Synopsis : 1990. Arthur a vingt ans et il est étudiant à Rennes. Sa vie bascule le jour où il rencontre Jacques, un écrivain qui habite à Paris avec son jeune fils. Le temps d’un été, Arthur et Jacques vont se plaire et s’aimer. Mais cet amour, Jacques sait qu’il faut le vivre vite.
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Le nouveau film de Christophe Honoré rejoint la pépite de Robin Campillo, Grand Prix de Cannes l’année dernière, sur les années Sida et Act Up. Une même thématique, une même période, deux oeuvres bien différentes. Plaire, Aimer et Courir vite et 120 Battements par minute se rejoignent et se complètent pour ne jamais oublier ceux qui sont morts de cette maladie. Malgré des longueurs dans le dernier acte, ce onzième long métrage du réalisateur des Chansons d’Amour, grand habitué du festival, est une superbe romance pleine de fougue, d’humour, de bons mots d’esprit et surtout de romanesque, baignée de musiques pop entraînantes. Pierre Deladonchamps poursuit ses prestations audacieuses, après L’Inconnu du Lac et Nos années folles, et incarne ici un écrivain dandy parisien et père d’un garçon de huit ans, atteint du Sida, qui fait la rencontre d’un étudiant bisexuel, porté par un excellent Vincent Lacoste, dans un cinéma de Rennes où est projeté La Leçon de Piano de Jane Campion. Nous sommes dans les années 1990. Chacun mène sa vie à vive allure. Le premier se sait condamné, s’occupe de son fils, multiplie les conquêtes, échange beaucoup avec son voisin (génial Denis Podalydès) et recueille quelques jours son ex-amour en phase finale. Le second, plein d’ardeur, est en couple avec une fille (Adèle Wismes) et multiplie également les plans d’un soir. Entre ces moments éparses, ces deux hommes se séduisent, se cherchent, s’attendent, se considèrent, se retrouvent, se quittent, se rappellent, puis s’aiment et s’empressent de rattraper ce temps qui s’enfuit inéluctablement vers cette mort (trop) proche. Dans ce montage énergique, Plaire, Aimer et Courir vite est sans doute l’oeuvre la plus sensible de Christophe Honoré qui fait la part belle à l’art, à la littérature et à la culture. Certaines scènes sont très émouvantes, comme celle du bain entre Jacques et son ex-amant mourant, leurs corps blottis l’un contre l’autre, toujours en quête de chaleur humaine. Le traitement sur la sexualité et les relations homosexuelles, à travers des dialogues souvent crus, décomplexe et allège la gravité des situations. Une tragicomédie sentimentale sans langue de bois donc, touchée par la force des relations, la mélancolie et la douceur d’un monde brutal, parcourant les craintes, les résignations et les obsessions créatives de toute une génération.
- PLAIRE, AIMER ET COURIR VITE
- Sortie salles : 9 mai 2018
- Réalisation : Christophe Honoré
- Avec : Vincent Lacoste, Pierre Deladonchamps, Denis Podalydès, Clément Métayer, Adèle Wismes, Thomas Gonzalez, Quentin Thibault, Tristant Farge
- Scénario : Christophe Honoré
- Production : Philippe Martin, David Thion
- Photographie : Rémy Chevron
- Montage : Chantal Hymans
- Décors : Stéphane Taillasson
- Costumes : Pascaline Chavannes
- Distribution : Ad Vitam
- Durée : 2h12