Résumé : Cinéaste, écrivain, dramaturge, metteur en scène de théâtre et d’opéra, Christophe Honoré compte parmi les artistes français les plus singuliers de son époque. De son premier film, 17 fois Cécile Cassard, à l’autofiction Plaire, aimer et courir vite, il fait dialoguer l’intime et l’universel, et décline son amour pour la création artistique sous une multitude de formes. Son travail se nourrit de nombreuses influences, notamment de la Nouvelle Vague, ainsi que de sa complicité avec ses acteurs fétiches et le musicien Alex Beaupain. Observateur des mœurs modernes et des sentiments, attaché à la représentation des corps, il met en scène des personnages en quête d’affranchissement. Christophe Honoré, les corps libérés retrace le parcours de cet artiste qui interroge notre place dans le monde et dans le temps, tout en cultivant sa mythologie personnelle.
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Depuis 2002 et la sortie de son premier long métrage, 17 fois Cécile Cassard, Christophe Honoré s’est parfaitement implanté au sein du paysage du cinéma d’auteur français. Si chacun de ses films bénéficie d’une généreuse médiatisation par la presse spécialisée (ou non), rares sont pourtant les auteurs a avoir cherché à embrasser l’ensemble de son œuvre (la dernière et unique tentative remonte à 2014 avec Christophe Honoré, le cinéma nous inachève, ouvrage coordonné par Jean Cléder et Timothée Picard, paru aux éditions Le Bord de l’eau). Le défi est en effet de taille. Car Honoré manie aussi bien la caméra que la plume, signant romans, articles, et pièces, s’essayant à la mise en scène d’opéra ou de théâtre (voir la recension complète de ses productions en annexe du présent ouvrage). Cette activité plurielle, Mathieu Champalaune, journaliste, critique de cinéma, de théâtre et de littérature, a décidé de la prendre à bras le(s) corps. L’auteur nous prouve que la singularité du cinéaste tient à l’émergence d’une cohérence située à un carrefour aux multiples entrées et sorties. La puissance des mots, écrits ou prononcés, anime la poésie toute singulière d’Honoré, faite de rencontre, de rupture, d’opposition, de replis sur soi et sur les autres. La tonalité de la musique pop qui traverse ses films fait écho à sa culture vibrante qui oscille entre respect des classiques (La Belle Personne inspiré de La Princesse de Clèves ; Les Malheurs de Sophie) et des révoltés (Ma mère, adaptation toute personnelle du roman inachevé de Georges Bataille). Ce grand écart s’assume par l’attrait du paradoxe qui anime l’œuvre toute entière d’Honoré. C’est cet aspect qu’analyse finement Champalaune, prêtant à l’objectivité de son argumentation une place importante aux réflexions du réalisateur glanées au sein de ses nombreux entretiens.
L’intérêt de cette étude tient à sa capacité à convaincre le lecteur. L’amoureux d’Honoré y approfondit sa passion, le détracteur voit ses convictions mises en cause. De la légèreté supposée de la comédie musicale (Les Chanson d’amour) Champalaune rappelle la gravité de la tragédie racinienne, tandis que la beauté des profils des acteurs (Louis Garrel et Chiara Mastroianni en tête) se complexifie par une approche anthropologique du cadrage qui se retrouve dans la trajectoire urbaine et corporelle empruntée par ses films.
Qualité propre aux essais publiés chez Playlist Society : cet esprit de synthèse propre à l’écriture monographique qui se prolonge à travers différentes pistes de réflexion de haute portée théorique.
- CHRISTOPHE HONORÉS, LES CORPS LIBÉRÉS
- Auteur : Mathieu Champalaune
- Éditions : Playlist Society
- Collection : Essai / Cinéma
- Date de parution : 20 octobre 2020
- Langues : Français uniquement
- Format : 136 pages
- Tarifs : 14 € (print) – 7 € (numérique)