Livre / Video Nasties (Darkness, Censure et Cinéma vol. 4) : critique

Publié par Jacques Demange le 6 novembre 2018

Résumé : Au milieu des années 1970, l’apparition des magnétoscopes change radicalement la manière de consommer le cinéma, les spectateurs pouvant désormais louer sans aucun contrôle préalable des films que les salles ne projettent pas. Les éditeurs de cassettes vidéo remplissent alors les catalogues d’œuvres souvent inédites, parfois pornographiques, violentes ou interdites qui échappent à tout contrôle pour le plus grand plaisir des amateurs de Bis. Au Royaume-Uni, les pouvoirs publics sont alertés par certaines associations familiales qui ne comprennent pas que des enfants puissent voir librement des films honteux et dégradants. Pour contrer la diffusion d’œuvres jugées particulièrement dangereuses pour la jeunesse, la police anglaise organise et multiplie des saisies médiatisées dans les vidéoclubs en vertu de la loi de 1959 réprimant l’obscénité. À la demande de la principale association des vendeurs et loueurs de vidéos de Grande-Bretagne qui souhaite éviter que ses membres ne fassent l’objet de poursuites judiciaires, les autorités finissent par publier en 1983 une liste infamante de 72 titres stigmatisés sous la dénomination de Video Nasties.

 

♥♥♥♥

 

Video Nasties - Lettmotif

Video Nasties – Lettmotif

En 1983, les autorités britanniques diffusent une liste de 72 films interdits à la vente ou à la location en vidéo. Ces « Video Nasties » sont rapidement devenus des titres légendaires à la réputation particulièrement sulfureuse. Ce quatrième volume de l’anthologie Darkness, édité par la maison LettMotif, se consacre donc au cas de ces productions pas comme les autres et dont l’amateur de cinéma de genre (et le cinéphile quelque peu curieux) aura plaisir à (re)découvrir dans leur intégralité. Car le phénomène des Video Nasties a rapidement fait le chou gras de la presse britannique (comme le rappelle la longue recension des titres de manchettes établie par Christophe Triollet, coordinateur de l’ouvrage), avant de devenir un objet de fantasme sur de nombreux sites et blogs spécialisés. Les articles de fond proposés par Bernard Gensane et Christophe Triollet en ouverture permettent ainsi de revenir en détail sur la question de la censure en Grande-Bretagne, ainsi que sur les origines et les caractéristiques juridiques de cette fameuse liste. On apprendra ainsi que bien qu’interdit de diffusion au Royaume-Uni, Massacre à la tronçonneuse n’appartient pas à la catégorie des video nasties, de même que Orange mécanique, qui y est pourtant fréquemment assimilé, n’avait en fait écopé que d’une classification « X » au moment de sa sortie sur le territoire de la Reine. La seconde partie de l’ouvrage s’attarde sur chacun des 72 films à travers des analyses de longueur variable (2 à 4 pages en moyenne). De A Bay of Blood de Mario Bava à Zombie Creeping Flesh de Bruno Mattei (réalisé sous le pseudonyme de Vincent Dawn), les commentaires reviennent sur les qualités intrinsèques des films envisagés (entre Å“uvres formellement exigeantes et nanars édifiants), ainsi que sur leurs parcours parfois complexes avec les instances censoriales britanniques. Autour des incunables (Blood Feast, Cannibal Holocaust, Evil Dead, I Spit on Your Grave, La Dernière Maison sur la gauche, The Evil Dead, The Driller Killer, The Boogeyman), gravitent donc de nombreux titres associant aux litres d’hémoglobine une bonne dose d’humour plus ou moins délibéré. Ce vaste retour permet en outre de comprendre les enjeux de certains sous-genres marginaux (la nazisploitation par exemple), ou de revenir sur des figures phares ou oubliées du cinéma d’exploitation (l’espagnol Jesus Franco, les italiens Joe D’Amato et Lucio Fulci, le mexicain René Cardona…). À l’instar des précédents opus Darkness, le présent ouvrage associe à l’objectivité critique et à la passion cinéphile une véritable volonté scientifique invitant à découvrir un pan de l’histoire du cinéma trop souvent oublié ou mésestimé par les études générales. On regrettera simplement l’absence de toute bibliographie qui aurait permis de faire le point sur les plus ou moins récentes publications (internet et papier) consacrées à ce sujet.

 

 

 

  • DARKNESS, CENSURE ET CINÉMA VOL. 4 – VIDÉO NASTIES 
  • Auteur : Christophe Triollet (coordonné par)
  • Éditions : LettMotif
  • Collection : Darkness, censure et cinéma
  • Date de parution : 19 octobre 2018
  • Format : 324 pages
  • 29 € (papier) – 12,90 € (numérique)

Commentaires

A la Une

Frank Darabont sort de sa retraite pour réaliser deux épisodes de Stranger Things Saison 5

Cela faisait onze ans qu’il n’était plus passé derrière la caméra. Frank Darabont, génial metteur en scène des Évadés et… Lire la suite >>

Juré N°2 : Une bande-annonce empreinte de tension pour le nouveau Clint Eastwood

À 94 ans, le légendaire Clint Eastwood ne compte pas prendre sa retraite. Les premières images de son nouveau film,… Lire la suite >>

John Amos, star de Good Times, Racines, 58 minutes pour vivre et Un Prince à New York, s’est éteint à 84 ans

John Amos, acteur, scénariste, dramaturge, et nommé aux Emmy Awards, connu pour son rôle mythique de James Evans, père de… Lire la suite >>

Un César d’honneur pour la grande Julia Roberts

L’Académie des Arts et Techniques du Cinéma remettra un César d’honneur à l’actrice américaine Julia Roberts lors de la 50e… Lire la suite >>

L’acteur John Ashton s’est éteint à l’âge de 76 ans

Bien connu pour son rôle du Sergent John Taggart dans Le Flic de Beverly Hills, l’acteur John Ashton nous a… Lire la suite >>

Nos vidéos

Box OFFICE France

Titre Cette sem. Nbr Sem. Cumul
1 BEETLEJUICE BEETLEJUICE 257 671 3 1 236 222
2 L'HEUREUSE ELUE 206 815 1 206 815
3 LE COMTE DE MONTE-CRISTO 178 660 14 8 388 607
4 LE FIL 141 496 3 519 448
5 MEGALOPOLIS 136 309 1 136 309
6 LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE 109 086 2 341 487
7 NI CHAINES NI MAITRES 107 642 2 226 927
8 LES BARBARES 75 306 2 196 655
9 EMILIA PEREZ 71 881 6 933 939
10 SPEAK NO EVIL 71 332 2 200 702

Source: CBO Box office

Nos Podcasts