Résumé : Conçu par des chercheurs issus d’horizons disciplinaires différents et organisé autour de cinq catégories réparties en une centaine d’entrées, ce dictionnaire entend tout à la fois reformuler l’iconologie au cinéma et répondre d’une histoire élargie des images. Les contributions proposées constituent un outil et une source de réflexion aujourd’hui indispensables à tous ceux qui font de l’analyse un accès privilégié à la connaissance des films.
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En optant pour la structure du dictionnaire, Emmanuelle André, Jean-Michel Durafour et Luc Vancheri, tous trois professeurs en études cinématographiques, s’accordent avec la nature profuse de l’iconologie tout en ouvrant ce terrain d’étude à une synthèse bienvenue. Science du visible autant que nouvel accès aux images par le biais des relations qui les déterminent, l’iconologie souffre en effet d’un usage parfois élargi qui contraint le néophyte à se rabattre sur des définitions schématiques sinon incomplètes qui empêche de percevoir toute la richesse contenue par cette méthode d’analyse. Ce caractère méthodologique trouve justement sa place à travers l’éclectisme des entrées qui permet d’aborder les différentes approches permises par l’étude iconologique. Réalisateurs (Bruno Dumont, Pier Paolo Pasolini, Harun Farocki, Sergueï Eisenstein, Jean-Luc Godard, Wes Anderson) ou théoriciens (Aby Warburg, Georges Didi-Huberman, Jacques Rancière, Giorgio Agamben), films (2001, l’Odyssée de l’espace, L’Étrange Créature du lac noir, Roubaix, une lumière, Visage), motifs, dynamiques et concepts (le vent, l’évolution, l’inversion énergétique, le figural, l’hystérie), ainsi que figures populaires (de Superman au zombie) se succèdent et se répondent à travers un curieux effet de résonnances qui justifie la portée de ce beau projet : expliquer l’iconologie en la pratiquant tout en assurant de la transversalité essentielle du médium cinématographique. Au-delà de la seule valeur de sa structure, la réussite de l’ouvrage tient à la qualité des entrées. Synthétiques mais non généralistes, les articles prennent soin d’approfondir les éléments convoqués par leur sujet en en réfléchissant les propriétés par le prisme de l’étude iconologique.
La continuité généalogique qui soutient l’ensemble du dictionnaire permet de poser les bases d’une nouvelle Histoire du cinéma à partir d’une réflexion sur l’image et la représentation à l’intérieur de laquelle se croisent théorie et attention portée aux formes et lois de composition.
Cette richesse se retrouve à travers la personnalité des auteurs. André, Durafour et Vancheri ont en effet eu la bonne idée de faire appel à des spécialistes reconnus (Jacques Aumont, Vincent Amiel, Martine Beugnet, Benjamin Thomas, Hélène Valmary, Christophe Damour, Olivier Leplatre, Loig Le Bihan, Massimo Oliveiro…) ainsi qu’à de nouveaux noms appelés à se faire connaître (Raphaël Szöllösy, Simon Flores, Wei-Chu Shih, Louise Masson…) dont les champs d’expertise (cinéma donc, mais aussi philosophie, littérature ou arts visuels) permettent un décryptage collaboratif qui vise à la fois l’approfondissement scientifique et la clarté pédagogique (avec une distinction particulièrement pertinente entre certains termes comme « figural », « figurabilité » et « figure », ou « iconographie », « iconologie » et « iconophagie »).
On retiendra encore l’excellent travail d’édition des Presses universitaires de Lyon qui ont pris soin d’intégrer un riche cahier iconographique qui, entre captures d’écran, documents extra-filmiques et reproductions de peinture, soutient la précision de cette écriture collective.
- DICTIONNAIRE D’ICONOLOGIE FILMIQUE
- Auteurs : Emmanuelle Andrée, Jean-Michel Durafour, Luc Vancheri (sous la direction de)
- Éditions : Presses universitaires de Lyon
- Collection : « Vif du Sujet »
- Langues : Français uniquement
- Date de parution : 5 mai 2022
- Format : 696 pages
- Prix : 35 €