Synopsis : Des cadavres en piteux état ne cessent de faire leur apparition dans un petit village Ecossais. Le doute s’installe quant aux habitants du château de MacGrieff. Le lieu est apparemment hanté par un chat tueur. Corringa, nièce de la châtelaine Lady Mary, décide de mener sa propre enquête aux côtés de son étrange cousin, James.
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Le nouvel éditeur Ciné2genre a sorti dans les bacs au début du mois de mars, Les Diablesses du réalisateur Antonio Margheriti, avec au générique le couple mythique Jane Birkin et Serge Gainsbourg. Une rareté du cinéma bis qui valait bien une édition DVD. Antonio Margheriti est un fameux artisan du cinéma d’exploitation italien des années 60 et 70, à l’instar de Mario Bava (Le masque du démon, La planète des vampires). Il a offert quelques solides séries B en tout genre : du gothique (Danse macabre, La sorcière sanglante, La vierge de Nuremberg, Chair pour Frankenstein), de l’horreur (Cannibal apocalypse), de la fantasy (Yor, le chasseur du futur), du western (Et le vent apporta la violence, Avec Django la mort est là , La brute, le colt et le karaté) ou encore de l’aventure (Le temple du dieu soleil, Les aventuriers du cobra d’or, L’invasion des piranhas). Connu aussi sous le pseudonyme anglophone Anthony M. Dawson, Margheriti propose avec Les Diablesses réalisé en 1973 un ultime film gothique. Sa principale qualité, c’est justement son ambiance avec ses décors naturels et de studio. La château de la famille MacGrieff, principal lieu d’une intrigue tortueuse autour de meurtres, de secrets de famille et d’héritage, est censé se situer en Écosse mais le tournage s’est déroulé en Italie. Le château, qui avait abrité jadis le Prince Massimo, a d’ailleurs servi de décor pour les précédentes productions gothiques du réalisateur et appartenait à l’un de ses amis. Si le casting réunit Jane Birkin, dans le rôle de la jeune et naïve Corringa, et Serge Gainsbourg, dans celui de l’inspecteur de police, c’est surtout pour profiter de la réussite de Je t’aime moi non plus (1976), avec la célèbre chanson composée par Serge Gainsbourg. Réunissant les deux stars, cette oeuvre a également connu un immense succès. Le titre français Les Diablesses peut faire penser à un film érotique, ce qui s’avère rapidement mensongé vu le peu de scènes en tenues déshabillées. Son titre original italien La Morte negli occhi del gatto (La mort dans les yeux du chat) est alors bien plus pertinent. Car cette intrigue policière à rebondissements se concentre sur une série de meurtres, qui se déroule sous les yeux d’un seul témoin, le chat de la demeure, que le réalisateur tente de rendre inquiétant.
La référence à Edgar Allan Poe (Le Chat Noir) est explicite, tout comme le rôle un peu mystérieux tenu par un gorille, incarné par un acteur costumé, qui renvoie à une autre nouvelle du célèbre écrivain Double assassinat dans la rue Morgue. Le scénario, coécrit par Antonio Margheriti et Giovanni Simonelli, s’appuie sur le roman d’un certain Peter Bryan. Après vérification, il apparaît que ce présumé écrivain britannique est une pure invention de la production pour donner au film un cachet littéraire. L’intrigue policière, souvent confuse, n’est pas le point fort, mais le film bénéficie de la superbe photographie en clair-obscur de Carlo Carlini (Colorado), participant beaucoup à l’ambiance horrifique et macabre. Les Diablesses se révèle alors à la croisée de deux genres, le giallo et le gothique. Il est aussi l’un des derniers films dans ce domaine en Italie mais pas forcément à classer parmi les meilleurs.
Aux côtés de Jane Birkin et Serge Gainsbourg (dont le rôle reste bien plus discret), on retrouve des figures célèbres du cinéma populaire européen. D’abord la française Françoise Christophe incarnant Lady Mary MacGrieff, une châtelaine proche de son rôle dans Fantômas contre Scotland Yard. Puis l’Américain Hiram Keller (Satyricon) en dandy torturé et ténébreux, l’italienne Dana Ghia (Queimada), l’Italien Venantino Venantini (Le Corniaud, Les Tontons Flingueurs, Frayeurs) ou encore les Allemands Doris Kunstmann (Funny Games), Konrad Georg (Paris brûle-t-il ?) et Anton Driffing (Fahrenheit 451). Tous ces personnages sont au cœur d’un complot familial à tiroir qui nous entraîne vers une conclusion un peu biscornue. Les amateurs du tandem Birkin/Gainsbourg risquent aussi d’être légèrement frustrés car aucune chanson ne vient illustrer l’excellente bande musicale composée par Riz Ortolani (Cannibal Holocaust). Mais toutes ces imperfections certaines font aussi son attrait aujourd’hui et les aficionados du cinéma d’exploitation y trouveront leur plaisir en ajoutant cette rareté dans leur vidéothèque.
Test bonus : Les Diablesses est proposé à travers son montage français car il existe également un montage italien plus long de quatre minutes, mais pas inclus hélas. L’édition bénéficie d’une qualité technique correcte, tant au niveau de l’image que du son en français ou italien sous-titré français. Avec Les derniers feux du gothique à l’italienne d’une durée de 40 minutes, le spécialiste du cinéma fantastique, David Didelot, analyse le film, livrant de nombreuses informations très intéressantes qui révèlent cette œuvre de série B plus ambitieuse qu’elle n’y paraît. L’édition, agrémentée d’une série de cartes postales collectors, s’achève par la bande annonce italienne non sous-titrée.
- LES DIABLESSES (La Morte negli occhi del gatto)
- Sortie vidéo : 6 mars 2018
- Format / Produit : DVD
- Réalisation : Antonio Margheriti
- Avec : Jane Birkin, Serge Gainsbourg, Hiram Keller, Françoise Christophe, Venantino Venantini, Doris Kunstmann,…
- Scénario : Antonio Margheriti, Giovanni Simonelli
- Production : Luigi Nannerini
- Photographie : Carlo Carlini
- Montage : Giorgio Serrallonga
- Décors : Roberto Granieri
- Costumes : Mario Giorsi
- Musique : Riz Ortolani
- Édition vidéo : Ciné2genre
- Tarif : 16,99 € (DVD)
- Durée totale : 1h30
- Sortie initiale : 12 avril 1973 (italie) – 23 janvier 1974 (France)