Suicide Squad de David Ayer : critique

Publié par Erwin Haye le 4 août 2016

Synopsis : Face à une menace aussi énigmatique qu’invincible, l’agent secret Amanda Waller réunit une armada de crapules de la pire espèce. Armés jusqu’au dents par le gouvernement, ces Super-Méchants s’embarquent alors pour une mission-suicide. Jusqu’au moment où ils comprennent qu’ils ont été sacrifiés. Vont-ils accepter leur sort ou se rebeller ?

♥♥♥♥

 

Suicide Squad - affiche

Suicide Squad – affiche

Avec BATMAN v SUPERMAN (notre critique), le message envoyé par DC Entertainment et Warner Bros était clair : l’année 2016 sera sous le signe du badass. Les super-héros sont morts, vive les super-méchants. Après deux années de battage promotionnel intense sur internet et les réseaux sociaux, l’éternel rival de Marvel présente à son tour son bad guy movie avec Suicide Squad. Deux ans d’une stratégie marketing séduisante visant à alimenter les communautés de fans impatientes et à appâter les éventuels curieux. Cette attente fut aussi longue que crispante et une fois assis dans l’obscurité de la salle de cinéma, on se rend compte que les images présentées avant la sortie étaient non contractuelles. Preuve que Suicide Squad n’était au final qu’un joli tour de force commercial. Si l’on observe les nombreuses bandes annonces, on remarque que ces dernières ont régulièrement changé de ton au fil du temps. Tout d’abord fidèle à l’univers sombre de DC, insufflé notamment par la trilogie The Dark Knight de Christopher Nolan, le projet a viré progressivement vers une profusion de couleurs, tout en troquant ses sonorités sourdes et inquiétantes pour une bande originale omniprésente. Comment expliquer ce revirement ? La réponse se trouve peut-être du côté du concurrent. Avec le succès critique et public des GARDIENS DE GALAXIE (notre critique) et surtout de DEADPOOL (notre critique), au ton trash, mal élevé et délirant, Marvel a fait un carton au box office, franchissant un cap dans l’évolution des codes du film de super-héros.

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Suicide Squad de David Ayer

Suicide Squad de David Ayer

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Pour rester dans le coup et satisfaire les goûts du public, il suffisait donc de suivre la voie de l’excentricité et de la subversion. Si l’effet Deadpool est flagrant sur le film de DC, les producteurs ont toutefois refusé d’avouer quelconque influence du succès du super-héros de Marvel en affirmant que Suicide Squad restait avant tout un spectacle familial. En tentant de se « marvelliser » en cours de route, le film de David Ayer se retrouve finalement sans identité, perdu entre deux visions diamétralement opposées sur la façon d’adapter et de représenter l’univers des comics. À partir de ce constat, le reste ne peut guère briller. Suicide Squad est constamment en décalage, se trompe dans ses intentions, son exposition des personnages en ouverture, son mélange des genres, ses flashbacks répétitifs, son montage et forme un sentiment d’incohérence générale. Son scénario et sa mise en scène empruntent plus à l’univers du jeu vidéo et aux codes du beat them all qu’à celui de la bande dessinée et des comics, et les nombreuses musiques rock censées fluidifier l’action et donner de l’entrain s’enchaînent sans pause, produisant un désagréable effet de lourdeur. Chaque séquence est alors enfermée dans une bulle musicale quasi clipesque qui nuit au bon déroulement de l’œuvre.

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Harley Quinn (Margot robbie) et Deadshot (Will Smith) dans Suicide Squad de David Ayer

Harley Quinn (Margot robbie) et Deadshot (Will Smith) dans Suicide Squad de David Ayer

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Mais ce qui est le plus dommageable pour les super-productions de super-héros, c’est de rater la construction des rôles de méchants. Ici, le film en est truffé, ce qui laisse peu de place à chacun de montrer toute la complexité et la profonde violence de leur personnage, au service d’une agent du gouvernement Amanda Waller (imposante Viola Davis). Will Smith et Margot Robbie, incarnant respectivement le tueur à gages Deadshot et la petite amie du Joker Harley Queen, sont clairement mis en avant, tandis que les seconds couteaux de l’escouade cherchent en vain une miette de dialogues à se mettre sous la dent. Les pauvres doivent de plus rivaliser avec la plastique surexposée de Margot Robbie pour prétendre d’exister à l’écran. De même, largement exploité par la campagne marketing, le personnage emblématique du Joker, passablement interprété par Jared Leto, est relégué aux derniers rangs et fait office de signe de reconnaissance et de toile de fond. En voulant provoquer sans choquer, la tendance bipolaire du petit dernier de chez DC/WB aura eu raison de lui. David Ayer transforme de dangereux sanguinaires en salauds bien trop sympathiques et c’est le château de cartes qui s’effondre, le Joker avec. Des effets visuels assez remarquables, des tentatives louables et une excellente performance de Margot Robbie en Harley Queen, à la fois soumise et puissante, ne compensent pas la vacuité du film. Malgré son énorme potentiel, Suicide Squad en devient un produit exaspérant, survendu et mensongé de DCEU. 

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Erwin Haye

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  • SUICIDE SQUAD réalisé par David Ayer sorti en salles depuis le 3 août 2016.
  • Avec : Will Smith, Margot Robbie, Jared Leto, Viola Davis, Cara Delevingne, Scott Eastwood, Joel Kinnaman, Jai Courtney, Ike Barinholtz, Jay Hernandez, Karen Fukuhara, Adewale Akinnuoye-Agbaje…
  • Scénario : David Ayer, d’après les personnages créés par DC Comics
  • Production : Charles Roven, Richard Suckle
  • Photographie : Roman Vasyanov
  • Montage : John Gilroy
  • Décors : Oliver Scholl
  • Costumes : Kate Hawley
  • Musique : Steven Price
  • Distribution : Warner Bros
  • Durée : 2h03

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