Résumé : Dans l’espace, au-delà de la mince pellicule d’atmosphère terrestre, il n’y a pas de son. Que font alors les nombreux films qui s’y déroulent, pour respecter ou contourner cette loi scientifique, et ne pas être silencieux ? De La Femme sur la Lune de Fritz Lang à First Man en passant par Alien, Gravity, Interstellar ou encore 2001, l’Odyssée de l’espace, ce livre revisite sous l’angle inédit du son le genre du space opera. Il veut aussi donner l’idée d’une histoire du cinéma qui ne serait pas refermée sur elle-même, mais baignerait dans une histoire plus grande – celle des connaissances, de la science et des techniques, des conceptions de l’Univers et de l’aventure humaine. Compositeur de musique concrète, né en 1947, Michel Chion est aussi l’auteur d’une trentaine d’ouvrages sur le cinéma, le son et la musique.

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Des sons dans l’espace – Michel Chion

« Dans l’espace, personne ne vous entend crier ». La célèbre accroche de Alien souligne l’importance jouée par le son dans les films de science-fiction, un constat qui éclaire la genèse de ce formidable petit essai signé par Michel Chion, compositeur de musique concrète et déjà auteur d’un certain nombre d’ouvrages de référence dans le domaine de la science-fiction ou de la question du son (au sens général et musical du terme) au cinéma. Car le son, ou plutôt son absence est depuis le 2001 de Kubrick devenu la condition sine qua none du respect du cinéma vis-à-vis de la réalité scientifique et sensorielles des univers (cosmiques et autres) qu’il cherche à décrire. Un phénomène dont Chion souligne l’étonnante singularité, remarquant que si l’image a le droit à toute forme de liberté (ellipse, coupe spatiale) à l’égard des règles de réalisme en vigueur, le son, lui, s’en trouve totalement dépourvu, devant se conformer à une vraisemblance érigée en un véritable critère de qualité. Cette problématique générale a ceci de passionnant qu’elle engage une série de réflexions particulièrement fécondes. Loin de restreindre son corpus au sous-genre du space opera, l’auteur envisage l’ensemble de l’histoire de la science-fiction cinématographique (avec une accointance naturelle pour les films américains). S’ouvrant avec Le Voyage dans la lune de Méliès, l’essai s’attarde plus ou moins longuement sur l’ensemble des fleurons du genre à travers un brassage d’époques tout à fait enthousiasmant (Les Soucoupes volantes attaquent, Planète interdite, Le Voyage fantastique, 2001:L’Odyssée de l’espace, Rencontres du troisième type, Star Wars, Seul sur Mars, Premier contact…). L’une des forces de l’ouvrage tient de sa force conceptuelle, caractère propre à l’écriture de Chion, que l’on retrouve dans l’établissement d’une taxinomie théorique et analytique à la fois claire et cohérente (et dont la présence d’un glossaire permet d’en retenir les éléments essentiels). Au-delà de la seule question cinématographique, la réflexion de l’auteur interroge notre rapport à notre environnement sonore, terrestre et extra-terrestre, naturel et technologique, audible ou difficilement identifiable. De fait, ces Sons dans l’espace nous invitent à penser et à écouter autrement les représentations peuplant notre quotidien. Un enseignement, dont Chion s’est fait le grand spécialiste (voir sur ce point son excellent site Internet et auquel cet écrit assure, à nouveau, la grande valeur esthétique et sociologique.

• DES SONS DANS L’ESPACE. À L’ÉCOUTE DU SPACE OPERA
• Auteur : Michel Chion
• Éditions : Capricci
• Collection : Actualité critique
• Date de parution : 4 avril 2019
• Format : 112 pages
• Tarif: 8,95 €