David Gulpilil, du contrechamp au plein cadre

Publié par Jacques Demange le 30 novembre 2021
David Gulpilil - Charlies Country

David Gulpilil – Charlie’s Country

Emporté à l’âge de 68 ans par un cancer du poumon ce 29 novembre 2021, l’acteur australien aborigène David Gulpilil laisse derrière lui une œuvre marquée par une ambition de reconnaissance et de légitimité. Deux désirs que ses différents rôles surent accomplir pleinement.

 

 

 

Pendant près de cinquante ans, David Gulpilil a incarné ce contrechamp que le cinéma australien peinait à aborder de front. Appartenant à la tribu Mandhalpuyngu, l’acteur grandit dans le bush et apprend à vivre selon les rites et traditions de son peuple. Sa connaissance des us et coutumes des aborigènes (de la chasse à la danse) seront mis à profit dans son premier film, La Randonnée (Nicolas Roeg, 1971), qui le représente en train d’exécuter un rite d’initiation dont les mystères sont progressivement révélés à un frère et une sœur blanches.

 

Après un second rôle dans l’excellent Mad Dog Morgan (Philippe Mora, 1976), fleuron de cet âge d’or du cinéma australien qui prend forme dans les années 1970, Gulpilil apparaît dans La Dernière Vague (Peter Weir, 1977), film engagé qui expose la fracture culturelle, sujette à de nombreuses erreurs de jugement, qui continue de hanter le continent océanique.

 

Faire découvrir l’Australie, toute l’Australie, et au monde entier, s’inscrira comme l’une des problématiques principales de sa carrière. En 1986, Crocodile Dundee (Peter Faiman) lui permet de faire connaître son visage au public international. Derrière le rôle-titre tenu par Paul Hogan, Gulpilil apparaît simplement comme la caution aborigène du film. Qu’importe, ce succès lui permettra de devenir une icône culturelle, le principal représentant de son peuple dans un cinéma encore dominé par les clichés et les idées préconçues.

 

Ce statut se consolide à partir du début des années 2000. Après The Tracker (2002), l’acteur retrouve le réalisateur Rolf de Heer pour interpréter la voix du narrateur de 10 canoës, 150 lances et 3 épouses, vaste fresque cinématographique consacrée aux légendes aborigènes. Toujours sous la conduite de Rolf de Heer, Gulpilil atteint la consécration artistique avec Charlie’s Country (2014) qui lui vaut le Prix du meilleur acteur au Festival de Cannes dans la section « Un certain regard ».

 

Aussi belle que les scénarios de ses meilleurs films, l’histoire de Gulpilil se devait d’être racontée à l’écran. En 2002, la série documentaire Gulpilil : One Red Blood (Darlene Johnson) revenait ainsi sur la place occupée par l’acteur au sein de l’industrie cinématographique, tentative que prolonge le récent My Name is Gulpilil (2021) de Molly Reynolds qui, à la manière du Nick’s Movie (1980) de Wim Wenders, se présente comme une œuvre testamentaire qui raconte la lutte de l’acteur contre son cancer du poumon, une ultime interprétation qu’on espère pouvoir découvrir un jour en France.

 

 

 

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