Synopsis : Dans un ghetto où se côtoient trafics et religion, Dounia a soif de pouvoir et de réussite. Soutenue par Maimouna, sa meilleure amie, elle décide de suivre les traces de Rebecca, une dealeuse respectée. Sa rencontre avec Djigui, un jeune danseur troublant de sensualité, va bouleverser son quotidien.
♥♥♥♥♥
Pour Houda Benyamina, « le cinéma est un acte politique ». À 36 ans, elle réalise son premier long-métrage, Divines, un drame chargé d’émotion et de questionnements sur la société, qui a remporté la Caméra d’or au dernier Festival de Cannes. Benyamina a passé sa jeunesse dans une cité à Viry-Chatillon, en banlieue sud de Paris. Suite aux violentes émeutes de 2005, sa colère se transforme en source d’inspiration qui génère ici une réflexion (quasi) sociologique sur la révolte des ghettos. Ses multiples interrogations sur la religion, la jeunesse et le système français font écho à La Haine, mais aussi à La loi du ghetto écrit par Luc Bronner. Dans son désir de garder son film « connecté à la réalité », Divines parvient à montrer l’univers des banlieues à la fois de manière isolée, au regard de la société française, et fortement conditionnée par les valeurs contemporaines ultra-libérales et les tendances mainstream. Divines passe en effet des trafics des barres chocolatées aux drogues, aux tabassages des dealers, aux conflits familiaux des immigrés ou encore aux batailles idéologiques au sein des établissements scolaires, avec au centre… la génération Z. Que désire-t-elle ? « Comme tout le monde, money, money, money », réclame la jeune Dounia (Oulaya Amamra). Les passages accablants et parfois attristants rappellent certaines scènes dans Troupe d’élite du brésilien José Padilha ou encore de nombreux films de Spike Lee, qui servent d’importantes références cinématographiques pour la réalisatrice, illustrant magistralement le décalage indéniable entre le mode de vie que recherchent les personnages et ce qu’ils vivent réellement.
.
.
Au coeur de l’histoire, la petite Dounia, souvent marginalisée dans son cercle et pourtant désireuse de réussite. Avec la romantique et très croyante Maimouna (Déborah Lukumuena), elle forme un duo puissant et contrasté. Issue d’une famille négligemment installée au camp des roms, cette « bâtarde » — terme que la réalisatrice envisageait pour le titre du film – fait d’abord son épreuve d’endurance sous la houlette de Rebecca (Jisca Kalvanda), la caïd du quartier, avant de succomber au bonheur ineffable de l’amour de Djigui (Kevin Mischel). Dounia est divine, précisément au moment où le jeune amateur de danse l’embarque dans une chorégraphie follement sensuelle. De ce passage à une scène déchirante et tragique vers la fin, Houda Benyamina fait rayonner ses talents de metteur en scène et le personnage de Dounia se construit via des fragments de vie époustouflants. En témoigne ce moment où Dounia et Mamouia, accros aux réseaux sociaux, se filment via Snapchat lors d’une course poursuite se moquant des forces policières. Leurs fous rires expriment la rage de cette société oppressive, reflet de « l’acte politique » de Houda Benyamina.
.
WEI Lan
.
.
.
- DIVINES réalisé par Houda Benyamina en salles le 31 août 2016.
- Avec : Oulaya Amamra, Déborah Lukumuena, Kevin Mischel, Jisca Kalvanda, Yasin Houicha, Majdouline Idrissi.
- Scénario : Romain Compingt, Houda Benyamina, Malik Rumeau
- Production : Marc-Benoît Créancier
- Photographie : Julien Poupard
- Montage : Loic Lallemand, Vincent Tricon
- Décors : Marion Burger
- Costumes : Alice Cambournac
- Musique : Demusmaker
- Distribution : Diaphana
- Durée : 1h45
.