Synopsis : Alex, divorcé et père deux filles, est un cadre moderne, stressé et surchargé de travail. Un soir, il a rendez-vous sur Internet avec une jeune femme. Ce face-à -face, qui devait constituer un moment de détente, se transforme vite en cauchemar. Alex se retrouve piégé et devient la proie d’une véritable chasse à l’homme.
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Après avoir glané plusieurs prix dans des festivals de courts-métrages, Thierry Sebban livre ici son premier format long. Il a porté son projet à bout de bras et endosse de multiples rôles : réalisateur, scénariste, monteur et acteur. Pseudonym a la particularité d’avoir vu le jour sans aucune subvention ; son financement s’est monté uniquement sur des fonds privés. Dans ce thriller psychologique, horrifique et violent, interdit en salles aux moins de 16 ans, il incarne Alex, le personnage principal, victime d’une machination sur Internet. On pense à Hostel, À l’intérieur, Martyrs ou encore la série des Saw. Le propos dénonce les dérives et les atrocités potentielles du web. La cybercriminalité connaît une constante augmentation depuis ces dernières années. Escroqueries, abus de confiance, atteintes à la dignité humaine, falsifications de carte de crédit, menaces, chantages, délits sexuels : la toile peut incarner un monde particulièrement dangereux, voire meurtrier. Pseudonym décrit et illustre avec intensité toutes ces formes de délinquance. Résolument froid et totalement dénué de sentimentalisme, le film vaut essentiellement pour le suspense qu’il distille et pour son esthétique efficace. Le récit se déroule quasiment de nuit ; une option qui amplifie toujours l’impression de malaise et d’oppression. La ville et son univers sont à la fois un décor mystérieux et majestueux, mais aussi un personnage à part entière. La musique nerveuse, composée par Nicolas Baby du groupe FFF, ajoute à l’ambiance underground. Grâce à ces ingrédients, le réalisateur parvient à décliner le thème de la transgression ; sexe et brutalité se combinent. Les protagonistes, bruts et sans états d’âme, repoussent les limites de l’interdit et du malsain. Le voyeurisme et la surveillance sont également évoqués avec pertinence. Tout se filme, tout se montre. Thierry Sebban atteint son objectif et dénonce avec réalisme les travers du web et les comportements déviants qu’il engendre chez certains individus mal intentionnés. Cependant, Pseudonym souffre de certaines faiblesses, notamment au niveau de son scénario. L’intrigue tient en quelques phrases et peine à tenir complètement le spectateur en haleine. Quelques rebondissements et actions supplémentaires auraient comblé cette lacune. Le manque de moyens se fait également ressentir. Son opus aurait sans doute constitué un excellent format court ; il semble avoir été contraint d’étirer des scènes dans le temps. L’histoire en devient parfois répétitive. Néanmoins, ce coup d’essai s’avère tout à fait honorable et prometteur. Grâce à son propos percutant, Pseudonym offre suffisamment de scènes haletantes pour ravir des amateurs du genre.
Christophe Binet
- PSEUDONYM écrit et réalisé par Thierry Sebban en salles le 9 mars 2016.
- Avec : Thierry Sebban, Perrine Tourneux, Igor Skreblin, Simon Abkarian, Sacha Mijovic, Julien Favart, Camille Figuereo, Elia Sebban…
- Production : Thomas Langmann, Gilles Podesta
- Photographie : Christophe Grelié
- Montage : Eric Armbruster, Thierry Sebban
- Décors : Anne-Sophie Criaud
- Musique : Nicolas Baby
- Distribution : Destiny Distribution
- Durée : 1h14
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