La Tour sombre de Nikolaj Arcel : critique

Publié par CineChronicle le 9 août 2017

Synopsis : Le dernier Pistolero, Roland Deschain, est condamné à livrer une éternelle bataille contre Walter O’Dim, alias l’Homme en noir, qu’il doit à tout prix empêcher de détruire la Tour sombre, clé de voûte de la cohésion de l’univers. Le destin de tous les mondes est en jeu, le bien et le mal vont s’affronter dans l’ultime combat, car Roland est le seul à pouvoir défendre la Tour contre l’Homme en noir…

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La Tour Sombre - affiche

La Tour Sombre – affiche

La sortie de La Tour sombre est l’aboutissement d’un long processus de production qui a débuté il y a près de dix ans. Passé entre les mains de plusieurs poids lourds hollywoodiens, JJ Abrams, Ron Howard (finalement à la production), l’adaptation de la saga littéraire de Stephen King est finalement tombée entre celles de Nikolaj Arcel. Choix surprenant et audacieux quand on sait que ce dernier n’a jamais été à la tête d’un navire de cette importance. Car c’est bien d’un paquebot qu’il s’agit. Les adaptations de Stephen King se doivent de se mettre souvent au diapason des œuvres originales, au moins en termes d’audience, et supposent naturellement un budget conséquent, pour la plupart. Il faut bien du charbon pour alimenter la cheminée. Surtout pour cette transposition, qui puise sa source d’une série de romans particulièrement complexes, où se mêlent science-fiction, western, fantasy et horreur. Confier sa manœuvre à des mains peu aguerries tient donc du pari risqué, mais peut aussi cacher des surprises. Après tout, le dernier film de Nikolaj Arcel, Royal Affair, a remporté deux Ours d’Argent à la Berlinale, et fut nommé aux Oscars dans la catégorie meilleur film étranger. On se rend ainsi dans la salle obscure avec une certaine curiosité, faisant fi des critiques assassines venues d’Amérique. Voir Idris Elba et Matthew McConaughey sur un même écran ne se refuse pas. Malheureusement, à mesure que les images défilent et que l’histoire se révèle sous nos yeux, l’évidence d’un ratage semble de plus en plus claire. Dès l’entrée en matière, le cœur du problème relève d’un constat simple, un scénario bâclé, inconsistant, sans profondeur. Comme l’intrigue peut perdre les moins attentifs, autant y revenir un court instant, avant de la soumettre à notre critique.

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La Tour sombre

La Tour sombre

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Notre Terre fait partie d’un ensemble d’univers dont l’équilibre dépend d’une grande tour, la Tour sombre, dont l’énergie protège des agressions démoniaques extérieures. Un sorcier, l’Homme en Noir, cherche à détruire cette Tour en utilisant une sorte de rayon énergétique puisé dans l’esprit d’enfants aux capacités hors du commun. Pourquoi cherche-t-il à faire entrer un tas d’esprits maléfiques dans l’univers ? On ne saurait trop dire, un simple « pour devenir le Maître du Monde » passe discrètement et élude la question. Les pistoleros, chargés de la protection de cette Tour, sont en voie d’extinction, seul Roland Deschain, le personnage interprété par Idris Elba, a survécu au conflit les opposant à l’Homme en Noir. La vengeance est ce qui lui reste, et si personne ne le saisit la première fois, on peut faire confiance aux quatre scénaristes pour bien le répéter. Au milieu de cet affrontement se dresse Jake Chambers (Tom Taylor), un jeune garçon à New York qui perçoit dans ses rêves la menace de l’Homme en Noir. Solitaire, orphelin de son père, proche de sa mère et loin de son beau-père, il a le profil du héros en devenir. Conscient d’un danger que lui seul entrevoit, son savoir se heurte à l’incompréhension de ses proches qui ne voient en lui qu’un enfant perturbé par la disparition paternelle.

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Il serait mesquin de s’attaquer au film de Nikolaj Arcel uniquement sur ces prémisses. Il n’est pas le premier à user de ces codes narratifs, et ne sera sans doute pas le dernier. Le problème vient du manque d’imagination dans la façon de les traiter. Un enfant dépassé par ses possibilités et par la peur qu’elles lui procurent, renferment une puissance émotionnelle forte. Le cinéaste danois ne parvient pourtant pas à nous émouvoir. Ici le schéma familial est plus un décorum qu’un ressort dramatique. Usant de dialogues poussifs à la limite du ringard, comme si les dude et autres fist-bump suffisaient pour dépeindre le portrait de l’adolescent contemporain. Cela n’est d’ailleurs qu’un symptôme de la déconnexion criante entre le quatuor de scénaristes et son sujet. Jamais ils ne donnent l’impression de croire à l’histoire qu’ils racontent. La science-fiction rend nécessaire la sincérité, autrement, comment le spectateur pourrait-il se raccrocher au sort de personnages évoluant dans un monde si lointain ?

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La Tour sombre

La Tour sombre

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L’approche vague que le film entretient sur la Tour sombre et les autres univers n’apporte aucun mystère, pire, génère une indifférence. Le réalisateur ne s’y intéresse pas, nous non plus. Ce n’est pas la mise en scène qui sauve la pauvreté de « l’adaptation », plate et sans saveur. Arcel ne semble se réveiller que lorsqu’il s’agit de faire tirer le pistolero. L’interprétation d’Idris Elba se révèle l’unique paroi à laquelle se rattacher. C’est un faiseur de miracle. De rien il parvient tout de même à transmettre une réelle humanité à certaines scènes. On ne peut pas en dire autant de Matthew McConaughey qui cabotine du début à la fin. Son charme est toujours là, mais on peut en vouloir à son coiffeur et à son chef costumier de le parer d’un accoutrement d’illusionniste de foire. On s’en inquièterait presque, après son retour en grâce, le cowboy doit redresser la barre et revenir à ce qu’il faisait. Le film ne traîne pas en longueur, c’est un bon point, mais on peut en vouloir à Nikolaj Arcel d’avoir accouché d’une Å“uvre aussi fade, à l’instar de cette dernière scène de duel absurde. Et comme il est fait mention du Shining, on ne peut que conseiller de replonger dans l’adaptation de Stanley Kubrick. On y trouve ce qui est absent de La Tour sombre, un regard adulte et audacieux sur un monde d’angoisses.

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Thomas Danger

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  • LA TOUR SOMBRE (The Dark Tower)
  • Sortie salles : 9 août 2017
  • Réalisation : Nikolaj Arcel
  • Avec : Idris Elba, Matthew McConaughey, Tom Taylor, Jackie Earle Haley, Claudia Kim, Dennis Haysbert, Fran Kranz, Katheryn Winnick, Abbey Lee…
  • Scénario : Nikolaj Arcel, Anders-Thomas Jensen, Akiva Goldsman, Jeff Pinkner, D’après la saga La Tour Sombre de Stephen King
  • Production : Ron Howard, Akiva Goldsman, Brian Grazer, Stephen King
  • Photographie : Rasmus Videbaeck
  • Montage : Alan Edward Bell, Dan Zimmerman
  • Décors : Christopher Glass, Oliver Scholl
  • Costumes : Trish Summerville
  • Musique : Junkie XL
  • Distribution : Sony Pictures
  • Durée : 1h35
  • Site officiel du film

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