Synopsis : Dans le Paris de la Belle Époque, en compagnie d’un jeune livreur en triporteur, la petite kanake Dilili mène une enquête sur des enlèvements mystérieux de fillettes. Elle rencontre des hommes et des femmes extraordinaires, qui lui donnent des indices. Elle découvre sous terre des méchants très particuliers, les Mâles-Maîtres. Les deux amis lutteront avec entrain pour une vie active dans la lumière et le vivre-ensemble…
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Après Kirikou et la sorcière, Princes et Princesses, Azur et Asmar ou encore Les Contes de la nuit, Michel Ocelot part sur les traces du Paris de la Belle Époque dans un nouveau film d’animation aux accents lyriques, touchants et poétiques, déjà présenté lors du 42ème Festival d’Annecy. Dilili à Paris raconte l’histoire d’une intelligente, curieuse et intrépide jeune métisse venue de Nouvelle Calédonie (Prunelle Charles-Ambron), exposée dans la capitale française. Cette dernière se lance dans une enquête afin de résoudre le mystère entourant une série d’enlèvements de fillettes. Accompagnée d’Orel (Enzo Ratsito), un jeune livreur en triporteur, elle va découvrir la ville-lumière et ses secrets, croisant la route de certains des plus illustres personnages de XXème siècle tels que Louis Pasteur, Auguste Renoir, Claude Monet, Marie Curie, Emma Calvé (Natalie Dessay), Sarah Bernhardt, Henri de Toulouse-Lautrec et Gustave Eiffel. En réunissant une petite poupée métisse orpheline et un adolescent issu des classes populaires, Ocelot réalise une ode à la tolérance, à l’émancipation féminine —laquelle menace l’ordre patriarcal établi à l’époque—, en transcendant les tensions culturelles et en dénonçant le racisme. En effet, l’habile séquence d’ouverture de Dilili, métaphore évoquant l’exposition universelle de 1900, présente la jeune héroïne dans ce qui ressemble à un village africain. Le cadre s’élargit sans tarder pour dévoiler un « parc zoologique humain » offert à la vue des visiteurs parisiens. Au cours de son voyage initiatique, la « princesse qui vient de l’autre bout de la Terre » fera la connaissance d’innombrables figures historiques (savants, penseurs et artistes) ainsi que des grandes femmes de cette ère. À l’instar des quêtes féeriques des précédents métrages, le duo mis en scène par Michel Ocelot va démasquer, au cours de sa promenade, les odieux « Mâles-Maîtres », secte enlevant et asservissant les jeunes filles, considérées comme des êtres inférieurs.
Film profondément humaniste, didactique et engagé, Dilili à Paris s’apparente à un manifeste, à une déambulation mutine et magnifiquement documentée offrant une reconstitution minutieuse de la capitale. Le spectateur y retrouve la touche exotique et minimaliste caractéristique du cinéaste contemplatif, qui joue une fois de plus, pour le plus grand plaisir de ses admirateurs, avec la lumière, les ombres et la profondeur de champ. Le délicat travail pictural, qui rend hommage aux toiles des grands maîtres —notamment celles du Douanier Rousseau, père du fauvisme— est remarquable.
L’esthétique raffinée du graphisme s’avère renversante et irréprochable : les superbes décors de Dilili à Paris sont des « croquis fixes » constitués de photographies mélangées aux dessins originaux —ici modélisés— de Michel Ocelot. Les couleurs vives subliment tous les plans, des ruelles pavées de Montmartre à la place de l’Opéra Garnier en passant par le fameux Moulin Rouge, le Jardin des Tuileries et la tour Eiffel (magnifiée lors de la féérique séquence finale). Les compositions de Gabriel Yared (Le Talentueux Mr. Ripley, Les Saveurs du palais, Chocolat), quant à elles, soulignent les temps forts de la trame, notamment la ritournelle Le Soleil et la Pluie, mais aussi Chanson Victoire et la grande cantate finale interprétées par Natalie Dessay.
Malgré la tonalité candide du doublage souvent surexpressif, Dilili à Paris brosse le portrait enrichissant de la population de la capitale culturelle, lutte contre l’obscurantisme et demeure un conte splendide à portée universelle.
- DILILI À PARIS
- Sortie salles : 10 octobre 2018
- Réalisation : Michel Ocelot
- Avec les voix de : Prunelle Charles-Ambron, Enzo Ratsito, Natalie Dessay
- Scénario : Michel Ocelot
- Production : Christophe Rossignon, Philip Boëffard
- Photographie : Michel Ocelot
- Montage : Patrick Ducruet
- Musique : Gabriel Yared
- Distribution : Mars Films
- Durée : 1h35