Résumé : Une étude de l’œuvre cinématographique de Marcel Duchamp et de son héritage. A la fois acteur et cinéaste, il crée notamment le personnage de Rrose Sélavy qu’il incarne lui-même. Voyageant à travers la France et les États-Unis, il rencontre Francis Picabia, Man Ray, Hans Richter ou encore Henri-Pierre Roché
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Si les études générales consacrées aux rapports entre peinture et cinéma ont depuis longtemps fait florès, plus rares sont les essais se focalisant sur la relation entre l’œuvre d’un peintre en particulier et les images du Septième art. L’ouvrage de Sébastien Rongier, écrivain et essayiste, s’inscrit donc dans un champ d’études relativement neuf et contribue à prouver tout l’intérêt de celui-ci. À partir de nombreuses références, l’écrit se focalise sur les différentes facettes cinématographiques incarnées par la figure de Duchamp. De l’influence exercée par les images en mouvement sur certaines de ses œuvres (les deux versions de Nu descendant un escalier, marquées par les expériences chronophotographies) à son unique réalisation (l’expérimental Anémic Cinéma réalisé en 1926) en passant par ses collaborations directes ou plus lointaines avec différents réalisateurs (le cinéma underground américain de Maya Deren et Andy Warhol, ou sa participation au tournage du célèbre Entr’acte de René Clair et Francis Picabia), Rongier profite de l’imaginaire déployé par l’art de Duchamp pour proposer une exploration tout à la fois libre et exigeante de son objet d’étude. On retiendra ainsi l’analyse de ce rapport entre le peintre et Truffaut à travers le développement d’un brillant syllogisme permis par la figure du romancier Henri-Pierre Roché (l’auteur de Jules et Jim, qui entretint une relation amicale avec Duchamp). Ce jeu d’échos, tout à la fois formel et dramaturgique, souligne la valeur d’une réflexion dont la pluridisciplinarité essentielle n’enlève rien à la cohérence du fond. À cette réussite théorique et analytique s’ajoutent la présence d’une bibliographie bien fournie, ainsi qu’une filmographie récapitulative, deux annexes bienvenues mais qui n’empêchent de regretter l’absence de toute illustration qui aurait permis d’appuyer encore les rapports plastiques envisagés par l’auteur. Reste qu’au regard de la réussite de l’ensemble, on ne peut que féliciter cette entreprise qui, espérons-le, saura engager d’autres recherches du même genre.
- DUCHAMP ET LE CINÉMA
- Auteur : Sébastien Rongier
- Éditions : Les Nouvelles Éditions Place
- Collection : Le cinéma des poètes
- Date de parution : 23 août 2018
- Format : 120 pages
- Tarif : 10 €