Petite Amie de Michal Vinik : critique

Publié par CineChronicle le 31 juillet 2017

Synopsis : Naama Barash a 17 ans. Elle aime la fête et les excès, et tout ce qui peut lui faire oublier sa vie familiale difficile et la disparition inquiétante de sa sœur, enrôlée dans l’armée. Elle tombe éperdument amoureuse d’une nouvelle venue au lycée, Dana. Ce premier amour va donner un autre sens à sa vie.

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Petite Amie de Michal Vinik - affiche

Petite Amie de Michal Vinik – affiche

Si l’éveil à la sexualité durant l’adolescence est un thème maintes fois explorés dans le cinéma, Petite Amie (Barash) prouve qu’il peut encore être une source d’inspiration. Après deux courts plébiscités – Bait présenté à Sundance, Srak à Locarno – la réalisatrice Michal Vinik expose son premier long métrage ancré dans la société israélienne contemporaine, qui mélange les codes du film de lycée et de la romance adolescente. À la manière d’un récit initiatique, Petite Amie suit Naama (Sivan Noam Shimon), une jeune fille de 17 ans à la démarche nonchalante, qui passe son temps entre le lycée et ses amies, avec lesquelles elle partage le goût de la fête et des excès. Dans une petite bourgade proche des tentations de Tel Aviv, l’adolescente grandit dans un contexte familial traditionnel, loin de ses aspirations, et perturbé par les disparitions incessantes de sa sœur (Bar Ben Vakil), secrétaire dans l’armée. Tout change le jour où elle rencontre Dana (Hadas Jade Sakori), la nouvelle du lycée. Avec ses cheveux blond platine, son sourcil décoloré et son look grunge, cet esprit libre et rebelle va faire découvrir à Naama les joies des clubs de la capitale, des drogues et de la sexualité, l’affranchissant des normes sociales et du carcan auxquels les adultes l’astreignent. Une initiation qui se heurte aux incompréhensions des parents, archétypes de rigidité et de morale, attentifs mais dépassés, qui ne savent plus comment communiquer. Au-delà du conflit générationnel, le film permet de cerner les représentations des amours adolescentes, des premiers émois et de l’apprentissage des corps – le sien et celui de l’être aimé -, qui se font ressorts dramatiques. En toile de fond, la disparition de la sœur soulève la question des préjugés, du rejet de l’Autre et du conflit israélo-palestinien, qui rythme la vie du pays et de ses habitants. Sélectionné au Festival de San Sebastian, Petite Amie s’inscrit dans la nouvelle vague du cinéma israélien, héritière de « la Nouvelle Sensibilité » des années 1960, qui émerge depuis plus d’une décennie maintenant. À travers des thématiques universelles, ce nouveau cinéma interroge le système de valeurs et de représentations dominant, en centrant le récit sur des figures marginales jusqu’ici peu visibles à l’écran.

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Petite Amie de Michal Vinik

Petite Amie de Michal Vinik

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Ce premier long métrage trouve donc sa singularité dans l’environnement politique et social du pays, et met en lumière l’homosexualité, avec des personnages féminins forts et décapants, en quête de liberté. Naama, Dana et leurs camarades de lycée ont soif de nouveautés, se comportent comme elles l’entendent, adoptent des postures non-conformes, arborent fièrement leurs corps, portent des tatouages et se rasent une partie de leur belle chevelure en symbole d’émancipation. Par de multiples détails, Michal Vinik décrit ainsi ce qu’implique de grandir dans son pays, les règles et les injonctions qui y ont cours et le poids des traditions qui pèse sur cette jeunesse connectée qui rêve d’autre chose. Les lumières chaudes des néons des boites de nuit, aux teintes pastel de la période estivale, la photographie reflète ainsi cet univers adolescent et ses aspirations. La mise en scène de Michal Vinik se distingue par ses effets flous et de ralentis, ses plans larges, coupés et décalés qui subliment les corps féminins et traduisent le désir naissant de Naama, dont l’interprétation tout en vulnérabilité et en sensibilité de Sivan Noam Shimon retranscrit comme rarement le bouleversement intérieur propre à l’état amoureux.

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Le film pêche néanmoins par son scénario éclaté, qui parvient difficilement à faire le lien entre cette histoire d’amour et la disparition de la sœur qui agite la cellule familiale en toile de fond. Les scènes d’escapades nocturnes de Naama et Dana souffrent également de quelques longueurs et rentrent dans les clichés du genre, à travers les excès et la drogue. Hormis ces quelques scories, l’intérêt de Petite Amie va bien au-delà dans ce qu’il évoque de la jeunesse israélienne, et dresse un portrait de jeunes femmes modernes, fortes, vivantes et audacieuses.

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Juliette Hay

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  • PETITE AMIE (Barash) écrit et réalisé par Michal Vinik en salles le 2 août 2017.
  • Avec : Sivan Noam Shimon, Hadas Jade Sakori, Dvir Benedek, Amit Muchtar, Irit Pashtan, Bar Ben Vakil, Reut Akkerman, Koral Bosidon, Hila Gozlan, Einav Levi, Oleg Rodovilski…
  • Production : Amir Harel, Ayelet Kait
  • Photographie : Shai Peleg
  • Montage : Joelle Alexis
  • Costumes : Yaron Arye
  • Musique : Daphna Keenan
  • Distribution : Optimale
  • Durée : 1h22

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