Synopsis : Quand Mickey Pearson, baron de la drogue à Londres, laisse entendre qu’il pourrait se retirer du marché, il déclenche une guerre explosive : la capitale anglaise devient le théâtre de tous les chantages, complots, trahisons, corruptions et enlèvements… Dans cette jungle où l’on ne distingue plus ses alliés de ses ennemis, il n’y a de la place que pour un seul roi !
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Retour aux sources pour celui qui avait superbement débuté sa carrière avec Arnaques, Crimes et Botanique, suivi de Snatch, Revolver et RocknRolla. Après une décennie passée à réaliser des adaptations en demi-teintes de personnages célèbres (Sherlock Holmes, Le Roi Arthur et Aladdin), Guy Ritchie revient à ses premières amours : le film choral de gangsters qui s’ancre dans un décor très british. On retrouve l’humour provocateur, les visuels outranciers et le rythme frénétique qui ont fait sa réputation. Et tout comme le cinéaste, ses personnages ont évolué. Exit les nouveaux brigands qui veulent à tout prix se faire une place dans le milieu de la pègre britannique. S’ils apparaissent toujours, ce ne sont plus eux les protagonistes. On est maintenant du côté de Mickey Pearson, américain expatrié au Royaume-Uni qui règne sur le trafic britannique de cannabis. Ce géant du commerce illégal de marijuana est incarné avec brio par Matthew McConaughey à l’allure magistrale et à l’humour pince-sans-rire. Au fil des années, le baron chevronné, malgré ses origines très modestes, a changé et ne s’identifie plus tellement à son activité qui l’oblige souvent à se salir les mains. Par sa décision de mettre en vente son empire, le boss à la tête de plusieurs dizaines de plantations déclenche un bain de sang auprès des malfrats londoniens, le tout dans un style purement ritchien. On aurait pu s’attendre à ce que la caméra adopte la perspective du roi de la weed. Mais il n’en est de rien. Guy Ritchie reste fidèle à ses principes avec un déroulement hyperactif qui alterne les points de vue et donne l’occasion d’afficher son casting cinq étoiles.
Les suppositions de Fletcher (Hugh Grant), un détective privé passionné par l’écriture de scénario et le narrateur principal, sont régulièrement rectifiées par Raymond (Charlie Hunnam), l’homme de main de ce baron du cannabis. De son côté, Colin Farrell incarne un coach d’une équipe de boxe dont les membres ont un gros penchant pour le hip-hop. Quant à Henry Golding, révélé dans Crazy Rich Asians, il y joue un sous-chef de la mafia chinoise de Londres, désireux de reprendre l’exploitation de Pearson afin de détrôner la tête du dragon de son clan. Les fans de Downton Abbey auront sans doute le plaisir de découvrir une toute autre Lady Mary (Michelle Dockery) dans le rôle beaucoup moins sage d’épouse de grand trafiquant qui a une position primordiale dans les affaires de son mari.
Guy Ritchie s’amuse ainsi à reprendre les codes de ses premiers succès pour les insérer dans l’Angleterre d’aujourd’hui. Cet élan nostalgique est visible dès le générique d’ouverture grandiose et majestueusement stylisé. Ce procédé devenu rare reste caractéristique des réalisateurs anglo-saxons ayant débuté leur carrière dans les années 90, tels que Quentin Tarantino et David Fincher. À l’image de Mickey Pearson, blasé d’être à la tête d’une entreprise souterraine et de devoir jouer au caïd, le cinéaste semble lassé d’essayer de déconcerter le public. Il dévoile ici une part intime de lui-même, posant son regard sur l’industrie cinématographique actuelle. Et c’est sans doute ce qui constitue l’un des meilleurs atouts de son film de gangsters : un parallèle entre le milieu du banditisme et celui du cinéma par une mise en abyme hilarante et impeccablement gérée.
- THE GENTLEMEN
- Sortie salles : 5 février 2020
- Réalisation : Guy Ritchie
- Avec : Matthew McConaughey, Hugh Grant, Charlie Hunnam, Michelle Dockery, Henry Golding, Jeremy Strong, Eddie Marsan, Colin Farrell, Lyne Renée, Tom Wu, Chidi Ajufo, Simon Barker, Jason Wong, John Dagleish
- Scénario : Guy Ritchie
- Production : Guy Ritchie, Ivan Atkinson, Bill Block, Max Keene
- Photographie : Alan Stewart
- Montage : James Herbert et Paul Machliss
- Décors : Gemma Jackson
- Costumes : Michael Wilkinson
- Musique : Christopher Benstead
- Distribution : SND
- Durée : 1h38