Résumé : Le nom de Roger Vadim est associé à des films, Et Dieu créa…la femme, Les Liaisons dangereuses 1960 ou Barbarella, et surtout à des actrices, Brigitte Bardot, Catherine Deneuve, Jane Fonda… Ces femmes, il les a aimées et propulsées vers la célébrité. Avec elles, le réalisateur a choqué la morale de l’Europe de l’après-guerre, ouvert la voie à la Nouvelle Vague, incarné une dolce vita à la française et imaginé un érotisme populaire aujourd’hui suranné. De l’effervescence de Saint-Germain-des-Prés aux plages de Saint-Tropez, des plateaux de tournage romains à Malibu, Vadim s’est inventé un destin avec désinvolture, croisant Brando, Sagan, Godard, Warhol…
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De la filmographie de Roger Vadim, l’histoire du cinéma n’a pas retenu grand chose : une danse lascive de Brigitte Bardot dans Et Dieu créa… la femme…, un strip-tease de Jane Fonda dans Barbarella, quelques plans de femmes dénudées qui ont fait scandale en leur temps. Il n’y a guère que l’inénarrable Tarantino pour parvenir à glisser un opus de Vadim dans sa liste des meilleurs films de l’histoire… Avec Vadim, le plaisir sans remords, Clément Ghys ne cherche pas à réhabiliter un cinéaste qu’il juge lui-même médiocre – quoique séduisant – mais à brosser le portrait d’un homme et de son milieu, le Saint-Germain-des-Près de l’après-guerre. Fasciné par une époque dont il cherche à saisir la singularité, Ghys prend moins Vadim comme sujet que comme prétexte pour tenter de comprendre et de restituer un certain mode de vie, une certaine idée du plaisir de vivre que le réalisateur incarne à ses yeux. Il passe vite sur l’enfance de Vadim (né en 1928 d’un russe blanc en exil à Paris et d’une française de bonne famille) pour se plonger au plus vite dans ses années de jeune homme (la vie mondaine, les anecdotes glamours, le parfum de scandale). Vadim côtoie le tout-Paris, devient l’assistant de Marc Allégret et écrit pour Paris Match. Ghys cite d’ailleurs à de nombreuses reprises les tabloïds de l’époque pour asseoir son propos et, de fait, le plaisir que l’on prend à la lecture de son livre n’est pas très éloigné de celui que l’on aurait à feuilleter un de ces numéros poussiéreux pour y lire des ragots vieux de cinquante ans. La rencontre avec Marlon Brando à la terrasse de La Coupole, la découverte de Brigitte Bardot en couverture du magazine Elle sont autant d’évocations savoureuses d’un temps révolu. L’occasion pour Ghys d’aborder son vrai thème : la nostalgie d’un monde qu’il n’a pas connu. Ainsi, le livre est-il réussi quand il aborde les moments glorieux de la vie de Vadim, épousant la splendeur du sujet. Aussi s’essouffle-t-il un peu quand vient le moment de dépeindre la « chute » du réalisateur, quand Ghys troque ses images d’Épinal pour une lecture psychologique du comportement de Vadim vieillissant – comportement pas toujours très reluisant. Cette deuxième partie est toutefois l’occasion de faire connaître des épisodes oubliés, comme le procès qu’attenta Vadim contre Truffaut qui l’avait diffamé dans France-Observateur. L’affaire – lié au remplacement de Jean Aurel par Vadim sur un tournage chaotique – n’est que rapidement abordé, mais la présence à la barre des témoins de Vadim, Louis Malle, Michel Subor d’un côté et de Truffaut, Godard, Resnais et Chabrol de l’autre intrigue au plus haut point et vaudrait à lui seul, nous semble-t-il, l’écriture d’un opuscule basé sur les minutes du procès.
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- VADIM, LE PLAISIR SANS REMORDS de Clément Rhys disponible aux Éditions Stock de puis 3 mai 2017.
- 272 pages
- 19€