Synopsis : Homme politique brillant et plein d’esprit, Winston Churchill est un des piliers du Parlement du Royaume-Uni, mais à 65 ans déjà, il est un candidat improbable au poste de Premier Ministre. Il y est cependant nommé d’urgence le 10 mai 1940, après la démission de Neville Chamberlain, et dans un contexte européen dramatique marqué par les défaites successives des Alliés face aux troupes nazies et par l’armée britannique dans l’incapacité d’être évacuée de Dunkerque. Alors que plane la menace d’une invasion du Royaume- Uni par Hitler et que 200 000 soldats britanniques sont piégés à Dunkerque, Churchill découvre que son propre parti complote contre lui et que même son roi, George VI, se montre fort sceptique quant à son aptitude à assurer la lourde tâche qui lui incombe. Churchill doit prendre une décision fatidique : négocier un traité de paix avec l’Allemagne nazie et épargner à ce terrible prix le peuple britannique ou mobiliser le pays et se battre envers et contre tout. Avec le soutien de Clémentine, celle qu’il a épousée 31 ans auparavant, il se tourne vers le peuple britannique pour trouver la force de tenir et de se battre pour défendre les idéaux de son pays, sa liberté et son indépendance. Avec le pouvoir des mots comme ultime recours, et avec l’aide de son infatigable secrétaire, Winston Churchill doit composer et prononcer les discours qui rallieront son pays. Traversant, comme l’Europe entière, ses heures les plus sombres, il est en marche pour changer à jamais le cours de l’Histoire.
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Un rôle bien taillé pour les Oscars! Tout ce qui fait la force de ces heures sombres, c’est essentiellement la performance et la transformation impressionnante de Gary Oldman, méconnaissable en Winston Churchill avec lequel il ne partage pourtant aucun trait similaire. D’entrée, l’acteur de 59 ans fascine, avec son ventre proéminent, son cigare à la bouche, sa démarche lourde, son maniérisme démesuré et ses répliques pleines de verve, s’effaçant à l’écran pour laisser place au légendaire leader politique. Un travail remarquable sur les prothèses en latex et le maquillage, conçu par Kazuhiro Tsuji (Looper, Benjamin Button). Une incarnation grandiose donc, qui rejoint ses transformations les plus emblématiques, comme Dracula. Après l’échec de Pan, le cinéaste de Anna Karénine, Reviens-moi et Orgueil et Préjugés signe un drame historique vif, qui se démarque du Churchill en demi-teinte, sorti l’année dernière, avec un Brian Cox plus abattu et sinistre. Wright donne de la vivacité et du rythme à sa mise en scène, tissant un récit assez prenant sur l’une des périodes les plus tendues de l’Histoire de la Grande-Bretagne. L’intrigue se situe au début de la Seconde Guerre mondiale, en 1940, au moment où la domination d’Hitler et la montée du Troisième Reich se font de plus en plus pesantes. Devant la menace de l’invasion nazie et tandis que les soldats britanniques sont encerclés à Dunkerque, l’homme surnommé le bulldog anglais fait face à des enjeux qui vont déterminer non seulement sa carrière mais aussi l’avenir du pays. Faut-il négocier un traité de paix avec Hitler ou se battre sans relâche ? Dès lors Les heures sombres, qui se révèle un bon complément à l’excellent Dunkerque de Christopher Nolan, s ’écoule sans temps mort, centré sur ce Premier ministre tout juste entré en fonction.
On démarre ainsi par l’éviction de Neville Chamberlain (Ronald Pickup) à ce poste suite à sa stratégie ratée d’apaisement. Si le vicomte Halifax (Stephen Dillane) est le choix du Parti conservateur, les libéraux n’ont d’autre choix que de nommer Churchill. Wright montre ainsi un leader contesté de toute part, dans son propre camp et par le roi George VI (Ben Mendelsohn), et confronté à des dilemmes terribles, jusqu’à l’un de ses fameux discours qui entrera dans l’Histoire, « Nous nous battrons sur les plages ». Wright filme ainsi la grandeur, l’éloquence et le charisme de ce brillant orateur pour convaincre le gouvernement et le peuple qu’il faut se mobiliser et se battre. Le cinéaste et son scénariste Anthony McCarten (Une Merveilleuse Histoire du Temps) nous renvoient ainsi leur fascination pour ce personnage iconique transcendé par un Oldman grandiose, dans une atmosphère palpable. La sublime lumière et la reconstitution (décors, costumes) s’ajoutent à la réussite de ce film. Le cinéaste ne nous épargne cependant pas certaines invraisemblances auxquelles s’ajoute une scène mélodramatique dans un wagon du London underground à l’excès inutile entre Churchill et une poignée de citoyens. Mais par ce petit coté populiste, Wright rappelle aussi ô combien Churchill était attaché à l’opinion et à la force du peuple britannique.
Les heures sombres est une oeuvre convaincante, à l’ancienne, pleine d’entrain et soutenue par une bande son émouvante. Le reste du casting reste tout aussi pertinent. Ben Mendelsohn est admirable dans le rôle de ce roi qui le désapprouve avant d’être un ultime soutien inespéré. Et Kristin Scott Thomas, dans celui de son épouse, apporte un soutien efficace par sa prestance naturelle, même si peu présente à l’écran. Wright explore ainsi avec intelligence les thèmes du courage et de la bravoure, soigne les moments de représentations et livre des passages de tension historique qui rappellent qu’il ne faut jamais courber l’échine (« Never, never, never give up » / « Never surrender »).
- LES HEURES SOMBRES (Darkest Hour)
- Sortie salles : 3 janvier 2018
- Réalisation : Joe Wright
- Avec : Gary Oldman, Kristin Scott Thomas, Ben Mendelsohn, Lily James, Samuel West, David Schofield, Ronald Pickup, Stephen Dillane,…
- Scénario : Anthony McCarten
- Production : Anthony McCarten, Tim Bevan, Eric Fellner, Douglas Urbanski, Lisa Bruce
- Photographie : Bruno Delbonnel
- Montage : Valerio Bonelli
- Décors : Sarah Greenwood
- Costumes : Jacqueline Durran
- Musique : Dario Marianelli
- Distribution : Universal Pictures International France
- Durée : 2h06