Synopsis : La veille de Noël, Ben, 19 ans, revient dans sa famille après plusieurs mois d’absence. Sa mère, Holly, l’accueille à bras ouverts tout en redoutant qu’il ne cède une fois de plus à ses addictions. Commence alors une nuit qui va mettre à rude épreuve l’amour inconditionnel de cette mère prête à tout pour protéger son fils.
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Romancier devenu scénariste avec l’adaptation de son œuvre littéraire éponyme Gilbert Grape, Peter Hedges se lance dans la réalisation en 2002 avec Pieces of April, un hommage à sa mère qui, à l’époque, est atteinte d’un cancer. Par la suite, Hedges met constamment au premier plan la famille, surtout la relation filiale, pour réaliser ses longs-métrages. Toujours dans la lignée de cette thématique, il offre ici aux spectateurs un drame familial qui tourne autour de la relation d’une mère (Julia Roberts) avec son fils aîné dépendant aux opiacés. Ce dernier est interprété par Lucas Hedges (Manchester by the Sea, Lady Bird, Zero Theorem), progéniture du cinéaste et jeune comédien nommé à l’Oscar du meilleur acteur dans un rôle secondaire voici deux ans. Bien que le film puisse sembler très confidentiel et intime, il s’agit en fait d’une fresque de la middle class américaine actuelle. Entre l’importance d’atteindre un certain standard de vie pour cette tranche de la population malgré la crise économique et l’épidémie d’addictions aux opiacés qui ravage les États-Unis depuis quelques années, c’est tout un milieu social de ce pays qui est représenté à travers les vingt-quatre heures suivant la sortie de Ben du centre de désintoxication. En dépit des excellents acteurs, le script force le trait dramatique de manière excessive et les clichés sont arfois placés un peu trop facilement sans être remis en question. Pourtant, la narration est extrêmement bien découpée en trois parties implicites au cours desquelles se révèle l’histoire de Ben et son entourage. Chacune présente une esthétique distincte et aborde le sujet avec sa propre perspective, tout en conservant le réalisme de la mise en scène sobre.
On assiste d’abord au retour inattendu du fils prodigue à la maison, demeure chaleureuse et conviviale spécialement décorée pour les fêtes de fin d’année. Dans un deuxième temps, on voit les personnages sortir de ce cocon pour s’aventurer dans les endroits qui animent la vie communautaire de cette petite ville de l’État de New York, le mall typique où l’euphorie des derniers achats avant Noël se ressent, l’église qui est plutôt un lieu de ragots que de prière, mais aussi la structure accueillant ceux qui sont brisés par l’addiction pour qu’ils puissent échanger sur leurs expériences lors de réunions. À mesure que les démons de Ben réapparaissent, les ténèbres de la nuit prennent le dessus sur la luminosité diurne, à l’image du récit qui s’assombrit progressivement.
L’acte final est un véritable coup de massue sur l’image de l’American Dream, tant la déchéance qu’il montre à l’écran contraste avec la réussite, l’opulence et les espoirs véhiculés aux classes moyennes par ce mode de pensée emblématique d’une nation. Ainsi, le choix de placer l’action pendant la période de Noël, portant en elle tout un symbolisme de consommation et religion pour les pays occidentaux, n’apparaît pas comme anodin. Ben is Back est un drame authentique qui repose surtout sur l’attachement indéfectible entre une mère et son fils, lien omniprésent dans le récit, pour dénoncer les absurdités sur lesquelles reposent plusieurs aspects de la société américaine.
- BEN IS BACK
- Sortie salles : 16 janvier 2019
- Réalisation : Peter Hedges
- Avec : Julia Roberts, Lucas Hedges, Courtney B. Vance, Kathryn Newton, Mia Fowler, Jakari Fraser, Michael Esper, David Zaldivar, Rachel Bay Jones, Alexandra Park
- Scénario : Peter Hedges
- Production : Nina Jacobson, Teddy Schwarzman, Brad Simpson, Peter Hedges
- Photographie : Stuart Dryburgh
- Montage : Ian Blume
- Décors : Ford Wheeler
- Costumes : Melissa Toth
- Musique : Dickon Hinchliffe
- Distribution : Paramount Pictures France
- Durée : 1h42