VOD / Donnybrook de Tim Sutton : critique

Publié par Erica Farges le 23 mars 2020

Synopsis : Ex-marine, Jarhead est un père désespéré. Non seulement il est prêt à tout pour nourrir ses enfants, mais c’est aussi un combattant redoutable. Le Donnybrook, un tournoi de combat à poings nus qui se déroule dans les forêts de l’Indiana, constitue pour lui une chance unique d’accéder à une vie meilleure. Le prix accordé en espèces au gagnant résoudra tous ses problèmes, il en est convaincu. Chainsaw Angus, de son côté, a raccroché les gants depuis longtemps. Cette légende des combats clandestins, jusqu’alors invaincue, s’est reconvertie avec sa sœur, Liz, dans la fabrication de méthamphétamine. Le Donnybrook sera le lieu de leur perdition… ou de leur rédemption.

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Donnybrook - affiche

Donnybrook – affiche

Réalisateur de cinéma indépendant américain dont les films sont régulièrement sélectionnés par des festivals, tels que Sundance, Toronto et Venise, Tim Sutton demeure néanmoins relativement inconnu en France. La sortie en VOD de son quatrième long-métrage est l’occasion de découvrir ce cinéaste qui aime dépeindre différentes facettes des États-Unis à travers violence et réalisme brut. Après les déambulations d’un adolescent dans une banlieue aux paysages arides de l’Arizona, le périple d’un chanteur dans les rues de Memphis ou encore la fusillade d’Aurora, il s’inspire du roman de Frank Bill. Ayant lui-même grandi dans une petite ville de la campagne américaine, Sutton s’est immédiatement identifié à cette histoire. Chronique d’une région rurale du Midwest où la majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté, le titre du film fait référence au tournoi de combats à poings nus local. Pour les hommes et les pères de famille du coin, la récompense de 100 000 dollars en espèces au gagnant apparaît comme une opportunité en or, en dépit des dangers encourus pour tenter de l’obtenir. Ainsi, ces duels aux techniques rudimentaires symbolisent d’une certaine manière la lutte, souvent à leurs propres dépens, parfois au péril de leur vie, que sont incités à mener les habitants de ces régions reculées afin d’avoir une chance, très réduite, d’améliorer leur sort. De prime abord, on pourrait penser qu’il s’agit de montrer un tournoi de boxe à mains nues sous sa forme la plus physique. Or, cette attraction régionale est un prétexte à la mise en place habile d’un thriller sombre où chaque personnage se bat par tous les moyens pour assurer sa survie.

 

Donnybrook

Donnybrook

 

Plutôt réussi, Donnybrook prend aux tripes malgré quelques faiblesses de réalisation. On regrette notamment la lenteur de certains plans qui, au lieu d’accentuer le côté dramatique, casse le rythme et amoindrit l’impact de ce qui se passe à l’écran. Autre bémol, les tentatives d’esthétiser la violence qui ne fonctionnent pas toujours et donnent parfois un aspect trop factice à certaines séquences. Cependant, ces légers défauts n’empêchent pas de faire passer un message puissant sur le système D auquel une tranche importante de la population habitant les zones défavorisées des États-Unis est obligée d’avoir recours. L’une des réussites majeures est sûrement l’écriture de personnages qui permet de traiter le sujet en profondeur. À cela s’ajoute l’excellent casting porté par Jamie Bell, qui incarne un ancien marine, prêt à tenter le Donnybrook afin d’assurer un avenir meilleur à sa famille.

 

Donnybrook

Donnybrook

 

La star de Billy Elliot donne la réplique à Frank Grillo (Captain America, Avengers : Endgame) et Margaret Qualley (The Leftovers, Once Upon a Time… in Hollywood, Palo Alto). Ces deux derniers interprètent un frère et une sœur dont l’affaire familiale est le trafic de métamphétamine. Le concours de boxe à mains nues, qui semble être l’une des principales distractions des locaux, choque par sa brutalité. Mais, ce sont surtout les fusils et les pistolets que les personnages entreposent chez eux et portent comme des objets communs de première nécessité qui causent le carnage.

 

Tim Sutton continue ainsi sa critique cinglante de la culture de la violence, en particulier des armes à feu, qu’il avait entamée avec Dark Night, basé sur la fusillade au cours de la projection du film de Nolan dans un multiplexe d’Aurora. Ici, cette thématique est abordée par le paradoxe de ses personnages laissés-pour-compte. Si les poings et les armes sont terriblement meurtriers dans ce contexte, ils apparaissent aussi comme indispensable à la survie.

 

 

 

  • DONNYBROOK
  • Date de diffusion : à partir du 25 mars 2020
  • Chaîne / Plateforme : disponible sur toutes les plateformes VOD
  • Réalisation : Tim Sutton
  • Avec : Jamie Bell, Frank Grillo, Margaret Qualley, James Badge Dale, Chris Browning, James Landry Hébert, Adam Bartley, Pat Healy, Valerie Jane Parker, Kevin Crowley, Michael King
  • Scénario : Tim Sutton
  • Production : Stephanie Wilcox et David Lancaster
  • Photographie : David Ungaro
  • Montage : Scott Cummings
  • Décors : Jenn McLaren
  • Costumes : Mirren Gordon-Crozier
  • Musique : Phil Mossman
  • Distribution : The Jokers
  • Durée : 1h41

 

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