Synopsis : Christine « Lady Bird » McPherson se bat désespérément pour ne pas ressembler à sa mère, aimante mais butée et au fort caractère, qui travaille sans relâche en tant qu’infirmière pour garder sa famille à flot après que le père de Lady Bird a perdu son emploi.
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Lady Bird, qui peut se traduire par coccinelle ou demoiselle, c’est le nom que Christine McPherson « s’est donné à elle par elle », comme l’adolescente de dix-sept ans le déclare fièrement lors de son audition pour le club de théâtre du lycée. Pendant cette dernière année avant de quitter le cocon familial, ainsi que sa ville natale, la lycéenne s’invente un personnage et des histoires fantaisistes transformant Sacramento en une scène de théâtre géante à ciel ouvert, en attendant sa vie future fantasmée dans une université d’arts à New York. L’imaginaire est pour la jeune femme une manière de découvrir sa véritable identité, elle se crée son propre mythe afin de trouver sa place dans le monde. La création devient une forme d’affranchissement qui lui permet de supporter ce temps en sursis avant le début d’aventures palpitantes. Il est également question pour Lady Bird d’un apprentissage sentimental, pas seulement au sein du couple amoureux, mais aussi relatif aux rapports familiaux, amicaux, et même aux liens qu’elle entretient avec sa ville natale. C’est surtout la relation mère-fille, à la fois fusionnelle et conflictuelle, qui est au cœur de Lady Bird. Les rapports entre les deux femmes évoluent au court du récit, avec le temps et la distance, sans pour autant perdre leur intensité affective. Le rôle de Christine « Lady Bird » McPherson a permis à Saoirse Ronan de remporter le Golden Globe de meilleure actrice dans un film musical ou une comédie alors qu’elle était en concurrence avec des actrices talentueuses telles que Margot Robbie et Emma Stone. Une héroïne drôle et haute en couleur dont la vraisemblance est sans doute due à la qualité de la performance de la jeune actrice combinée au style d’écriture, délicat et perspicace, de Greta Gerwig pour dépeindre des personnages féminins. Un don évident de la jeune femme qui n’est plus à prouver. En effet, la réalisatrice, en plus de jouer dans les films de son compagnon, Noah Baumbach, participe également souvent à la conception de leurs scénarios.
La période pendant laquelle se déroulent les péripéties de Lady Bird, en 2002-2003, est perpétuellement rappelée, que ce soit par les musiques du début des années 2000 ou les images des journaux télévisés montrant la guerre d’Irak. Un début de millénaire proche et passé, un moment charnière, juste avant l’apogée des réseaux sociaux et des smartphones. Bien que la narration possède un aspect très intime et personnel, comme si le scénario avait été écrit à partir du journal intime de la protagoniste, la photographie qui s’inspire de toiles représentant Sacramento, peintes par Wayne Thiebaud et Gregory Kondos, donne un aspect assez irréel à l’image et impose une certaine mise à distance. Lady Bird s’ancre dans son lieu et son époque pour ensuite s’en détacher.
Actrice, scénariste, muse et compagne du réalisateur Noah Baumbach, Greta Gerwig, qui avait déjà co-réalisé Nights and Weekends avec Joe Swanberg en 2008, réalise en solo ce long-métrage, en partie autobiographique, avec Lady Bird. Après avoir joué le rôle d’Abbie, une jeune femme des années 1970, dans 20th Century Women de Mike Mills l’année dernière, l’égérie aux talents multiples choisit de passer derrière la caméra pour dresser le portrait des femmes qui construisent le vingt-unième siècle, devenant ainsi la cinquième femme de toute l’histoire du cinéma à avoir été nommée pour le prix de meilleure réalisatrice aux Oscars, et peut-être la deuxième à le remporter.
Erica Farges
- LADY BIRD
- Sortie salles : 28 février 2018
- Réalisation & Scénario : Greta Gerwig
- Avec : Saoirse Ronan, Laurie Metcalf, Tracy Letts, Lucas Hedges, Timothée Chalamet, Beanie Feldstein, Lois Smith, Stephen Henderson, Odeya Rush, Jordan Rodrigues…
- Production : Scott Rudin, Eli Bush, Evelyn O’Neill
- Photographie : Sam Levy
- Montage : Nick Houy
- Décors : Chris Jones
- Costumes : April Napier
- Musique : Jon Brion
- Distribution : Universal Pictures
- Durée : 1h34