Ressortie/ Fight Club de David Fincher : critique

Publié par Thierry Carteret le 24 juillet 2017

Synopsis : Le narrateur, sans identité précise, vit seul, travaille seul, dort seul, mange seul ses plateaux-repas pour une personne comme beaucoup d’autres personnes seules qui connaissent la misère humaine, morale et sexuelle. C’est pourquoi il va devenir membre du Fight club, un lieu clandestin ou il va pouvoir retrouver sa virilité, l’échange et la communication. Ce club est dirigé par Tyler Durden, une sorte d’anarchiste entre gourou et philosophe qui prêche l’amour de son prochain.

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Fight Club - affiche ressortie

Fight Club – affiche ressortie

L’éditeur Splendor films ressort Fight Club le 26 juillet prochain dans une superbe copie restaurée 4K. Véritable bombe cinématographique des années 1990 signé David Fincher dont c’était le quatrième long métrage après Alien 3, Se7en et The Game. Le réalisateur issu de l’école de la pub et du clip, très prometteur, avait encore des choses à prouver. Fight Club est son manifeste de cinéaste, avant d’acquérir la réputation de film culte, lui ouvrant encore plus grand les portes des studios américains. David Fincher adapte ici l’univers trash et percutant de l’écrira in américain Chuck Palahniuk. On est invité à suivre le récit initiatique d’un jeune trentenaire solitaire, en pleine misère morale et affective, victime comme tant d’autres d’une société individualiste et matérialiste. Le culte pour les marques est la religion de cette fin de XXe siècle. Un monde pré-apocalyptique sur le point de basculer dans le chaos. Le narrateur nommé Jack est l’antihéros anonyme et ordinaire (excellent Edward Norton). L’intrigue fragmentée en forme de narration racontée par Jack/ Norton en voix off, baigne le récit dans une ambiance dépressive et nocturne. Une nuit éternelle dans lequel se perd le protagoniste, au quotidien sombre et répétitif, aliéné à un travail bureaucratique tout droit sorti d’un roman de Kafka. Jack trouve un semblant de réconfort et d’humanité en s’infiltrant comme un voleur dans les cercles de soutien en tout genre. Jack y rencontre son alter ego féminin, Marla Singer (Helena Bonham Carter, parfaite), rebelle, sexy et accro aux addictions de toutes sortes. Jack développe avec elle une relation d’amour/haine, qui le conduit vers la route de Tyler Durden (Brad Pitt, dans l’un de ses meilleurs rôles), gourou charismatique et anticonformiste qui est tout son contraire. Tyler lui ouvre les yeux sur le monde qui l’entoure en lui expliquant qu’il n’est qu’un produit et une victime lobotomisée, conditionné à consommer. Tyler entraîne son « disciple » dans une douloureuse descente aux enfers qui prend la forme de combats clandestins, le fight club. Lieu défini par son créateur Tyler Durden comme celui de tous les exutoires pour ses membres de plus en plus nombreux, composés de marginaux et de laissés-pour-compte d’un système capitaliste inhumain qui les a « émasculé » dans leur identité. Peu à peu, Jack réalise que Tyler cache une face beaucoup plus sombre derrière son projet d’émancipation, en montant des actions terroristes de plus en plus dangereuses. In fine, Tyler se révèle beaucoup plus proche de lui qu’il le pensait.

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Fight ClubFight ClubFight ClubFight Club

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Mais le film de Fincher avant tout une œuvre incroyablement visionnaire, autant dans son style que dans ses thématiques profondément modernes. On est alors en 1999, et le monde n’a pas encore connu les terribles bouleversements à venir. Fight Club est empreint d’un mélange d’énergie et de noirceur inouïe, soutenu par la sublime photographie clair-obscur de Jeff Cronenweth  que le cinéaste retrouvera pour The Social Network, Millenium et Gone Girl. La réalisation virtuose épouse le rythme effréné du roman éponyme paru en 1996. À sa sortie en 1999, ce brûlot anti-capitaliste, politiquement incorrect et à l’humour noir se heurte à la controverse à cause d’un discours en apparence réac qui lui vaut une interdiction aux moins de 16 ans. Sans doute trop en avance, Fight Club, malgré une critique divisée, s’avère un échec public aux États-Unis. Ce qui n’est pas le cas pour l’international où les autres pays lui ont réserve un meilleur accueil, à l’image de la France.

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Ce thriller psychologique se veut avant tout une farce féroce et distanciée sur la société et ses travers. Un conte moderne en quelque sorte, qui dévide un rythme, des répliques mythiques, une succession séquences proprement saisissantes : de son générique de début, avec l’exploration fulgurante des connexions neuronales d’un cerveau en images de synthèse, à sa conclusion en forme de twist final hallucinant. Un objet filmique fascinant sur le plan de la forme également, soutenu par l’inoubliable partition électro de The Dust Brothers. Le génial Fincher a su s’entourer d’excellents techniciens comme le non moins génial maquilleur FX Rob Bottin (Robocop, The Thing) ou le monteur James Haywood (The Game, Panic Room). Réussite totale sur le plan artistique, narratif et technique, ce désormais classique nous laisse, plus de quinze ans après sa réalisation, toujours autant choqué et groggy par le mariage parfait entre le fond et la forme. Cet uppercut cinématographique est à (re)voir en salles toutes affaires cessantes.

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  • Ressortie de FIGHT CLUB de David Fincher en version restaurée 4K le 26 juillet 2017.
  • Avec : Brad Pitt, Edward Norton, Helena Bonham Carter, Meat Loaf, Jared Leto, Zach Grenier, Eion Bailey…
  • Scénario : Jim Uhls d’après l’oeuvre deChuck Palahniuk
  • Production : Ross Grayson Bell, Cean Chaffin, Art Linson
  • Photographie : Jeff Cronenweth
  • Montage : James Haygood
  • Décors : Alex McDowell
  • Costumes : Michael Kaplan
  • Musique : The Dust Brothers
  • Distribution : Splendor Films
  • Durée : 2h19
  • Date de sortie : 10 novembre 1999

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