Série / Little Birds (saison 1) : critique

Publié par CineChronicle le 15 avril 2021

Synopsis : 1955. Lucy Savage, est une jeune héritière new-yorkaise, fraîchement débarquée à Tanger pour retrouver son jeune fiancé, Hugo. Elle s’impatiente de débuter leur union. Quand elle réalise que son futur époux ne l’accueille pas avec la ferveur attendue, elle décide de partir dans une quête des sens et d’indépendance dans une ville dont l’emprise coloniale décline.

♥♥♥♥

 

Little Birds - affiche

Little Birds – affiche

Jazz, lumières chaudes, chants d’oiseaux et fruits rouges… L’adaptation en série des nouvelles érotiques de la femme de lettres née en France Anaïs Nin est un voyage sensuel où plaisir, espionnage et crise politique s’entremêlent dans une chronique d’époque chorale et bigarrée. Un délice au goût d’interdit. Conçue par l’artiste qatari-américaine Sophia Al-Maria, la série Little birds met en évidence le caractère sulfureux de ces histoires qu’elle a choisi de situer dans un Tanger des années 50, un Maroc à la veille de son indépendance. Il semble bon de rappeler combien Anaïs Nin accordait une importance particulière à ces textes, qu’elle décrivait ainsi dans la préface de l’ouvrage Venus Erotica paru à titre posthume en 1977 : « Ils représentent les premiers efforts d’une femme pour parler d’un domaine qui avait été jusqu’alors réservé aux hommes ». La réalisation en six épisodes, confiée à la cinéaste Stacie Passon (révélée par son film lesbien Concussion), suit les pas de Lucy Savage (Juno Temple), une héritière new-yorkaise dont le père, un riche fabricant d’armes, l’a mariée à un aristocrate désargenté Hugo Cavendish-Smyth (Hugh Skinner). Alors que Lucy n’attend que de s’unir à lui et goûter aux plaisirs de la chair, celui-ci préfère les hommes et fuit tout rapport physique. Frustrée, la jeune femme commence une quête d’émancipation dans les  bordels de Tanger où sa rencontre avec des militaires français, des artistes hédonistes ou encore Cherifa Lamour (Yumna Marwan), la prostituée dominatrice, va être le catalyseur de ses désirs.

 

Juno Temple - Little Birds

Juno Temple – Little Birds

 

À travers des images baroques et décalées, des ambiances feutrées et des couleurs vives, évoluant dans une atmosphère surannée, à la lisière du rêve et de la réalité, et dont l’esthétique n’est pas sans rappeler celle de Sofia Coppola, la réalisatrice évite l’écueil de la vulgarité et de la pornographie. L’érotisme qu’elle développe repose davantage sur sa manière de filmer les non-dits : une bouche qui se mord la lèvre inférieure, un bouchon de carafe qui renvoie la lumière, les chorégraphies des corps, les dialogues évocateurs et ciselés. Des scènes surprenantes et rafraîchissantes. On retient notamment celles de l’eau sur le corps autour d’une fontaine, de séduction qui résonne comme une anthropométrie à la Yves Klein, de l’orgie chez une comtesse débridée, et de fouettage d’un militaire par une prostituée dans l’intimité de la maison close.

 

Connue pour ses rôles au cinéma dans Killer Joe et Kaboom, l’actrice britannique Juno Temple apporte la sensualité et l’innocence nécessaires à ce personnage complexe et perturbé. À ses côtés, plusieurs visages bien connus, comme Hugh Skenner, Nina Sosanya, Jean-Marc Barr et Rossy De Palma (toujours aussi charismatique), mais aussi de jeunes acteurs qui s’affirment, comme Raphael Acloque et surtout la libanaise Yumna Marwan, magistrale en Chérifa Lamour.

 

Rossy de Palma - Little Birds

Rossy de Palma – Little Birds

 

Cette dernière poursuit, en parallèle au voyage d’émancipation de Lucy, un désir de revanche sur les colons, responsables de son statut de femme déchue. C’est ce personnage troublant et féroce qui déjoue les stéréotypes de prostituée séductrice et fait finalement avancer l’intrigue. C’est peut-être ici le seul petit bémol de Little Birds. Si les trois premiers épisodes dressent un portrait des personnages en quête d’eux-mêmes dans une ville galvanisée par un rêve d’indépendance, les trois derniers tissent de manière un peu trop rapide les destinées humaines vers la mort du patriarcat et la victoire symbolique contre le pouvoir colonial.

 

Pour autant, cette série sensuelle donne aux nouvelles d’Anaïs Nin une résonance contemporaine : l’impact du colonialisme et du racisme, le pouvoir sans fin des hommes de contrôler la vie des autres, les multiples formes que peut prendre la sexualité quand celle-ci peut être vécue librement. Little birds est une belle invitation à vivre une sexualité à l’image des écrits d’Anaïs Nin, libre, inventive, et transgressive.

 

Odile Lefranc

 

 

 

  • LITTLE BIRDS
  • Diffusion : depuis le 14 février 2021
  • Plateforme / Chaîne : Starzplay
  • Création : Sophia Al-Maria
  • Réalisation : Stacie Passon
  • Avec : Juno Temple, Yumna Marwan, Nina Sosanya, Hugh Skinner, Rossy de Palma, Jean-Marc Barr.
  • Scénario : Sophia Al-Maria d’après un recueil de nouvelles d’Anaïs Nin
  • Durée : 6 épisodes de 50 minutes

 

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