Résumé : Arriver à New York, c’est entrer dans un film qui n’existe que dans la tête de chacun, un film composé des réminiscences d’innombrables plans, d’une myriade de souvenirs plus ou moins précis, qu’on prend plaisir à retrouver sur place. New York est, avec Paris, la ville la plus filmée au monde. Mais elle est, sans comparaison, la cité par excellence du cinéma. Près de deux cents films des cinéastes les plus prestigieux, de Charlie Chaplin à Woody Allen, de Blake Edwards à Martin Scorsese, en passant par John Cassavetes, Francis Ford Coppola ou Spike Lee, sont évoqués dans ce ciné-guide enrichi de nombreuses cartes et de trois index (films, réalisateurs, lieux). Pour retrouver sur place les lieux de scènes inoubliables !
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Lorsque le Cinématographe fut créé, les frères Lumière envoyèrent de nombreux opérateurs capturer des paysages ou des évènements aux quatre coins du monde. De ces voyages, on retint de somptueuses découvertes, des images aux multiples valeurs, ainsi que quelques expérimentations visuelles (la caméra posée sur une gondole vénitienne aboutissant au premier travelling de l’histoire du cinéma). L’écran cinématographique est, plus qu’aucun autre support artistique, celui des voyages, transportant son spectateur à l’intérieur d’espaces inconnus, révélant des territoires étrangers ou certaines facettes d’un quotidien a priori connu de tous. Riche et belle idée qu’a eu la maison d’édition Espaces & Signes d’ouvrir une collection consacrée à ces multiples itinéraires (cinématographique). Après Tokyo, Rome, Hong Kong, Macao, les pays slaves et Marseille, c’est donc au tour de New York de se voir dédier un essai. Le choix paraissait évident, tant la ville qui ne dort jamais fut le cadre de nombreux films américains et étrangers. Avec sagacité, Jean-Michel Frodon, ancien directeur de la rédaction des Cahiers du Cinéma, écrivain, journaliste et professeur associé à Science Po, propose à son lecteur une perspective historique et esthétique de cette ville singulière. Lieu de l’intelligentsia culturelle, New York est aussi la cité des extrêmes. Sa structure se veut porteuse de nombreux paradoxes, rassemblant les quartiers pour mieux opposer les communautés ethniques. Sur bien des points la Grosse Pomme apparaît comme un oxymore urbain et fantasmatique. L’auteur revient sur les clichés dont est encore porteuse New York, s’attarde sur certains motifs (les ponts, la rue), analyse sur plusieurs pages certaines œuvres maîtresses (la saga du Parrain, les productions de Woody Allen, Spike Lee, ou Martin Scorsese).
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La ville debout associe les contraires. À l’imaginaire du musical (Un jour à New York de Stanley Donen, 1949) et à la fantaisie du film catastrophe (Le Jour d’après de Roland Emmerich, 2004) répondent l’image grisâtre de la fiction documentaire (La Cité sans voiles de Jules Dassin, 1948), et la réflexivité visuelle du cinéma underground (des métrages de Shirley Clarke ou Maya Daren à ceux de Stanley Brakhage, Jonas Mekas, et Lionel Rogosin). Frodon revient aussi sur le regard qu’ont pu poser certains réalisateurs étrangers sur la ville (les iraniens Amir Naderi et Ramin Bahrani, l’égyptien Youssef Chahine) et aboutit à un panorama très complet de la production qu’a su susciter la cité new-yorkaise. À la clarté de l’écriture correspond une riche iconographie qui illustre parfaitement les propos de l’auteur. Quant aux annexes, la maison d’édition n’a pas chômé. Lieux, noms et titres de films sont référencés, et un véritable petit dossier cartographie les parcours entrepris par certains films (le Brooklyn de Spike Lee, Central Park, Manhattan), tout en revenant sur l’histoire cinématographique d’édifices mythiques (l’Empire State Building, la Statue de la Liberté). New York mis en scènes s’adresse à un lectorat élargi. Les voyageurs qui souhaitent fouler le bitume new-yorkais trouvent ici un guide pratique, et ceux préférant arpenter les salles obscures seront ravis par l’érudition et le caractère insolite de cet essai de qualité.
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- NEW YORK MIS EN SCÈNES par Jean-Michel Frodo disponible aux éditions Espaces & Signes, Collection « Ciné voyage » depuis novembre 2016.
- 128 pages
- 13,50 €