Les Œillades 2019 / Seules les bêtes de Dominik Moll : critique 

Publié par Sévan Lesaffre le 21 novembre 2019

Synopsis : Une femme a disparu. Le lendemain d’une tempête de neige, sa voiture est retrouvée sur une route qui monte vers le plateau où subsistent quelques fermes isolées. Alors que les gendarmes n’ont aucune piste, cinq personnes se savent liées à cette disparition. Chacune a son secret, mais personne ne se doute que cette histoire a commencé loin de cette montagne balayée par les vents d’hiver, sur un autre continent où le soleil brûle, et où la pauvreté n’empêche pas le désir de dicter sa loi.

 

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Seules les betes - affiche

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Polar rural intense à la structure narrative singulière et sophistiquée, l’intriguant Seules les bêtes de Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien) relate la mystérieuse disparition d’une femme dans une région montagneuse et enneigée. Cinq personnages sont touchés par ce drame et les secrets de chacun se dévoilent au moyen d’un ingénieux chapitrage reliant méticuleusement toutes les trajectoires parallèles qui le composent. Ainsi, à chaque nouvelle pièce du puzzle se superpose une couche supplémentaire du récit global, une autre perspective, de nouveaux éléments, qui apportent un éclairage neuf sur les circonstances tragiques et fragmentées. Les points de vue incomplets se succèdent, s’imbriquent les uns dans les autres. Pièce maîtresse de la mise en scène méthodique de Dominik Moll, ce dispositif met l’accent sur l’enchevêtrement des regards rendu possible par la répétition et la relecture des scènes-clés filmées sous différents angles. Ce qui pourrait n’être qu’une idée formelle raconte la profonde détresse de ces individus habités par le désespoir et la misère affective. Rythmé par une tension et un suspense constants, Seules les bêtes transporte le spectateur de la campagne française à Abidjan – métropole africaine où certains jeunes rêvent de faire fortune en devenant cyber-arnaqueurs –, et exploite pleinement le potentiel cinématographique de ses paysages. Le fort contraste entre le Causse enneigé et les ambiances moites et poussiéreuses de la Côte d’Ivoire, oppose ces deux mondes pourtant « connectés » via un écran de projection figuré par le réseau Internet, lequel décuple le pouvoir de fantasmer des histoires invraisemblables. De même, la tendre mélodie de Tu t’en vas d’Alain Barrière cherche à rompre avec la noirceur du propos.

 

Seules les betes

Seules les bêtes

 

Fidèle à ses thrillers à la lisière du film de genre, le cinéaste explore ici des thématiques variées telles que la solitude rurale, l’idéalisation amoureuse, l’aveuglement face au désir, les désillusions engendrées par les nouvelles technologies, l’appât du gain, l’envie d’échapper au quotidien ou encore la dimension d’irrationalité à laquelle l’être humain confie parfois son destin. Tous ces éléments assemblés, tirés du roman éponyme de Colin Niel, composent une sombre tragédie illuminée par un casting de qualité. Aux côtés d’une Laure Calamy (La Dernière folie de Claire Darling) moins fantasque qu’à l’accoutumée, on retrouve Denis Ménochet (Jusqu’à la garde) en enfant trop crédule, Damien Bonnard (Les Misérables), le fermier lugubre et solitaire ou Bastien Bouillon (Carnivores), le gendarme inoffensif. Enfin, Valeria Bruni Tedeschi (Les Estivants) crève l’écran dans le rôle d’Evelyne Ducat, quinquagénaire refusant de se laisser déborder par ses sentiments pour la ravissante Marion, remarquablement interprétée par Nadia Tereszkiewicz.

 

Assemblage de personnalités vulnérables portées par le désir d’aimer et d’être aimé, Seules les bêtes rappelle au spectateur que le hasard est toujours plus fort que lui.

 

 

 

  • SEULES LES BÊTES
  • Sortie : 4 décembre 2019
  • Réalisation : Dominik Moll
  • Avec : Laure Calamy, Denis Ménochet, Valeria Bruni Tedeschi, Damien Bonnard, Bastien Bouillon, Nadia Tereszkiewicz, Guy Roger « Bibisse » N’Drin…
  • Scénario : Gilles Marchand, Dominik Moll d’après l’Å“uvre originale de Colin Niel
  • Production : Carole Scotta, Caroline Benjo, Barbara Letellier, Simon Arnal
  • Photographie : Patrick Ghiringhelli
  • Montage : Laurent Rouan
  • Décors : Emmanuelle Duplay
  • Costumes : Isabelle Pannetier
  • Musique : Benedikt Schiefer
  • Distribution : Haut et Court
  • Durée : 1h57

 

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