Face à l’annulation du Festival de Cannes aux dates initiales, Spike Lee, choisi comme président de cette édition, s’est exprimé sur la décision exceptionnelle d’un éventuel report, et sur la pandémie, qu’il affronte avec sa famille.
Ce 19 mars, l’équipe du Festival de Cannes a fait tomber le couperet, annonçant dans un communiqué officiel l’annulation de l’événement aux dates prévues, en mai, pour un éventuel report en juin ou juillet prochain. Une évidence pour beaucoup, après le passage au stade 3 de la pandémie de Covid-19. Président de cette 73e édition, le cinéaste militant afro-américain Spike Lee, a réagi en exclusivité dans Variety à cette décision.
Selon ce dernier, interrogé par le magazine peu après l’annonce, la mise en suspens de l’édition sous sa forme traditionnelle est une bonne chose : « Je suis entièrement d’accord avec Thierry et le Festival de Cannes […] Le monde a changé et il change chaque jour. Des gens meurent et le président français a dit, à plusieurs reprises — je paraphrase — »Nous sommes en guerre. » Nous sommes en temps de guerre. », a-t-il assuré, reprenant la formule utilisée par Emmanuel Macron lors de son allocution du 13 mars dernier.
Pour le réalisateur de BlackKklansman, défenseur humaniste de la cause Noire américaine et des minorités au cinéma et dans la culture, il n’est pas question de jouer avec la santé publique, même pour des événements de l’envergure du Festival, qu’il fréquente depuis ses débuts et son film primé à la Quinzaine en 1986 She’s Gotta Have It (Nola Darling n’en fait qu’à sa tête) : « Les choses que nous aimons doivent être reléguées à l’arrière-plan : les films, la télévision, les sports, la NBA, un sport mondial, le baseball. Beaucoup de choses ont été reportées, et je suis d’accord avec cette décision. », explique-t-il encore dans les colonnes du magazine.
Toutefois, Lee, qui vit à Brooklyn confiné avec sa famille, ne tire pas un trait sur le Festival et se dit disposé, en temps voulu, et lorsque les conditions le permettront, à reprendre ses fonctions de président : « N’oublions pas qu’il s’agit du plus grand festival de cinéma au monde, de la plus grande scène de cinéma au monde, et je serai le premier président noir du jury », rappelle-t-il.
Il rappelle également à cesser d’emboîter le pas à Donald Trump, qui considère le Coronavirus comme un « virus chinois », martelant : « Arrêtez de parler de virus chinois. Il n’y a personne autour de lui pour dire »Vous ne pouvez plus dire ça » ? Cela n’aide pas du tout. […] « Il met les Américains d’origine asiatique en danger dans ce pays. On ne peut tout simplement pas dire cela. ». Spike Lee dit faire de son mieux, et respecter les consignes « comme chacun le fait », entouré de ses proches, et « essayer de surmonter » cette période incertaine.
Les dirigeants du Festival feront connaître leur décision arrêtée prochainement.