BigBug de Jean-Pierre Jeunet : critique

Publié par CineChronicle le 14 février 2022

Synopsis : En 2045, les résidents d’une maison possèdent tous des robots d’intérieur. Mais une révolte d’androïdes éclate à l’extérieur. Les robots d’intérieur décident d’enfermer les humains pour les protéger.

♥♥♥♥♥

 

BigBug - affiche

BigBug – affiche

Neuf ans après L’Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet, Jean-Pierre Jeunet revient à la réalisation, cette fois avec Netflix. Après un mauvais accueil assez injuste pour son dernier film, il a passé plusieurs années à essayer de financer cette nouvelle folie SF, jusqu’à finir par obtenir l’aval de la plateforme américaine. Il y avait de quoi être curieux à l’annonce du retour du réalisateur de Delicatessen, ne serait-ce que pour son rapport à la nostalgie qui a transcendé ses films. Portés par de vraies expérimentations techniques, ses longs-métrages portaient tous un regard ému sur l’esthétique du cinéma du passé. Dans une ère cinématographique qui fait la part belle à la nostalgie, Jeunet avait potentiellement beaucoup de choses à raconter. C’est la raison pour laquelle BigBug arrive d’autant plus comme une déception. On suit la vie d’une famille lambda, dans une banlieue pavillonnaire, en 2045. La technologie a envahi la vie quotidienne, et les robots côtoient les humains. Commence d’abord une longue exposition qui permet de poser le bestiaire technologique du film, qui n’est pas sans rappeler les couleurs et l’inventivité des films avec Marc Caro. On a droit ensuite à une présentation des personnages : une idylle naissante entre Alice (Elsa Zylberstein) et Max (Stéphane de Groodt), perturbée par l’arrivée de l’ex-mari d’Alice, Victor (Youssef Hajdi), et de sa compagne jeune écervelée (Claire Chust). Et déjà, il y a un problème. Non seulement chaque acteur surjoue le trait pour lequel il est connu (de Groodt et sa malice, Hajdi et son accent, Chust et son côté écervelé), mais en plus le genre vaudevillesque est absolument caricatural, poussé si loin qu’il en perd toute sa drôlerie.

 

BigBug de Jean-Pierre Jeunet

BigBug de Jean-Pierre Jeunet

 

D’autant plus que ce petit groupe se retrouve confronté à rien d’autre qu’une révolte des machines. Les robots Yonix commencent à prendre le pouvoir, et face à cette insécurité montante, la maison verrouille ses habitants. Panique et destruction ? Mort et désolation ? Rien de tout ça. Le seul enjeu auquel la petite troupe est confrontée sera l’impossibilité de désactiver la climatisation. Et la seule petite destruction recensée sera celle d’une collection de livres par un Yonix, qui finira par forcer les habitants de la maison à se livrer à des petits jeux animaux, comme dans d’étranges pastilles télévisées que la famille a l’habitude de regarder. Face à cette prise en main de la maison, point de résistance humaine. La petite troupe est trop occupée à continuer sa parodie de théâtre de boulevard, c’est-à-dire très concrètement à savoir qui pourra coucher avec qui.

 

Isabelle Nanty - BigBug

Isabelle Nanty – Bigbug

 

C’est l’occasion pour Jean-Pierre Jeunet de faire passer un propos très critique envers la place grandissante de la technologie dans nos vies. Si la thématique est exploitée depuis des années non sans succès, elle manque ici cruellement de subtilité. On peut à la rigueur apprécier comment les robots domestiques de la maison cherchent à s’assimiler aux humains en adoptant leurs coutumes, mais il devient très vite difficile de comprendre la cohérence du discours quand ces mêmes robots cherchent à prendre la défense des humains. Le réalisateur en cracherait presque dans la soupe en utilisant pour son film des robots et des numérisation 3D pour un BigBug finalement très réactionnaire et à mille lieues de l’inventivité d’Un Long Dimanche de Fiancailles ou de La Cité des Enfants Perdus.

 

Théotime Roux

 

 

 

  • BIGBUG
  • Diffusion : depuis le 11 février 2022
  • Chaîne / Plateforme : Netflix
  • Réalisation : Jean-Pierre Jeunet
  • Avec : Elsa Zylberstein, Isabelle Nanty, Stéphane de Groodt, Claude Perron, Youssef Hajdi, Claire Chust, Alban Lenoir, François Levantal, André Dussollier, Dominique Pinon
    Scénario : Jean-Pierre Jeunet et Guillaume Laurant
  • Production : Frédéric Doniguian et Richard Grandpierre
  • Photographie : Thomas Hardmeier
  • Montage : Hervé Schneid
  • Musique : Raphaël Beau
  • Durée : 1 h 51

 

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