait le prendre pour une sorte de Spawn (personnage créé par Todd McFarlane, lancé par l’éditeur Image Comics en mai 1992), en beaucoup moins dépressif ! La noirceur de l’ancien mercenaire Wilson demeure toujours légère et ne sombre jamais dans l’introspection douloureuse qui pourrait plomber le parti pris résolument comique de l’anti-héros écarlate.
Dans le compartiment, hyperviolent, psychopathe, grossier, érotomane et vantard, on ne fait guère mieux que Deadpool dans l’univers des super héros au cinéma ! Peut-être est-ce parfois trop trash pour rester totalement crédible, y compris au regard des comics. Cependant, l’ensemble fait l’affaire et on apprécie facilement l’exercice de style et la performance d’acteur en anti-superhéros Disney. Notons aussi les allusions permanentes à la culture des années 80 et 90 qui enchantent les quadras mais peuvent sembler totalement ésotériques aux plus jeunes. En revanche, Deadpool témoigne des fondamentaux superhéroïques et il ne faut pas exagérer sa marginalité. Certes plus drôle que le Punisher et Wolverine, il partage toutefois avec eux (et tous les autres) le courage, les capacités exceptionnelles, la résistance à la douleur, le goût d’aider les plus faibles, etc. Par ailleurs, son histoire d’amour avec Vanessa (jouée par Morena Baccarin, Homeland) introduit une forme singulière et forte de romantisme qui résiste au climat « nihiliste » et cru des dialogues et des situations. Belle réussite qu’il convient de souligner, notamment à travers la performance assez bluffante de Morena Baccarin. L’ambiance « night-club, strip-tease et prostituées » déniaise la romance du couple et la rend à la fois plus réaliste, plus belle et plus innocente.
Compliqué par contre de s’attarder sur la musique et les décors qui ne laissent pas un souvenir impérissable. Même constat pour les deux X-Men, Colossus (Greg LaSalle) et Negasonic Teenage Warhead (Brianna Hildebrand), qui frisent le grotesque. Quant aux « mauvais » mutants, ils peinent à s’imposer : Ajax (Ed Skrein, Transporteur : Héritage) et Angel Dust (Gina Carano, Fast and Furious 6) donnent l’image de « vilains » artificiels, bien que la seconde tire mieux son épingle du jeu que le premier. Les effets spéciaux se révèlent plutôt médiocres (il suffit précisément de regarder Colossus) alors même que les séances musclées, spectaculaires (sur l’autoroute notamment) sont authentiquement réussies. Quant à l’intrigue – rechercher le « salaud » qui a fait de Wilson un mutant défiguré tout en en le guérissant du cancer -, elle semble bien mince par rapport aux possibilités qu’offrait un tel superhéros « out of the box ». Un bilan cependant clairement positif : un vent frais aère le monde des superhéros pour mieux leur permettre de continuer à exister dans leur format classique. Deadpool est un joli moment de liberté qui dynamise la planète Marvel et dont on peut déjà compter sur une suite en préparation  !
- DEADPOOL réalisé par Tim Miller en salles le 10 février 2016.
- Avec : Ryan Reynolds, Morena Baccarin, Ed Skrein, T. J. Miller, Gina Carano, Brianna Hildebrand, Jed Rees, André Tricoteux…
- Scénario : Rhett Reese et Paul Wernick, d’après les comics de Rob Liefeld et Fabian Nicieza apparu pour la première fois en 1991.
- Production : Simon Kinberg, Ryan Reynolds et Lauren Shuler Donner
- Photographie : Ken Seng
- Montage : Julian Clarke
- Direction artistique : Sean Haworth
- Décors : Shannon Gottlieb
- Costumes : Christine Bieselin Clark
- Musique : Junkie XL
- Distribution : 20th Century Fox
- Durée : 1h47
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