Synopsis : Misako passe son temps à décrire les objets, les sentiments et le monde qui l’entoure. Son métier d’audiodescripteur de films, c’est toute sa vie. Lors d’une projection, elle rencontre Masaya, un photographe au caractère affirmé dont la vue se détériore irrémédiablement. Naissent alors des sentiments forts entre un homme qui perd la lumière et une femme qui la poursuit.
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Avec Vers la lumière, cinquième oeuvre présentée en Compétition officielle à Cannes, après Still the Water, Hanezu l’esprit des Montages, Shara et La Forêt de Mogari (Grand Prix du Jury en 2007), Naomi Kawase réunit la plupart de ses thématiques récurrentes. Cette « lumière » et tout ce que l’environnement nous offre à voir sont au coeur de ce récit d’apprentissage. Cette phrase « Il n’y a rien de plus beau à voir que ce qui s’apprête à disparaître », se répète alors comme un leitmotiv et résume magnifiquement toute la portée de son oeuvre intimiste, contemplative et émotionnelle. Vers la lumière explore la perception et l’acuité visuelle, mais surtout celle de vivre les instants, les émotions et les sentiments pour mieux les ressentir, les comprendre, les décrire, les analyser. Kawase approfondit ce paradoxe entre les voyants qui ne parviennent pas à décrire ce qu’ils ressentent et les aveugles, soumis aux détails pour appréhender l’image par les émotions. Elle aborde ainsi avec intelligence et sensibilité le handicap, tout en évoquant deux corps de métier, la photographie et surtout l’audiodescription si peu représentée dans le septième art. Un procédé qui consiste à décrire succinctement les éléments visuels grâce à un texte narré par une voix-off. On suit ainsi Misako, une audiodescriptrice de film, qui travaille en collaboration avec des personnes atteintes de cécité. Lors d’une projection, elle fait la rencontre de Masaya, un célèbre photographe dont la vue s’éteint graduellement. Entre cet « homme qui perd ainsi la lumière » et « cette jeune femme qui la poursuit » vont naître des sentiments intenses. Dans cette quête des sens, Kawase réduit le champ des perceptions pour mieux les libérer, focalisant sa caméra essentiellement sur les visages de ses deux personnages. La perte de la vision -métaphore de la mort et de la disparition, autre thème récurrent chez Kawase- s’apparente alors à une forme de renaissance : revivre, à savoir apprendre à vivre autrement lorsqu’on perd l’un des cinq sens les plus indispensables. Car chez Kawase, il est souvent question de cycle, sur la mort et sur la vie. Si elle a une approche ici un peu trop doucereuse, Vers la lumière reste une plongée sensorielle dans la compréhension de nos sens et dans le regard, fenêtre des états d’âme de ces deux êtres. Ils finissent par s’éveiller à l’amour, se comprendre, saisir leur importance, et cerner ce qui les entoure. Des visages baignés de lumière.
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- Notes de la rédaction cannoise
- Philippe Descottes : ♥♥♥♥♥
- Antoine Gaudé : ♥♥♥♥♥
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- VERS LA LUMIÈRE (Hikari)Â
- Sortie salles : 10 janvier 2018
- Réalisation et Scénario : Naomi KawaseÂ
- Avec : Masatoshi Nagase, Ayame Misaki, Tatsua Fuji, Kazuko Shirakawa, Kanno Misuzu,
- Mantarô Koichi
- Production : Naoya Kinoshita, Masa Sawada, Yumiko Takebe
- Photographie : Dodo Arata
- Montage : Tina Baz
- Décors : Setsuko Shirakawa
- Musique : Ibrahim Maalouf
- Distributeur : Haut et Court
- Durée : 1h41
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