Synopsis : En 1937, Katie est une étudiante engagée qui défend avec ferveur les valeurs communistes. Hubbell, lui, est un athlète au sourire enjôleur qui ne comprend pas cette passion fascinante. Des années plus tard, leur chemin se croise à nouveau. Ce qui les oppose n’a alors plus d’importance face au désir qui les anime.
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Wild Side offre à Nos plus belles années une belle sortie en combo Blu-ray + DVD, accompagné d’un livret de 50 pages mettant l’accent sur les secrets de productions et de tournages. Grâce au bonus, tel que le making-of, il nous est révélé ainsi toutes les tribulations de l’équipe. De l’embauche de Barbra Streisand, qui ne voulait pas chanter, à celle de Robert Redford, demandant des modifications constantes pour son personnage d’Hubbell, ce n’est pas moins d’une dizaine de scénaristes qui se sont succédé dans ce film devenu mythique, dont Dalton Trumbo (Spartacus) et Francis Ford Coppola (Le Parrain). Le principal, Arthur Laurents (La Corde), était en désaccord avec le réalisateur Sydney Pollack (Tootsie, Out of Africa : Souvenirs d’Afrique), qui s’opposait à un film autour de Streisand rendant son ami Redford plus complexe. Après des coupes dans le propos historique, qui abordait pour la première fois le maccarthysme et sa chasse aux sorcières, Nos plus belles années est un succès. Cette histoire d’amour impossible autour de ce duo de personnages voit s’affronter des entités contraires et, pourtant, attirées l’une par l’autre.
Katie, une juive communiste, envie la facilité d’Hubbell à se soustraire aux problèmes du monde. Lui est impressionné par sa force de caractère contrastant avec sa peur de devenir écrivain. Bien que le film ait été tourné dans les années 70, le personnage de Katie est d’une actualité qui résonne de nos jours. Se forçant à atténuer sa personnalité pour garder l’homme qu’elle aime, elle comprendra finalement que la perte en retour est bien plus importante. La couleur rouge qui la caractérise, au-delà de la représentation du communisme, traverse le long-métrage, s’atténuant lorsqu’elle décide de renoncer et revenant progressivement jusqu’au point de rupture.
De ce point de vue, le master restauré apporte une profondeur aux teintes qui rend toute sa vie à l’image. Ces couleurs, illustrant la jeune femme, s’opposent aux tons neutres et terriblement ennuyeux de l’entourage d’Hubbell, coincé entre les deux. Il navigue entre un monde simple où le rire cache un cynisme inébranlable, et un autre où il faut sans cesse se battre pour espérer un changement. Cette dissonance fait la force des débats entre Katie et Hubbell, chacun possédant une vision, blasée ou vivace, rendant leurs échanges puissants.
Comme le précise le livret de la nouvelle édition de Nos plus belles années, Robert Redford détestait répéter une scène au risque d’en perdre son authenticité. Sydney Pollack et Barbra Streisand possédaient également cette certitude. Cela donne lieu à des improvisations telles que l’appel désespéré et poignant de Katie lors de sa rupture avec Hubbell, cherchant un mouchoir pour contenir son flot de larmes.
Le rythme du récit était inédit pour l’époque grâce au flashback de leur rencontre, survenant après l’introduction. Dans un club, alors que les clients dansent autour d’eux, la blancheur de l’uniforme d’Hubbell détonne, apparaissant comme un prince charmant somnolant, et attendant d’être réveillé par la fougue de Katie. Progressivement le brouhaha disparaît pour laisser place aux souvenirs et à la voix de Streisand, chantant l’hymne de Nos plus belles années (The Way we were). Le début d’une histoire qui ne connaîtra jamais de fin tant l’amour des personnages est perceptible et leur séparation des plus compréhensibles. Une inéluctabilité qui serre le cœur mais qui en fait une belle histoire d’amour à (re)découvrir.
Emilie Bollache
- NOS PLUS BELLES ANNÉES (The way we were)
- Sortie : 24 novembre 2021
- Réalisation : Sydney Pollack
- Scénario : Arthur Laurents
- Avec : Barbra Streisand, Robert Redford, Bradford Dillman, Lois Chiles, Patrick O’Neal, Viveca Lindfors, Allyn Ann McLerie, Murray Hamilton, Herb Edelman, Diana Ewing, Sally Kirkland, Marcia Mae Jones…
- Production : Ray Stark
- Photographie : Harry Stradling Jr.
- Musique : Marvin Hamlisch
- Montage : John F. Burnett
- Décors : William Kiernan
- Costumes : Dorothy Jeakins, Moss Mabry
- Distribution : Wild Side
- Durée : 118 minutes
- Sortie initiale : 16 octobre 1973 (États-Unis) – 5 février 1974 (France)