Un ciel bleu presque parfait de Quarxx

Un ciel bleu presque parfait de Quarxx – Grand Prix Court Métrange 2016

Court Métrange continue d’imposer son positionnement unique grâce à une programmation de courts métrages fantastiques et insolites de réelle qualité, lesquels reflètent une vision de plus en plus contrastée du monde actuel.

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Affiche Court Metrange 2016 - Conception Agence Kerozen

Affiche Court Métrange 2016 – Conception Agence Kerozen

Pour cette treizième édition, Court Métrange réaffirme son identité, son label, ses choix éclectiques et son style si singulier. Depuis 2004, l’événement cinématographique rennais s’impose en terre bretonne proposant aux fantasticophiles une sélection éclectique et originale, scindée en plusieurs séances d’une durée d’une heure chacune, qui ont quasiment toutes fait salle comble cette année. Trois belles soirées qui franchissent les zones les plus obscures de l’inconscient et de l’imaginaire collectifs, toujours génialement animées par Steven Pravong, Cédric Courtoux et Benji Leblay. Car rappelons-le, ce festival de courts métrages est non seulement le seul événement en France à faire partie de l’European Fantastic Film Festivals Federation mais aussi à être entièrement dédié au cinéma de genre.

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Un rendez-vous cinématographique toujours aussi riche donc, qui a su livrer une myriade de pépites en provenance des quatre coins du monde. Cette treizième édition, placée sous la thématique du bois des Sortilèges, fut présidé par le comédien de cinéma et de théâtre, Thierry Frémont. Sur 1200 productions soumises, 70 films ont été projetés au Ciné TNB dont 40 se sont disputés les deux trophées suprêmes, le Méliès d’Argent et le Grand Prix Court Métrange. Comme de coutume, la sélection a su prendre le pouls de la création mondiale dans le cinéma fantastique actuel, en explorant particulièrement l’enfance, l’identité, les névroses et notre rapport avec l’autre à travers de nombreux genres. Ces films aux multiples nationalités, à la fois tragiques, baroques, horrifiques, loufoques, poétiques et engagés, ont souvent révélé de réelles intentions de mise en scène dans une esthétique visuelle très léchée, le tout rythmé par d’excellentes bandes son bien immersives. La manifestation a bien sûr proposé ses habituelles rencontres avec les réalisateurs, ses conférences, ses expositions et ses cartes blanches dont celle de l’excellent Robert Morgan. Une bonne cuvée 2016 dont voici quelques échantillons…

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Un ciel bleu presque parfait - affiche

Un ciel bleu presque parfait – affiche

QUAND LA FOLIE GUETTE

Les spectateurs, impatients de découvrir des créatures difformes et de se plonger dans les tréfonds de l’âme humaine, ont pu se délecter de nombreuses œuvres qui se sont hissées naturellement en haut du panier. À commencer par Un ciel bleu presque parfait (36’), reparti naturellement avec le Grand Prix Court Métrange. Ce drame psychologique conjugue à merveille le film noir, le fantastique et l’absurde. Alexandre Claudin Quarxx, auteur-réalisateur et artiste-peintre talentueux, signe en effet un récit percutant, dérangeant et subversif dans une mise en scène parfaitement intimiste et maîtrisée. Avec au casting, Jean-Luc Couchard (Dikkenek), l’incroyable présence de Mélanie Gaydos, mannequin new yorkais à la physionomie singulière, et Xavier Mussel, dans un rôle de second plan des plus troubles, le récit nous plonge dans le désespoir, la névrose, la schizophrénie et la paranoïa d’un homme qui sombre progressivement dans la folie, à travers sa relation avec sa soeur handicapée. De son côté, L’oeil Silencieux du Belge Karim Ouelhaj (28’), qui a déjà à son actif trois long métrages, explore l’obsession maladive d’un nouveau locataire qui espionne l’intimité de sa voisine, vivant à l’étage inférieur, par le biais d’un trou dans son plancher. Ce huis clos à l’humour noir lorgne du côté de Polanski, Hitchcock et Lynch, avec des clins d’oeil à L’échelle de Jacob d’Adrian Lyne. The Man who caught a Mermaid (15’55) de l’Australien Kaitlin Tinker nous entraîne cette fois dans la quête éperdue d’un pêcheur retraité, convaincu d’avoir enfin capturé une sirène. Si sa relation avec son épouse se dégrade progressivement, le dénouement nous confronte à une réalité brutale et prenante. Quant à Manoman (10’) de l’Anglais Simon Cartwright, c’est l’une des pépites animées du festival. Déjà présenté à la Cinéfondation au Festival de Cannes l’année dernière, ce film est une prouesse technique avec ces marionnettes 3D et leurs tiges en métal. Ce récit psychologique suit un homme qui tente de redécouvrir sa virilité en réveillant ses instincts primitifs lors d’une séance de cri primal. Mais ce qu’il libère déclenche des réactions incontrôlables qui font fi des conventions sociales. 

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La Voce - affiche

La Voce – affiche

DE L’ART OU DU COCHON ?

Dans ce large éventail de choix, le festival s’est permis quelques interludes plus lyriques et oniriques, comme Train de Olivier Chabalier (14’20). Le réalisateur français signe ici une fable expérimentale sur les différents états émotionnels qui traversent l’existence humaine. Poétique et surréaliste, ce voyage animé, guidé par les rails d’un train, se dévoile dans une magnifique animation à la lumière intense et éblouissante, qui rappelle quelque peu certaines oeuvres de Dali. On enchaîne avec la superbe texture visuelle de The Reflexion of Power (9′) du Français Mihai Grecu, lauréat du Mélès d’Argent, qui pose un regard sur la capitale la plus secrète du monde de la Corée du Nord. Puis avec La Voce du Canadien David Uloth (22’). Ce conte lyrique et loufoque en noir et blanc, joliment mis en scène, habilement synchronisé, touchant et drôle, se concentre sur un homme qui chantonne des airs d’opéra en travaillant dans un abattoir de cochons. Il va subir un étrange choc émotionnel lorsqu’il surprend sa dulcinée, qu’il souhaite épouser, en plein ébat avec un autre, au point d’en perdre la voix pour hériter de celle d’un porcin. Une maladie verbale qui semble étrangement contagieuse… De son côté, Jukaï (9’20) de la Française Gabrielle Lissot (9’20), produit par la société Autour de Minuit, nous immerge dans une forêt sombre et mystérieuse où une jeune femme enceinte tente de trouver les réponses à ses peurs intérieures en suivant des fils de laine de couleur. Un conte animé poétique en noir et blanc qui tisse progressivement sa toile en donnant la vie à un être en hommage à ceux qui y ont laissé la leur.

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Quenottes - affiche

Quenottes – affiche

DRÔLE DE TORTURE

La manifestation a bien sûr livré son lot de supplices insidieuses, trash, gores, absurdes et décalées, comme The Procedure (3’34), reparti avec la Mention Spéciale du Jury. Ce film américain de Calvin Reeder, qui a déjà signé plusieurs courts et deux longs métrages, est un ovni expérimental d’une drôlerie absurde et outrancière. Le récit suit un homme capturé, enfermé dans une pièce, les yeux écarquillés par des petites pinces métalliques, et forcé à endurer une étrange expérience… De son côté, Quenottes de Pascal Thiébaux (12’30) ravive nos terreurs enfantines en revisitant à merveille le mythe de la petite souris sous l’oreiller. Antoine (Lionel Abelanski) et son fils Théo vont l’apprendre à leurs dépens en se confrontant à un rongeur psychopathe, porté par la douce voix de Frédérique Bel, obnubilé par sa collection de trophées dentaires qu’il ne veut surtout pas perdre. Ce conte horrifique, brillamment écrit, réalisé, conçu en 3D réaliste, avec à la production Laurent Witz (Mr Hublot), continue de rafler les récompenses. Après le Grand Prix au Festival de Gerardmer, il repart ici avec le Prix Beaumarchais, qui accorde des bourses d’écriture d’un montant de 1500 € aux cinéastes prometteurs. Notre dernier coup de coeur revient à Chainsaw (10’), qui a d’ailleurs clos la programmation. Présenté par Crypt TV, le nouveau réseau numérique de Eli Roth, ici producteur exécutif, ce film d’horreur bien gore de David Dinetz et Dylan Trussel revisite les maisons hantées à la sauce Massacre à la Tronçonneuse. Hommage au genre, excellente mise en abyme, la trame n’a rien d’originale mais cet énergumène à longue chevelure, dont on ne perçoit jamais le visage, reste indéniablement mémorable. Cette histoire, parfaitement calibrée, met en scène un jeune couple (Bliss Blanton et Kirby Logan Paul) qui pénètre dans une maison hantée d’une fête foraine et se retrouve démembré par un fou échappé d’un asile qui ne fait pas partie de l’attraction. Mais certains spectateurs à l’extérieur semblent pourtant le croire…

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Ainsi s’est achevée la treizième édition d’un festival toujours plus festif, stimulant, drôle et chaleureux, qui n’a de cesse de faire émerger un vivier de nouveaux talents. Et c’est au rythme d’une excellente soirée concert pop électro du groupe nantais Inüit que Court Métrange nous a dit au revoir avant de nous fixer déjà rendez-vous l’année prochaine.

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PALMARÈS COURT MÉTRANGE 2016

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GRAND PRIX COURT MÉTRANGE

  1. Un ciel bleu presque parfait d’Alexandre Claudin Quarxx

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MÉLIÈS D’ARGENT

  1. The Reflexion of Power de Mihai Grecu

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MENTION SPÉCIALE DU JURY

  1. The procedure de Calvin Reeder

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PRIX FRANCE TÉLÉVISION

  1. Spoetnik de Noel Loozen

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PRIX ASSOCIATION BEAUMARCHAIS

  1. Quenottes de Pascal Thiebaux

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PRIX FORMAT COURT

  1. Manoman de Simon Cartwright

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