Synopsis : Tori Breyer a perdu tout espoir de devenir mère un jour, quand arrive dans sa vie un mystérieux bébé. Le petit Brandon est tout ce dont elle et son mari, Kyle, ont toujours rêvé : c’est un petit garçon éveillé, doué et curieux de tout. Mais à l’approche de la puberté, quelque chose d’aussi puissant que sinistre se manifeste chez lui. Tori nourrit bientôt d’atroces doutes sur son fils. Désormais, Brandon n’agit plus que pour satisfaire ses terribles besoins, et même ses proches sont en grave danger alors que l’enfant miraculeux se transforme en un redoutable prédateur qui se déchaîne sur leur petite ville sans histoire…
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Et si Superman n’était pas un être bienveillant, mais un psychopathe voulant détruire tous ceux qui l’empêchent d’obtenir ce qu’il souhaite ? C’est cette théorie sordide, imaginée par les scénaristes et cousins Gunn, qui est à l’origine de Brightburn – L’Enfant du Mal. Cette pratique de revisiter l’histoire des super-héros dans le monde des comics, qui y consacre même des numéros spéciaux baptisés « What if ? », est un procédé plus rare au cinéma. Réalisé par David Yarovesky (The Hive) et produit par un autre membre de la famille des scénaristes, James Gunn, réalisateur des Gardiens de la Galaxie, le film reprend les décors du Kansas, associé à la jeunesse du Kryptonien recueilli par un couple de fermiers sans enfants, mais remplace Smallville par la nouvelle bourgade fictive de Brightburn. Détournant les attentes des spectateurs vis-à-vis du film de super-héros afin de l’amener vers l’horreur, le jeune Brandon Breyer, brillamment interprété par Jackson A. Dunn (Avengers : Endgame), se révèle plutôt un croisement entre Clark Kent et Michael Myers qu’un super-héros dont la bonté est proportionnelle à l’étendue de ses pouvoirs surhumains. David Yarovesky s’inspire d’ailleurs du classique de John Carpenter pour les plans suggérant que Brandon observe ses proies et réutilise de manière flagrante les codes des deux genres cinématographiques, tels des clins d’œil qui prennent souvent une tournure vers l’humour noir. Pendant une heure et demi, on assiste à une réalisation de qualité dans son ensemble, en dépit de son petit budget, selon les critères hollywoodiens. Pourtant, son idée de base assez originale subit un traitement inégal. Les superbes trouvailles de mise en scène sont parfois plombées par certaines facilités narratives.
La réalisation de Yarovesky serait sûrement plus percutante s’il avait emprunté des éléments au thriller psychologique, permettant de semer le doute quant à la véritable nature du protagoniste, au lieu de montrer en évidence un adorable petit garçon qui se métamorphose soudainement en pré-ado à l’esprit manipulateur et meurtrier. Malgré un potentiel qui, parfois, n’est pas entièrement exploité, Brightburn – L’Enfant du Mal s’avère audacieux dans son propos bousculant les préceptes sur lesquels se fonde le personnage super-héroïque traditionnel et, par extension, les croyances établies par la pop culture. Contenant de nombreuses scènes mémorables, atroces pour les plus sensibles, réjouissantes pour les amateurs de gore, il élabore avec une bonne dose d’originalité, tout en évoquant des références multiples, un univers bien plus sombre que celui que l’on voit habituellement dans les films de super-héros. Cette construction autour de son personnage principal parvient à captiver. L’origin story de ce Superman maléfique intrigue, suscitant beaucoup d’interrogations sur l’identité, ainsi que le futur de Brandon Breyer, laissant augurer l’idée qu’elle pourrait constituer le premier volet d’une nouvelle franchise centrée sur ce super-héros destructeur.
- BRIGHTBURN – L’ENFANT DU MAL (Brightburn)
- Sortie salles : 26 juin 2019
- Réalisation : David Yarovesky
- Avec : Elizabeth Banks, David Denman, Jackson A. Dunn, Matt L. Jones, Meredith Hagner, Abraham Clinkscales, Christian Finlayson, Jennifer Holland, Emmie Hunter, Becky Wahlstrom
- Scénario : Brian Gunn et Mark Gunn
- Production : James Gunn, Kenneth Huang, Matthew Medlin
- Photographie : Michael Dallatorre
- Montage : Andrew S. Eisen et Peter Gvozdas
- Décors : Patrick M. Sullivan Jr.
- Costumes : Autumn Steed
- Musique : Tim Williams
- Distribution : Sony Pictures Releasing France
- Durée : 1h30