Synopsis : Isabelle, divorcée, un enfant, cherche un amour. Enfin un vrai amour.
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Avec Claire Denis, on ne sait jamais à quoi s’attendre. Elle fait partie de ces cinéastes aussi imprévisibles qu’audacieux. Dans Un Beau Soleil intérieur, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs comme film d’ouverture, elle s’essaie, avec sa verve et sa radicalité habituelles, à la comédie de mœurs. Juliette Binoche incarne Isabelle, une femme en crise avec elle-même qui, dans sa quête d’un bonheur ou d’un amour raisonnés, finit toujours seule. Enchaînant les relations fugaces et éphémères qui ne lui apportent finalement que désagréments et autres contrariétés, elle est une éternelle insatisfaite, incapable de la moindre stabilité depuis le départ de son mari. Dans ses relations amoureuses ou affectueuses, rien n’est simple et rien n’est acquis malgré la variété et la richesse intellectuelle et sociale des hommes qu’elle rencontre. Avec un humour caustique, Denis structure son récit par des petites saynètes où la joute, entre Binoche et ses multiples prétendants, régale grâce à des dialogues brillants, où la résistance des mots qui ne sortent pas au bon moment, fait des merveilles, ainsi que l’interprétation réjouissante qu’en donnent les comédiens. La critique du milieu bourgeois et arty est sévère car évidemment poussée dans les extrêmes, où chacun est renvoyé à ses propres contrariétés et contradictions. Faisant partie de ce milieu, Isabelle est comme enfermée dans ses codes, ses lieux, ses cabinets de psychologue bon marché, ses expositions mondaines, ses maisons normandes dont elle ne peut en réchapper. Elle a beau saisir les opportunités, être en permanence « ouverte », l’échéance reste toujours la même. Un Beau soleil intérieur est donc une petite merveille d’écriture, où l’on voit de grands acteurs prendre un immense plaisir à se challenger, en prononçant ses incisifs répartis, de manière presque théâtrale. Le spectateur, pour une fois, se doit d’être attentif aux mots et au langage. Et que dire de ce final, sous forme d’apothéose, qui, par un malin champ-contrechamp, voit Gérard Depardieu et Binoche se livrer un duel par l’absurde absolument remarquable de simplicité.
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- UN BEAU SOLEIL INTÉRIEUR
- Sortie salles : 27 septembre 2017
- Réalisation : Claire Denis
- Avec : Juliette Binoche, Xavier Beauvois, Philippe Katerine, Josiane Balasko, Nicolas Duvauchelle, Alex Descas, Bruno Podalydès…
- Scénario : Christine Angot, Claire Denis
- Production : Olivier Delbosc
- Photographie : Agnès Godard
- Montage : Guy Lecorne
- Décors : Arnaud de Moléron
- Costume : Judy Shrewsbury
- Musique : Stuart Staples
- Distribution : Ad Vitam
- Durée : 1h34
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