Résumé : Deuxième partie du diptyque consacré à la vie d’un artiste truculent, exigeant et tout simplement hors du commun, Alfred Hitchcock : le Maitre de l’angoisse nous raconte autant l’existence du maître du suspense qu’un pan essentiel de l’histoire du cinéma hollywoodien des années 40 à 70.
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Après avoir exploré les origines d’Alfred Hitchcock, le critique et historien du cinéma Noël Simsolo et le dessinateur Dominique Hé racontent dans un second tome l’aventure hollywoodienne du cinéaste. C’est un récit croisé qui se décline tout au long de cet album. Car si en Amérique, Hitchcock devient le maître du suspense et acquiert une réputation internationale, ses succès sont aussi le fait de ses principaux collaborateurs de création. Avec un évident plaisir, Simsolo revient ainsi sur les relations du cinéaste avec ses acteurs, tandis que Hé croque à merveille leurs physionomies qui, de Cary Grant à Sean Connery, de Joan Fontaine à Janet Leigh, traversent cette brillante synthèse graphique. Le cinéma d’Hitchcock est aussi affaire de critiques. Car c’est principalement à partir de lui que se consolide la politique des auteurs instituée par les Jeunes Turcs des Cahiers du cinéma. Charmé par leurs commentaires, le cinéaste accepte de leur livrer sa parole à travers différentes rencontres qui donneront lieu à l’indispensable livre d’entretiens coordonné par François Truffaut. Si les grandes étapes de sa carrière sont déjà bien connues des cinéphiles (de ses luttes homériques avec les stars à ses exigences vis-à-vis des grands studios), le scénario de Simsolo prend soin de dépasser l’exactitude de la monographie pour viser l’invention biographique. L’album imagine ainsi les doutes qui assaillent le réalisateur vieillissant. Le mépris de la critique ou de l’académie ne le touche guère, mais l’intérêt du public est pour lui une chose primordiale.
Soutenu par son épouse, la scénariste Alma Reville, le réalisateur maintient le cap, enrichissant ses œuvres pionnières de nouveaux desseins qui feront de son cinéma, de plus en plus nori et de plus en plus violent, le précurseur de certaines tendances à venir. Cette noirceur se retrouve du côté du style du dessinateur. Dominique Hé fait des contrastes un moyen de styliser la narration, lui offrant un certain cachet expressionniste sans aller à l’encontre de la clarté du trait. Suffisamment troublante pour que l’on s’y attarde, l’image redouble l’efficience du propos, inscrivant une ambiguïté certaine sur l’existence fictionnelle de ce Hitchcock de papier.
Il y a de belles trouvailles au sein de cet album. Ainsi de la représentation du cauchemar du réalisateur qui, au crépuscule de sa vie, s’imagine entrer au paradis et être accueilli par un Fritz Lang christique qui lui refuse la réalisation d’un film. Le réveil est non moins fatidique. Quelques cases plus loin, c’est le cercueil qui accueille Hitchcock. Le reste appartient au hors-champ, en espérant que Simsolo et Hé s’y risquent pour un ultime tome.
- ALFRED HITCHCOCK – LE MAÎTRE DE L’ANGOISSE (Tome 2)
- Auteurs : Noël Simsolo (scénario) et Dominique Hé (dessin)
- Éditions : Glénat
- Collection : 9 ½
- Date de parution : 25 août 2021
- Langues : Français uniquement
- Format : 160 pages
- Tarifs : 25,50 € (print) – 17,99 € (numérique)