Résumé : Figure légendaire de l’Âge d’or d’Hollywood, Errol Flynn fut surtout un acteur incontrôlable, scandaleux et charismatique, très éloigné des vedettes lisses et calibrées des temps modernes. Un homme politiquement incorrect, dont les confessions peuvent aujourd’hui faire rire… ou choquer. À l’écran, sa beauté et son dynamisme firent de lui un habitué des rôles héroïques : Capitaine Blood (1935), Les Aventures de Robin des Bois (1938), L’Aigle des mers (1940), La Charge fantastique (1941)… Mais chaque décor a son envers – certains plus sombres que les autres. Dans ses Mémoires posthumes, parus un an après sa mort, Flynn révélait tout de sa vie d’aventurier des mers, de ses conquêtes, de ses mensonges, de ses pitreries, de son alcoolisme Plus qu’aucun autre acteur de sa génération, il incarne l’ambivalence du mythe hollywoodien : la célébrité, le luxe, et l’envers du décor, machiste, violent, consumé par les excès.
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En ouvrant ses mémoires par la chronique d’une mort annoncée, Errol Flynn exprime sans doute certains paradoxes de son caractère. Sa nonchalance s’accompagne ainsi d’une attitude désabusée qui lui permet d’observer avec une ironie non dénuée de tendresse les multiples tracas qui traversèrent son existence. Enfant-aventurier parti à la chasse aux animaux exotiques de Tasmanie en compagnie de son père biologiste, Flynn devient l’une des vedettes hollywoodiennes les plus adulées pendant près d’une décennie. La suite, le cinéphile la connaît. Rongé par l’alcoolisme et écrasé par les dettes, la figure de Flynn sort de l’écran pour faire la Une de la presse à scandale. Et puis, l’oubli, avant qu’un heureux et inattendu concours de circonstances ne lui permette de revenir sur le devant de la scène à la fin des années 1950. Mais entre le fier Flynn de Capitaine Blood ou des Aventures de Robin des Bois et celui, vieilli pour ne pas dire ravagé, du Soleil se lève aussi et d’Une femme marquée, du temps a passé, quelques mariages aussi et beaucoup de litres d’alcool. À lire cet écrit (dont on rappellera qu’il bénéficia d’une première traduction française en 1977 sous le titre Mes 400 coups chez Olivier Orban), on prend plaisir à redécouvrir le Flynn que l’on a tant aimé. À la fois débonnaire et sarcastique, plein d’esprit et truculent, la star affirme son tempérament hédoniste en commentant de façon amusée les nombreuses polémiques qui agitèrent sa carrière. De sa haine envers Jack Warner (qui fut son producteur attitré dès le milieu des années 1930) à son amour pour ses réalisateurs fétiches (Michael Curtiz et Raoul Walsh), Flynn décrit avec flegmatisme sa passion pour la mer, les femmes et les plaisirs illicites. Son autoportrait correspond plus ou moins aux souvenirs qu’ont pu rapporter certains de ses contemporains (on se reportera notamment sur ce point à l’autobiographie de Walsh), pour s’offrir comme le récit édifiant, et ô combien passionnant, d’un libertin libre-penseur. Si l’on peut regretter que les éditions Séguier n’ait pas agrémenté le texte de quelques illustrations, il faut féliciter l’initiative de cette réédition. À lire ces pages, on en vient à penser que Flynn appartenait à une classe particulière de l’Olympe hollywoodien. Celle des incorrigibles Bacchus et autres Vénus de la dépravation, celle des pirates romantiques et des héros d’un autre temps. Son amour de l’Océan et sa volonté constante d’aller à l’encontre des bien-pensants le rapproche parfois de Sterling Hayden, autre magnifique maudit d’Hollywood qui trouva dans l’horizon des mers lointaines et des paradis artificiels un échappatoire à la folie des hommes.
- EROLL FLYNN. MÉMOIRES. MYWICKED, WICKED DAYS
- Auteur : Errol Flynn
- Traduction : France-Marie Watkins et Florence Metzger (première traduction française en 1977)
- Préface : Eric Neuhoff
- Éditions : Séguier
- Date de parution : 18 juin 2020
- Langues : Français et Anglais (chez G.P. Putnam’s Sons sous le titre My Wicked, Wicked Ways. The Autbiography of Errol Flynn)
- Format : 496 pages
- Tarif : 18 €