Livre / Agnès Varda. Le bonheur cinéma : critique

Publié par Jacques Demange le 7 juillet 2020

Résumé : En signant à 27 ans La Pointe-Courte (1955), Agnès Varda s’impose comme une jeune réalisatrice soucieuse d’innovation esthétique comme d’indépendance économique. Avec ses amis de la Rive gauche (Alain Resnais, Chris. Marker, Jacques Demy) elle impose au cinéma français son tournant moderne, synchrone avec la Nouvelle Vague, quand Georges de Beauregard qui a produit Godard finance Cléo de 5 à 7 (1962). Basée dans la rue Daguerre, vagabondant entre les formes, les genres et les économies, Agnès Varda n’a jamais oublié qu’elle a été photographe du Festival d’Avignon et du TNP de Jean Vilar, tout en amorçant avec le tournant des années 2000, une carrière parallèle d’artiste visuelle. Le volume 66 de la revue Éclipses montre qu’Agnès Varda aura travaillé plus de six décennies à faire coïncider bonheur et cinéma.

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Agnes Varda - Revue Eclipses

Agnes Varda – Revue Éclipses

À lire les différents textes composant ce nouveau numéro de la revue Éclipses coordonné par Saad Chakali, co-animateur du site Des Nouvelles du Front cinématographique, essayiste, et membre de la commission nationale de sélection d’Images en Bibliothèques, une évidence s’impose au lecteur : Agnès Varda, disparue en 2019, fut, sans nul doute, l’une des plus parfaites incarnations d’un cinéma total. Fiction et documentaire, ouverture (aux autres) et oppositions (aux diktats), actes de la mémoire et actions du présent, photographies, matières plastiques et images en mouvements s’articulent les uns aux autres pour formuler une synthèse en constante mutation. C’est peu dire qu’aborder sa filmographie se présente comme un défi de taille. Pourtant, au fil des pages, chaque auteur parvient à envisager une parcelle de l’identité Varda à la manière de ce dispositif de miroirs aux reflets enchâssés filmé au début des Plages d’AgnèsLa personnalité créatrice de la cinéaste semble guider la structure d’un ouvrage riche en approches et en démonstrations. Singularité d’un film précurseur et subjectif (La Pointe-Courte), dynamique des couleurs faisant basculer le récit vers l’abstraction (Le Bonheur), jeux familiaux aux consonances réflexives (Documenteur, Kung-fu Master), poétique du temps ou de la chanson, proposent d’aborder la filmographie de Varda selon une série de perspectives transversales qu’accompagne la présence de nombreuses illustrations d’excellente facture. La contextualisation historique des films va de pair avec un décryptage précis de la forme et du contenu des récits.

 

Le discours visuel s’exporte fréquemment du plan filmé et projeté pour rencontrer (sur le mode de la conciliation plutôt que de la confrontation) la symbolique et la plasticité de l’image peinte (Mur murs) ou l’expression du dispositif de l’art contemporain (Visages villages). La permanence joue alors à part égale avec la disparition. Glaneuse d’images autant que migrante des pratiques, Varda s’élance de film en film et de projet en projet avec le même esprit frondeur et fédérateur. C’est justement ce dernier que l’on retrouve dans les derniers textes de ce numéro.

 

L’entretien avec la directrice de la photographie et chef opérateur Nurith Aviv, la retranscription de la « leçon de cinéma » donnée par Varda au Festival international de films de femmes de Créteil et du Val-de-Marne en 1998, et l’Abécédaire à l’envers conçu par Saad Chakali rappellent les principaux mérites d’une filmographie placée sous les signes de la parole (de soi aux autres et inversement), du ludique et de l’engagement.

 

 

 

  • AGNÈS VARDA. LE BONHEUR CINÉMA
  • Auteur : Saad Chakali (coordonné par)
  • Éditions : Éclipses, revue de cinéma
  • Date de parution : Juin 2020
  • Langues : Français uniquement
  • Format : 168 pages
  • Tarif : 15 €

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