Résumé : Loin d’être systématiquement opposés par leur mode de production, leur public ou même leur portée artistique, cinéma et télévision sont liés par leur exploitation de la sérialité. Quels liens entretient la sérialité au sens large avec le récit audiovisuel ? Quelle est sa spécificité en tant que stratégie narrative dans les arts audiovisuels ? Quelles implications esthétiques, culturelles, industrielles et économiques sont à l’œuvre dans les multiples formes de sérialité audiovisuelle qui existent ? À travers l’histoire du cinéma mais aussi de son évolution inter-médiatique suite à l’arrivée de la télévision et d’internet, ainsi que l’analyse d’œuvres comme Hannibal, CSI, Scream ou encore Wolverine, cet ouvrage éclaire sur les mécanismes et les contraintes de l’écriture audiovisuelle en série.
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En choisissant d’interroger la notion de « sérialité », cet ouvrage collectif placé sous la direction de Anne Crémieux, maître de conférences en cinéma et civilisation américaine à l’Université Paris-Ouest Nanterre, et Ariane Hudelet, maître de conférences en études anglophones à l’Université Paris-Diderot, propose une réflexion hybride, brassant un corpus éclectique pour redéfinir l’histoire des images en mouvement à travers le prisme d’une dynamique singulière. Cet apport historique s’affirme dès le premier texte de l’étude consacré au rôle joué par la structure feuilletonnesque dans l’édification de l’industrie cinématographique. À cette réflexion liminaire répond un retour au long cours sur l’évolution des films de Frankenstein produits par la Hammer. Il ressort de ces deux contributions un ensemble de stratégies économiques, narratives et médiatiques articulées autour de la variation et de la reprise que l’on retrouve au cœur des productions cinématographiques et télévisuelles contemporaines. La série Dollhouse permet ainsi d’analyser le lien entre deux approches de la sérialité sur le petit écran (les boucles unitaires du « formulaire » et les intrigues prolongées du « feuilletonnant »), tandis que les figures de Hannibal Lecter et Ghostface assurent la rencontre entre différents formats et logiques de répétition. La grande qualité de l’ouvrage est d’ouvrir des pistes de réflexion inattendues ou insolites. L’œuvre de Michael Moore permet ainsi de renouveler les approches traditionnelles du documentaire et la problématique du temps s’offre comme une focale intéressante pour interroger les mutations du corps et des mythologies d’acteurs (Sylvester Stallone, Arnold Schwarzenegger, et Bruce Willis, notamment). Enfin, on notera la présence de productions peu souvent étudiées et qui profitent ici d’une attention soutenue à leurs particularités de forme et de fond (ainsi de la série Lilyhammer). Si l’on peut regretter l’absence d’index et le manque de clarté dans la structure de la bibliographie, les Presses universitaires François-Rabelais font malgré tout honneur à leur réputation. La mise en page aménage une place de choix aux illustrations d’excellente facture. Captures d’écran et reproductions (affiches et images d’archives) vivifient l’ordonnance des contributions et agrémentent grandement la lecture.
- LA SÉRIALITÉ À L’ÉCRAN. COMPRENDRE LES SÉRIES ANGLOPHONES
- Autrices : Anne Crémieux et Ariane Hudelet (sous la direction de)
- Éditions : Presses Universitaires François-Rabelais
- Collection : Sérial
- Date de parution : 27 février 2020
- Format : 232 pages
- Langues : Français uniquement
- Tarif : 26 €