Synopsis : Sarah est une astronaute française qui s’apprête à quitter la terre pour une mission d’un an, Proxima. Alors qu’elle suit l’entraînement rigoureux imposé aux astronautes, seule femme au milieu d’hommes, elle se prépare surtout à la séparation avec sa fille de 8 ans.
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Pour son troisième long-métrage Alice Winocour (Augustine, Maryland et coscénariste de Mustang) revisite le film spatial à travers une dimension très personnelle et un discours à résonance féministe. Ainsi, Proxima s’inscrit dans un renouveau du genre initié par le succès de Gravity en 2013 qui accorde plus d’importance à la vie privée des personnages qu’à l’action. Ici, point de science-fiction ou d’effets spéciaux spectaculaires. L’accent est plutôt mis sur l’intimité de son héroïne que sur la mission elle-même. D’ailleurs, on ne quitte jamais la Terre. Eva Green, que l’on voit habituellement incarner des femmes énigmatiques et souvent manipulatrices, endosse un rôle assez surprenant qui s’avère taillé sur mesure. Elle interprète Sarah, une mère attentionnée et très attachée à son entourage, qui laisse transparaître à la fois une grande part d’humanité, de la détermination et une forte personnalité. La relation mère-fille, dont la séparation imminente symbolise ce qui est en passe de s’effectuer entre l’être humain et la Terre, est explorée sous un angle rare au cinéma. Malgré sa composante métaphorique et sa dimension mystique, une sensation de réalité quasi documentaire transparaît. Cet effet est dû en bonne partie par la manière pointilleuse dont est relatée la préparation rigoureuse des astronautes. Ce réalisme fonctionne grâce à l’importante participation à la réalisation de l’European Space Agency. L’organisme a informé l’équipe technique sur le quotidien dans une agence spatiale, tout en aidant les acteurs à rentrer dans la peau de leurs personnages. L’ESA a également donné l’autorisation d’utiliser plusieurs de ses locaux pour le tournage.
Pourtant, une légère défaillance vient contrebalancer ces atouts incontestables. On s’attendait à avoir un aperçu plus important des difficultés rencontrées par les femmes qui se lancent dans cette profession à dominante masculine. Or, bien qu’on puisse par moments entrapercevoir des bribes du machisme dans ce milieu, cet obstacle apparaît comme très secondaire pour Sarah. Finalement, ce qui ressort est le tiraillement de la séparation avec ses proches pendant une longue période et l’intensité de l’entraînement physique afin de préparer l’enveloppe humaine à devenir une sorte de corps cobaye apte à explorer des lieux extraterrestres. La cinéaste signe un bel hommage qui met à l’honneur les exploits des exploratrices de l’Espace.
Toujours dans cet esprit qui célèbre la capacité des femmes à exercer un métier où elles sont encore très peu représentées, Proxima se conclut par une dernière séquence touchante au cours de laquelle s’exprime l’accomplissement de Sarah, mais aussi celui de sa fille Stella (Zélie Boulant-Lemesle). Un moment suivi du générique de fin rappelant cette gent féminine qui a réussi à être à la fois femme, mère et astronaute dans la vie réelle.
- PROXIMA
- Sortie salles : 27 novembre 2019
- Réalisation : Alice Winocour
- Avec : Eva Green, Matt Dillon, Sandra Hüller, Lars Eidinger, Jan Oliver Schroeder, Nancy Tate, Aleksey Fateev, Zélie Boulant-Lemesle, Birger Frehse, Marc Fischer, Vitaly Jay
- Scénario : Alice Winocour et Jean-Stéphane Bron
- Production : Isabelle Madelaine et Emilie Tisné
- Photographie : Georges Lechaptois
- Montage : Julien Lacheray
- Décors : Camille Bougon-Pigneul
- Costumes : Pascaline Chavanne
- Musique : Ryuichi Sakamoto
- Distribution : Pathé Films
- Durée : 1h47