Synopsis: Maggie, trentenaire, éternelle célibataire et new-yorkaise, a bien l’intention de faire un bébé toute seule, mais elle rencontre John, professeur anthropologie et écrivain en devenir, dont elle tombe immédiatement amoureuse. John, lui, n’est pas très heureux en mariage avec la tumultueuse Georgette qui ne vit que pour sa carrière. Il la quitte pour Maggie, qui attend désormais un bébé, mais après quelques années de vie commune, Maggie a un autre plan en tête et aimerait jeter à nouveau John dans les bras de Georgette…
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Après Les vies privées de Pippa Lee en 2009, Rebecca Miller revient avec un autre film indépendant qui soulève à nouveau les problématiques de l’âge adulte, comme le mariage, la vie de couple, la maternité, l’épanouissement professionnel et personnel. La fille de l’écrivain Arthur Miller dépeint dans Maggie a un plan, présenté aux festivals de Sundance, Berlin et Toronto, un New York qu’elle ne connaît que trop bien ; cette ville cosmopolite et branchée dans laquelle elle a grandi et son enfance passée dans le fameux Hôtel Chelsea. Le personnage qui dirige cette balade dans Manhattan est Maggie (Greta Gerwig), une trentenaire célibataire qui enseigne dans une petite université, férue de littérature et impatiente d’avoir un enfant. Si elle ne rêve pas forcément d’une famille, elle est bien décidée à devenir mère célibataire et part donc en quête du « donnant idéal ». En chemin, elle s’éprend de l’un de ses collègues professeurs, un écrivain suffisant et dépressif, marié à une professeure de sociologie, aussi glaciale qu’autoritaire. Cette rencontre change leur vie : l’une va abandonner ses projets de maternité, l’autre sa stabilité familiale. Mais celle qui pensait tenir les rênes de sa vie tombe enceinte. Maggie a un plan renvoie à des oeuvres phares comme Annie Hall (Woody Allen, 1977), La Femme de l’Aviateur (Éric Rohmer, 1981) ou plus encore aux screwball comedies issues de l’âge d’or hollywoodien. Rebecca Miller évite ainsi brillamment l’écueil des clichés, même si la caractérisation des personnages peut au départ pointer dans cette direction. De la hipster farfelue au mari docile et pitoyable jusqu’à l’épouse délaissée au caractère insupportable, Miller brise les codes, détourne les attentes et gère avec brio le ton dérisoire de son récit. Quant à Greta Gerwig, elle réaffirme ici son talent, après (FRANCES HA – notre critique) et Mistress América de Noah Baumbach. Si la caméra de Rebecca Miller se concentre essentiellement sur elle, soulignons néanmoins la prestation formidable de Julianne Moore, dans la continuité de son personnage névrosé de MAPS TO THE STARS de David Cronenberg (notre critique). Idem pour Ethan Hawke, toujours égal à lui-même, et Bill Hader. Maggie a un plan se révèle ainsi dans l’air du temps ; la fraîcheur de Gerwig et l’intelligence des dialogues dépassent le postulat de départ et les archétypes des productions indépendantes habituelles ; le nouveau film de Rebecca Miller devient une grande farce sur le monde moderne.
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- MAGGIE A UN PLAN (Maggie’s plan) de Rebecca Miller en salles le 27 avril 2016
- Avec : Greta Gerwig, Ethan Hawke, Julianne Moore, Bill Hader, Maya Rudolph, Jackson Fraser, Travis Fimmel…
- Scénario : Rebecca Miller sur une idée de Karen Rinaldi
- Production : Rachel Horovitz, Damon Cardasis, Rebecca Miller
- Photographie : Sam Levy
- Montage : Sabine Hoffmann
- Décors : Alexandra Schaller
- Costumes : Malgosia Turzanska
- Musique : Michael Rohatyn
- Distribution : Diaphana
- Durée : 1h38
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