Synopsis : À travers cette série documentaire unique, explorez l’histoire méconnue d’Hollywood. Celle qui n’est pas seulement faite de succès, de glamour, de strass et de paillettes, mais aussi de malchance, de contrariétés, de frustrations et d’échecs dont les conséquences furent parfois terribles.
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Durant le mois de mai, la chaîne OCS Géants propose la diffusion de quatre documentaires consacrés aux films maudits d’Hollywood. Batailles homériques entre réalisateurs et producteurs, destins tragiques de grandes vedettes, et hubris démesuré donnèrent lieux à un certain nombre de chefs-d’œuvre qui marquèrent à jamais l’Histoire du cinéma ainsi qu’à des ratés rapidement oubliés par les cinéphiles. Deux aspects déterminent donc la qualité de cette série de documentaires. D’abord, celui de découvrir certaines productions peu souvent commentées. Ainsi du Conquérant (1956) réalisé par Dick Powell et produit par Howard Hughes, nanar qui vit John Wayne revêtir la tunique de Gengis Khan, ou de Something Got to Give (1962), dernier film de Marilyn Monroe mis en scène par George Cukor et resté inachevé. Ensuite, le plaisir pris à comprendre les tenants et aboutissants d’échecs plus célèbres. Les Rapaces (1924) d’Erich von Stroheim, La Porte du paradis (1980) de Michael Cimino et Cléopâtre (1963) de Joseph L. Mankiewicz donnent lieu à d’instructifs récits de tournage décryptés par des spécialistes et rapportés par des collaborateurs de création (Isabelle Huppert qui revient relativement longuement sur son expérience avec Cimino ou le regretté Jean-Pierre Mocky qui se remémore ses discussions avec Stroheim). La méthode a pour elle l’efficacité de la tradition. Le recours à de nombreuses images d’archives documentent le propos de la voix off, tandis que les intervenants (français et anglo-saxons) réussissent communément à conférer une dimension épique à ces productions restées dans les annales pour des raisons différentes. Il faut bien remarquer que concernant les films de Cimino, Mankiewicz et Stroheim, le cinéphile n’apprendra pas grand-chose, les grands traits et anecdotes de leurs tournages ayant depuis longtemps été rapportés par la presse et disséqués par les historiens du cinéma.
Les documentaires se distinguent cependant par leur volonté d’offrir un contexte à ces catastrophes artistiques et/ou financières. L’esprit de démesure de Howard Hughes pour Le Conquérant fait ainsi écho à l’esprit d’une Amérique toute-puissante lancée dans la guerre froide et obnubilée par ses recherches sur les armes nucléaires, tandis que La Porte du paradis permet de revenir sur l’identité de la United Artists qui favorisa les excès d’un jeune réalisateur dont l’orgueil finit par le conduire à sa perte. De la même manière, Les Rapaces se présente comme un prétexte pour aborder les précédents films de Stroheim, ainsi que la figure du producteur Irving Thalberg et l’histoire de la MGM. Les intervenants reviennent par ailleurs sur la problématique des versions de ce film qui, à l’instar du Metropolis de Fritz Lang, donna lieu à d’innombrables recherches pour retrouver la copie d’origine et restituer ainsi la vision première du cinéaste.
Ces documentaires se regardent en définitive à la manière de tragédie grecques. La fin est connue d’avance mais la précipitation des évènements n’en est pas moins édifiante. Le cinéphile appréciera par ailleurs la présence de certains films d’archive qui dans le cas de Cléopâtre et Something Got to Give permet de dresser un joli portrait parallèle d’Elizabeth Taylor et Marilyn Monroe. Au-delà de leur rivalité médiatique, les deux vedettes eurent en commun un parcours artistique aussi difficile qu’ambitieux, leur recherche de légitimité se heurtant aux lois du star-système hollywoodien. La qualité de cette analyse se retrouve aussi ponctuellement à travers la présentation de certains réalisateurs. Ainsi de l’oublié Dick Powell, ancienne star de comédies chantantes passée à la réalisation. Les différentes perspectives proposées par la série permettront donc à chacun d’y trouver son intérêt.
- HOLLYWOOD MAUDIT (Saison 1)
- Diffusion : du 1er au 22 mai 2021
- Plateforme / Chaîne : OCS Géants
- Réalisation et Scénario : Claudia Collao
- Avec : Isabel Otero (narration)
- Producteur : Julien Tricard
- Photographie : Guillaume Tunzini, Simona Bua, Maïlys Dupré
- Montage : Maïlys Dupré
- Quatre documentaires de 52 minutes