Synopsis : Eté 1910, Baie de la Slack dans le Nord de la France. De mystérieuses disparitions mettent en émoi la région. L’improbable inspecteur Machin et son sagace Malfoy (mal)mènent l’enquête. Ils se retrouvent bien malgré eux, au coeur d’une étrange et dévorante histoire d’amour entre Ma Loute, fils ainé d’une famille de pêcheurs aux moeurs bien particulières et Billie de la famille Van Peteghem, riches bourgeois lillois décadents.

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Ma Loute - affiche

Ma Loute – affiche

Avec Ma Loute, Bruno Dumont propose une farce grinçante qui concourt enfin en compétition officielle du 69e festival de Cannes. Habitué des films souvent austères et tragiques (Hadewijch, Hors Satan…), l’atypique cinéaste français a clairement changé de bord depuis la sortie de sa truculente minisérie P’TIT QUINQUIN (notre critique), sélectionnée à la Quinzaine des Réalisateurs en 2014. Ma Loute dévoile ainsi l’enquête d’un étrange duo de policiers, à la suite de nombreuses disparitions dans le Nord de la France. Machin et Malfoy pourraient être apparentés à Laurel et Hardy tant leur physique – à la Dupond et Dupont – et leurs attitudes tirent vers une forme de burlesque appuyé. Mais à l’instar du P’tit Quinquin, l’enquête ne sert finalement que de prétexte à Dumont pour poser un regard critique sur une galerie de personnages excentriques. La famille aisée Van Peteghem débarque ainsi dans une somptueuse villa afin d’y passer leurs vacances annuelles. Chacun des membres se révèle être une caricature vivement outrancière de la haute bourgeoisie : André (Fabrice Luchini) en bossu radoteur, limite brailleur ; sa femme Isabelle (Valeria Bruni-Tedeschi) au maniérisme décuplé ; Aude, la sÅ“ur arrogante, hystérique et exaltée (Juliette Binoche) et le cousin André (Jean-Luc Vincent) à la mentalité amoindrie. Un casting haut de gamme pour des personnages forcément hauts en couleur. De l’autre côté, on retrouve les autochtones cueilleurs de moules, issus du monde de la paysannerie, à l’accent inimitable et à couper au couteau. Dans l’optique de rapprocher ces deux univers que tout oppose, Dumont développe une relation sentimentale entre Ma Loute, fils aîné des paysans, et Billie, la fille androgyne des Van Peteghem. Mais plutôt que d’opter pour l’alliance de ces deux êtres, le cinéaste choisit de les renvoyer chacun dans leur clan en brisant ainsi toute utopie d’un réel entrelacement social. La qualité majeure de Ma Loute repose sur l’angle burlesque que Dumont choisit de surexploiter au sein de son récit. Il multiplie ainsi les séquences drôles et les gags visuels, comme l’inspecteur Machin qui roule sur lui-même et ne cesse de chuter pour mieux analyser les scènes de « crimes », les Van Peteghem s’adonnant à des exclamations particulièrement hilarantes, ou bien encore les paysans qui dévorent des cadavres en guise de repas. Cette approche humoristique trouve certainement son apogée lorsque, tel un miracle biblique, Isabelle et Machin font l’objet d’une envolée littérale qui transcende un récit truculent. Ces scènes de vol permettent de souligner la force évidente de Dumont à magnifier visuellement un paysage qui ne recèle foncièrement rien d’exceptionnel. La photographie de Guillaume Deffontaines, les effets sonores de Philippe LecÅ“ur et les choix de cadrage du cinéaste mettent ainsi en exergue, de manière intense et lumineuse, la nature pure d’un environnement anodin. Pourtant, les intentions de Dumont semblent tirer Ma Loute vers une sorte d’impasse interprétative. Le spectateur s’esclaffe naturellement devant la multitude de ressorts comiques et la caractérisation excessive des personnages, mais l’excès de Dumont a aussi tendance à réfréner les élans de son récit à l’égard du microcosme qu’il triture et manipule sans retenue.

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  • MA LOUTE écrit et réalisé par Bruno Dumont en salles depuis le 13 mai 2016.
  • Avec : Fabrice Luchini, Juliette Binoche, Brandon Lavieville, Raph, Valeria Bruni Tedeschi, Jean-Luc Vincent…
  • Production : Jean Bréhat, Rachid Bouchareb, Muriel Merlin
  • Photographie : Guillaume Deffontaines
  • Montage : Bruno Dumont, Basile Belkhiri 
  • Décors : Riton Dupire-Clément
  • Costumes : Alexandra Charles
  • Son : Philippe Lecoeur
  • Musique :  Guillaume Lekeu
  • Distribution : Memento Films
  • Durée : 2h02

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