Résumé : Le deuxième volume de la collection Darkness, censure et cinéma propose de vous raconter l’histoire du sexe à l’écran. Une approche cinéphile et juridique singulière qui détaille les méandres d’un genre aux multiples sous-genres, et qui explore les limites de l’indécence qui préoccupe encore les professionnels de l’industrie cinématographique comme les défenseurs de la morale.
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Après Gore et Violence, les éditions LettMotif continue leur exploration des mauvais genres cinématographiques. Le sexe donc et ses (nombreuses) déviances qui se voient ici étudiés avec sérieux et minutie. À la direction de cet ensemble foisonnant et érudit, Christophe Triollet, juriste et fondateur du fanzine Darkness, qui signe pas moins de dix articles permettant de revenir sur les conditions législatives entourant (et souvent entravant) la représentation du sexe sur les écrans internationaux. Car l’un des grands intérêts de cet ouvrage est de dépasser le seul cadre de l’hexagone pour proposer un véritable tour d’horizon de ce cinéma interdit au tout public. Les États-Unis, mais aussi l’Espagne, l’Italie, ou la Serbie se voient ainsi intégrés à la réflexion du collectif, à travers des exemples précis et une approche plurielle. Aux questions juridiques relatives à la sortie de certains films (L’Essayeuse ; Clip ; Baise-moi ; ou le plus récent Sausage Party) devenus de véritables phénomènes de société, répondent des perspectives plus esthétiques ou anthropologiques. Ainsi de la question de l’obscénité qu’analyse avec beaucoup de soin Isabelle Labrouillère, ou de problématiques plus concrètes (la zoophilie, la nécrophilie, l’agalmatophilie) qui convoquent un certain nombre de prolongements formels (modalités de la représentation du corps) et civilisationnels (ancrage contextuel et culturel des pratiques). Les formes multiples qu’incarne le sexe à l’écran permettent par ailleurs de dépasser les frontières des seules cinématographies de genre (pornographie, cinéma d’exploitation) pour proposer un corpus élargi à de nombreuses productions, films d’auteur compris (Shame de McQueen ; La Vie d’Adèle de Kechiche ; Tristana, Le Fantôme de la liberté, ou La Vie criminelle d’Archibald de la Cruz de Bunuel). Aux nombreuses brèves censoriales clôturant l’ouvrage (parmi lesquelles on apprendra que Games of Thrones fut boycotté pour satanisme, ou encore que les questions de censure étaient prises très au sérieux par Stanley Kubrick), signalons la présence d’un bref entretien avec Christophe Bier, auteur du Dictionnaire des films français pornographiques et érotiques 16 et 35mm, dans lequel l’historien revient sur la difficile réception du cinéma pornographique gay, ainsi que sur la situation du Beverley, la dernière salle spécialisée en France. Comme son prédécesseur, ce second volume se présente comme un incontournable pour tout amoureux du cinéma et de ses marges.
- DARKNESS, CENSURE ET CINÉMA – SEXE & DÉVIANCES (tome 2)
- Auteur.s : Sous la direction de Christophe Triollet
- Édition : LettMotif
- Collection : Censure & cinéma
- Date de parution : 9 novembre 2017
- Format : 380 pages
- Tarif : 29 € (papier) – 12,90 € (numérique)