Synopsis : Michèle fait partie de ces femmes que rien ne semble atteindre. À la tête d’une grande entreprise de jeux vidéo, elle gère ses affaires comme sa vie sentimentale : d’une main de fer. Sa vie bascule lorsqu’elle est agressée chez elle par un mystérieux inconnu. Inébranlable, Michèle se met à le traquer en retour. Un jeu étrange s’installe alors entre eux. Un jeu qui, à tout instant, peut dégénérer.

♥♥♥♥♥

 

Elle de Paul Verhoeven - affiche

Elle de Paul Verhoeven – affiche

Il aura donc fallu près d’un quart de siècle à Paul Verhoeven pour revenir en compétition à Cannes, après Basic Instinct en 1992. Avec Elle, le cinéaste hollandais, à l’humour transgressif, est au meilleur de sa forme et signe un drame décapant, avec une Isabelle Huppert délicieusement acerbe. Dans sa filmographie, de SPETTERS (notre critique) à Robocop en passant par Total Recall, et surtout Basic Instinct et Showgirls, il a toujours su intelligemment dépeindre des femmes fortes, fatales, indépendantes et dangereuses, au passé trouble et sombre, qui ont constamment rejeté l’état de victimisation dans une société patriarcale. Cette adaptation, inspirée d’un roman de Philippe Djian et écrite sous la plume affûtée de David Birke, le démontre à nouveau en explorant les thèmes sulfureux récurrents de Verhoeven, entre crainte, colère, rire et perversion. Son premier film en langue française s’ouvre sur des cris et le viol d’une femme d’une cinquante d’années à son domicile par un homme cagoulé et vêtu de noir. Dans un plan fixe, on découvre Michèle (Isabelle Huppert), le corps inerte et dévasté sur le sol, tandis que son agresseur a disparu par la fenêtre. Les deux heures suivantes, qui ne souffrent d’aucun temps mort, nous plongent dans l’existence de cette dirigeante d’une grande entreprise de jeux vidéo, et sa manière d’entreprendre ce traumatisme auprès de ses proches afin de s’en libérer totalement. À l’instar des figures féminines chez Verhoeven, cette femme, mère de famille, au train de vie aisé, traîne derrière elle un passé lourd avec un père assassin emprisonné. Si Elle se veut un drame intense aux allures de thriller, accentué par un score inquiétant et très hitchcockien d’Anne Dudley, Verhoeven détourne les codes pour bifurquer vers la farce caustique et truculente, brillamment menée. On devine rapidement l’identité de l’agresseur, dévoilée ensuite en seconde partie ; toutefois, le cinéaste étonne de bout en bout et brosse magistralement le portrait d’une femme en apparence déconnectée de la réalité, mais qui parvient progressivement à résoudre ses problèmes. En parallèle d’une critique des médias (l’univers du jeu vidéo), on assiste à la construction de sa résilience. Répliques et dialogues cyniques déclenchent dès lors les rires à répétition sur des situations graves, inconfortables, incongrues, voire même surréalistes. À l’évidence, seule l’actrice de La Pianiste de Michael Haneke et égérie de Claude Chabrol avait l’étoffe de porter un tel rôle. Mais le reste du casting est de la même trempe. On retient particulièrement Judith Magre (la mère), Charles Berling (l’ex-mari et écrivain raté) ou encore Laurent Lafitte (le voisin d’en face), un trader décrit comme « un homme bon mais à l’esprit torturé » par sa femme (Virginie Efira), une grenouille de bénitier, qui fait sensiblement écho au désir du réalisateur de porter sur grand écran la vie de Jésus. Verhoeven crève ainsi l’abcès, dégomme les bonnes manières et la bienséance, pulvérise les valeurs humaines et tranche dans le vif en explorant, à travers cette galerie de portraits hauts en couleur, les conflits familiaux, les liaisons extra-conjugales, l’amitié, le sexe, la violence et la perversion. Une Å“uvre subversive qui aurait bien mérité de figurer au palmarès de cette 69e édition.

.

.

.

  • ELLE réalisé par Paul Verhoeven en salles le 25 mai 2016.
  • Avec : Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Virginie Efira, Anne Consigny, Charles Berling, Alice Isaaz, Judith Magre, Vimala Pons…
  • Scénario : David Birke d’après le roman de Philippe djian
  • Production : Saïd Ben Saïd, Michel Merit
  • Photographie : Stéphane Fontaine
  • Montage : Job Ter Burg
  • Décors : Laurent Ott
  • Musique : Anne Dudley
  • Distribution : SBS Distribution
  • Durée : 2h10

.

Commentaires

A la Une

1923-2023 : Warner Bros ressort ses plus grands films en salle pour ses 100 ans

À partir du 7 Juin et durant tout l’été, les plus grands succès des studios Warner Bros sont proposés dans… Lire la suite >>

Martin Scorsese prépare un nouveau film sur Jésus

En visite au Vatican, le réalisateur italo-américain Martin Scorsese devrait bientôt tourner un film consacré à Jésus.      … Lire la suite >>

Cannes 2023 : Justine Triet remporte la Palme d’or pour Anatomie d’une chute

La Française devient la troisième réalisatrice de l’histoire du festival à remporter la Palme d’or.       Le jury… Lire la suite >>

Le nouveau trailer de Barbie s’aventure dans le monde réel

La dernière répétition de Barbie avant sa sortie en salle le 19 Juillet prochain offre de nouvelles surprises et confirme… Lire la suite >>

L’Art de James Cameron exposé à la Cinémathèque française

L’exposition explorera en profondeur les mécanismes créatifs de l’un des réalisateurs et conteurs d’histoires les plus populaires du cinéma contemporain…. Lire la suite >>

Nos vidéos

Box OFFICE France

Titre Cette sem. Nbr Sem. Cumul
1 LA PETITE SIRENE 582 814 1 582 814
2 FAST & FURIOUS X 514 473 2 1 655 319
3 LES GARDIENS DE LA GALAXIE VOLUME 3 305 098 4 2 990 814
4 L'AMOUR ET LES FORETS 220 327 1 220 327
5 JEANNE DU BARRY 156 279 3 557 460
6 OMAR LA FRAISE 140 144 1 140 144
7 SUPER MARIO BROS. LE FILM 106 524 8 7 001 701
8 L'EXORCISTE DU VATICAN 56 717 3 334 786
9 LES TROIS MOUSQUETAIRES - D'ARTAGNAN 55 231 8 3 274 097
10 LES CHEVALIERS DU ZODIAQUE 41 841 1 41 841

Source: CBO Box office

Nos Podcasts