Résumé : Peut-on encore croire aux frontières entre musique, bruit et silence au cinéma ? Dans ce livre, vous explorerez les ressorts esthétiques du silence et les enjeux de son application. Vous naviguerez le long de la frontière poreuse entre bruit et musique, croisant les considérations usuelles sur le bruit, et serez transportés aux racines de la musique occidentale qui tracent les prémisses de cette démarcation.
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En choisissant d’articuler sa réflexion autour de trois notions clés, le silence, le bruit et la musique, Yohann Guglielmetti, réalisateur, compositeur, et docteur de l’École des arts de la Sorbonne en cinéma et musique, confère à son ouvrage une certaine densité historique et esthétique. À la croisée des disciplines musicales et cinématographiques, l’auteur se propose en effet de revenir sur les quelques a priori entourant encore la notion de bruit pour souligner ses liens avec la musicalité intérieure du silence. Le recours au champ lexical de la musicologie (la notion de « ton » notamment) permet ainsi de souligner les entrecroisements singuliers qui fondent la nature polysémique de l’écoute sonore. Ce premier point de contact trouve un champ d’application très concret au sein du cinéma des premiers temps et du début du parlant. Le relevé de « vides sonores » et de leur intérêt dramaturgique nous invite ainsi à passer de M le maudit à O’Brother, un large panorama que Guglielmetti commente à la lumière des évolutions de la technique sonore au cinéma. Cette musicalité du bruit et du silence conduit à discuter d’autres aspects, comme la question du son naturel ou artificiel. Le solo de claquettes de Fred Astaire à la fin de L’entreprenant monsieur Petrov rejoint la scène de la construction de la maison dans Zatôichi à travers la simulation de bruits naturels dans le but de rythmer musicalement une séquence. Les sons des volatiles dans Les Oiseaux reconduisent quant à eux la dramaturgie angoissante du silence et visent la composition d’une « musique totale » (notion développée par Pierre Schaeffer renvoyant à l’idée d’un signifiant sonore à l’état pur). Afin d’assurer le double enjeu théorique et pratique de son entreprise, l’auteur conclue sa réflexion à travers un retour sur l’exemple particulier du tonnerre. Celui-ci s’offre comme un motif iconologique apte à synthétiser les différentes approches de l’ouvrage, reliant image et son tout en assurant la rencontre de la dramaturgie du bruit et du silence. Là encore, le corpus d’exemples convoqué vise l’éclectisme. Le Frankenstein de James Whale dialogue avec Evil Dead, Ascenseur pour l’échafaud, Marnie, Une histoire vraie et Le grand sommeil. Assorti d’une complète bibliographie, d’un index des noms et des films, cette petite étude, dont on attend quelques prolongements, parvient à creuser un sillon original au sein du champ des études cinématographiques et musicales.
- SILENCE, BRUIT ET MUSIQUE AU CINÉMA
- Auteur : Yohann Guglielmetti
- Éditions : L’Harmattan
- Collection : Ouverture philosophique
- Date de parution : 11 février 2020
- Langues : Français uniquement
- Format : 120 pages
- Tarif : 12 € (version print) – 8,99 € (numérique)