Synopsis : La rebelle Maeve entraîne Otis, un ado vierge mais doté d’une mère sexologue, dans la création d’une cellule de thérapie sexuelle clandestine au sein de leur lycée…
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Si vous êtes branché·e·s séries, impossible d’être passé à côté du phénomène Sex Education. Véritable manuel d’éducation sexuelle à destination des millenials, Netflix a de nouveau prouvé savoir cibler son public. Avec la sortie de sa deuxième saison sur la plateforme, la création continue d’explorer la sexualité sans tabou à travers une galerie de personnages complexes et fascinants. C’est avec un plaisir renouvelé que les fans retrouveront Otis (Asa Butterfield), jeune homme vierge dont la mère (Gillian Anderson) est sexologue, ainsi que ses camarades du lycée Moordale. Du sportif populaire Jackson à la rebelle cultivée Maeve, en passant par les weirdos en bas de l’échelle sociale, chaque personnage est un stéréotype que la série déconstruit pour en faire des adolescent·e·s teinté·e·s de contradictions et en quête de sens. Gène probablement hérité de la série Glee, qui a suscité depuis quelques années un besoin d’inclusivité sur le petit écran, Sex Education n’hésite pas à décliner toutes les couleurs de l’arc-en-ciel LGBT. On regrette seulement que le personnage principal soit trop souvent un homme blanc cisgenre hétérosexuel, socle de granite sur lequel on déplace le curseur de la différence. Car quoi qu’on en dise, si le personnage d’Otis souligne la diversité du casting, il symbolise aussi ce que la société qualifie à tort de « normal ». La deuxième saison parvient pourtant à rectifier le tir, en donnant plus d’importance à Eric (Ncuti Gatwa), jeune homme gay afro-américain. En quittant son rôle de GBF (gay best friend), position plus que problématique dans les productions télévisuelles, son personnage prend de l’ampleur et permet de représenter sans détours l’homosexualité à l’écran.
Mais la série ne s’arrête pas là . Pansexuel·le, asexuel·le, lesbienne, la série scrute à la loupe tous les aspects de l’identité sexuelle et de genre à travers des ados en pleine découverte de leur corps. Pas question de faire des chichis et de recouvrir ces sujets d’un voile pudibond. Au contraire, Sex Education prend chacun des tabous à bras-le-corps et disserte avec pédagogie sur la sexualité moderne. Et ça marche ! Plus utile qu’un cours d’éducation sexuelle au collège à base de vidéos archaïques des années 80, à l’époque où sexe rimait avec procréation et le clitoris était encore le grand absent du programme, la création Netflix enveloppe ses leçons dans une intrigue pop et dynamique. Et en profite pour pointer du doigt la médiocrité de l’éducation sexuelle à l’école, qui véhicule une image conservatrice et n’a pas su passer le cap du XXIème siècle.
Lors de la première saison, Sex Education évoquait notamment le vaginisme, la masturbation féminine et masculine, ainsi que l’avortement. Autant de sujets qui feraient tressauter les puritains de la vieille école. Les huit nouveaux épisodes apportent quant à eux leur lot de surprises et s’intéressent davantage à la dynamique familiale de chaque personnage. En comprenant les relations parentales, la série entend encourager la communication intergénérationnelle. Parler, c’est déconstruire les stéréotypes de genre et estomper la honte autour du sexe.
Cette visée éducative, Sex Education l’affirme par ailleurs à l’occasion de la sortie d’un manuel d’éducation sexuelle du même nom (à commander gratuitement ICI, signée Charlotte Abramow. « Parler de cul de manière décomplexée », telle est l’ambition et la photographe et réalisatrice belge, à qui l’on doit le clip Balance ton quoi de la chanteuse Angèle. Afin de promouvoir l’ouvrage, l’actrice Emma Mackey (Maeve Wiley) prête son visage et donne notamment une leçon sur le consentement. Figure forte de la série, la jeune femme incarne un personnage qui prône l’empowerment et valorise la culture féministe, grâce à des titres de livres emblématiques glissés ça et là .
Sur un ton léger, la série alterne donc pédagogie et divertissement avec virtuosité, sans jamais perdre de vue son objectif. En bref, Sex Education envisage le sexe comme un buffet gargantuesque dans lequel chacun pioche ce qui lui fait envie, binge (se goinfrer) ou se mettre à la diète. Et, si l’on a un petit creux, on peut toujours binge watcher les seize épisodes sans risquer de faire une indigestion.
- SEX EDUCATION
- Diffusion : depuis le 11 janvier 2019 (saison 1) – depuis le 17 janvier 2020 (saison 2)
- Chaîne/ Plateforme : Netflix
- Création : Laurie Nunn
- Avec : Asa Butterfield, Gillian Anderson, Ncuti Gatwa, Emma Mackey, Connor Swindells, Kedar Williams-Stirling, Alistair Petrie, Aimee Lou Wood, Tanya Reynolds, Patricia Allison, Sami Outalbali…
- Durée : deux saisons de 8 épisodes de 45-50 minutes