Bac Nord de Cédric Jimenez : critique

Publié par Jacques Demange le 22 août 2021

Synopsis : 2012. Les quartiers Nord de Marseille détiennent un triste record : la zone au taux de criminalité le plus élevé de France. Poussée par sa hiérarchie, la BAC Nord, brigade de terrain, cherche sans cesse à améliorer ses résultats. Dans un secteur à haut risque, les flics adaptent leurs méthodes, franchissant parfois la ligne jaune.

♥♥♥♥

 

Bac Nord - affiche

Bac Nord – affiche

Après La French (2014), son second long métrage consacré au grand banditisme marseillais des années 1970, le réalisateur Cédric Jimenez repose sa caméra dans la cité phocéenne pour décrire l’entreprise de trois agents de la Bac bien décidés à démanteler un vaste réseau de dealeurs au sein des quartiers Nord de la ville.  Visiblement inspiré par la récente affaire judiciaire qui vit des membres de la Bac marseillaise accusés de trafic et d’association de malfaiteurs, le réalisateur et sa coscénariste, Audrey Diwan, dépassent bien vite ce fait divers pour se concentrer sur la seule valeur dramaturgique de leur film. La mise en scène de Jimenez cherche visiblement à renouer avec le caractère spectaculaire des films policiers américains des années 1970. À l’instar du cinéma d’Olivier Marchal, Bac Nord n’oublie cependant pas ses origines. L’architecture des cités à la française, l’accent du sud et les problématiques inhérentes à l’administration policière de l’Hexagone permettent d’insister sur l’identité régionale et nationale de la production. Jimenez obéit d’abord au crédo de l’action avec tout ce que celui-ci impose comme difficultés. Le rythme est soutenu, efficace de bout en bout, et assure du métier du réalisateur. L’autre qualité tient aux acteurs et en particulier au trio Gilles Lelouche-Karim Leklou-François Civil qui évite soigneusement tout excès pour conférer une certaine finesse à leurs rôles respectifs et renforcer la crédibilité du récit. Si l’interprétation de ces trois policiers choisissant de se passer de tout soutien hiérarchique pour assumer les compromissions que leur impose leur mission est remarquable, la caractérisation générale du système proposé par Jimenez est moins habile. 

 

Bac Nord

 

Dealeurs comme agents de l’IGPN souffrent de quelques stéréotypes qui empêchent parfois le discours général d’aboutir. La chose se renforce si l’on compare Bac Nord au L. 627 (1992) de Bertrand Tavernier ou au récent Les Misérables (2019) de Ladj Ly. Ce jeu de comparaison pourrait néanmoins s’avérait fallacieux. Car ce n’est pas le point de vue de la chronique qui détermine la démarche de Jimenez. À certains égards, le réalisateur fait de l’épique un moyen de flirter avec le ton élégiaque de la tragédie moderne. La violence prend d’abord la forme d’un territoire qui semble dès le début du film prendre au piège les principaux protagonistes du drame. Littéralement encerclée par les grands ensembles, l’action des trois policiers est semblable à celle du petit groupe de soldats grecques lancé à l’assaut des remparts de la citée troyenne.

 

Le final du film pourrait donner raison à cette interprétation. La brutalité sidérante qui se dégage de la fusillade prend une valeur cathartique et laisse un goût amer en bouche. Car Jimenez ne se satisfait pas de cette seule décharge de violence mais finit, enfin, par interroger les déterminismes de la bataille. De western urbain gagné par la fièvre du grand spectacle, Bac Nord acquiert alors une conscience qui lui permet de briller au-delà de ses ambitions initiales.

 

 

 

  • BAC NORD
  • Date de sortie : 18 août 2021
  • Réalisation : Cédric Jimenez
  • Avec : Gilles Lellouche, Karim Leklou, François Civil, Adèle Exarchopoulos, Kenza Fortas, Cyril Lecomte, Michaël Abiteboul, Idir Azougli, Jean-Yves Berteloot
  • Scénario : Cédric Jimenez et Audrey Diwan
  • Production : Hugo Sélignac et Vincent Mazel
  • Photographie : Laurent Tangy
  • Montage : Simon Jacquet
  • Musique : Guillaume Roussel
  • Décors : Jean-Philippe Moreaux
  • Costumes : Stéphanie Watrigant
  • Distribution : StudioCanal (France) – Netflix (États-Unis)
  • Durée : 104 minutes

 

Commentaires

A la Une

Carrousel Studios : Omar Sy, Louis Leterrier et Thomas Benski lancent une société de production

Cette nouvelle société de production, cofondée par le trio, développera et produira des films et séries pour le marché mondial et s’entourera de talents émergents et confirmés. 

Scream 7 : Neve Campbell fera son grand retour dans le prochain opus de la saga horrifique

Neve Campbell absente du sixième opus retrouvera également le scénariste Kevin Williamson qui réalisera ce septième volet de la franchise.

The Batman 2 : La suite du film à succès sortira finalement en 2026 

Initialement prévue pour octobre 2025, la suite de The Batman de Matt Reeves, avec en vedette Robert Pattinson, est finalement attendue sur les écrans en 2026.

SNL 1975 : Gabriel Labelle incarnera le producteur Lorne Michaels

Gabriel Labelle, révélé dans The Fabelmans de Steven Spielberg, jouera le producteur de Saturday Night Live, Lorne Michaels, dans le biopic consacré à l’émission mythique et réalisé par Jason Reitman.

Oscars 2024 : Oppenheimer règne en maître et Anatomie d’une Chute repart avec une statuette

Les prédictions de la 96e cérémonie des Oscars, qui s’est déroulée à Los Angeles, l’annonçaient. Oppenheimer, mastodonte de l’année 2023, a écrasé la concurrence en repartant avec 7 Oscars sur 13 nominations…

Nos vidéos

Box OFFICE France

Titre Cette sem. Nbr Sem. Cumul
1 DUNE DEUXIEME PARTIE 1 000 326 2 2 384 325
2 UNE VIE 248 396 3 1 032 947
3 BOLERO 177 724 1 177 724
4 BOB MARLEY : ONE LOVE 172 507 4 1 709 717
5 MAISON DE RETRAITE 2 157 376 4 1 311 381
6 COCORICO 139 660 5 1 741 705
7 CHIEN & CHAT 129 479 4 1 022 390
8 14 JOURS POUR ALLER MIEUX 126 678 1 126 678
9 LA SALLE DES PROFS 90 612 1 90 612
10 IMAGINARY 89 440 1 89 440

Source: CBO Box office

Nos Podcasts