Synopsis : Andrew et Eric partent en vacances avec leur fille adoptive, Wen. Alors que la famille séjourne dans un chalet en forêt, elle est prise en otage par quatre étrangers qui exigent qu’elle fasse un choix crucial pour éviter l’apocalypse.
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Après un intéressant Old sorti il y a deux ans, M. Night Shyamalan revient en salles avec un thriller, aux airs de home invasion jusque dans son titre. Encore une fois, le concept du film est vendeur : un couple gay et leur fille voient leur chalet envahis par quatre personnes qui affirment que l’apocalypse est en marche. Seule façon de l’empêcher : sacrifier un membre de la famille. Un couperet de taille, dont l’enjeu installe une très efficace pression sur les personnages et donc sur le spectateur, avec l’aide de la mise en scène toujours sobre et millimétrée de Shyamalan. Derrière le symbole ultime de la fin du monde, le réalisateur cache toutes ses obsessions : la famille, bien sûr, mais aussi plus largement les grandes craintes sociétales qui traversent la société contemporaine. On peut voir se succéder les thématiques de l’homophobie, de l’inclusion, du fanatisme et de l’acceptation. Des thèmes qui permettent de construire des personnages remarquablement interprétés, et ce notamment via des flash-backs pertinents, qui font comprendre comment le couple, interprété par Ben Alridge et Jonathan Groff (Matrix Resurrections), fait face à ce qu’il vit comme une agression plus ou moins motivée par l’homophobie, voire le fanatisme religieux. Avec ce contexte, il y a du sens à les voir hésiter, jusqu’à une intense confrontation finale, à vouloir sacrifier l’un d’entre eux pour sauver une humanité qui n’a jamais spécialement manifesté sa bienveillance à leur égard, ni même à la planète qu’elle habite.
Face à eux, les quatre « missionnaires » réunis pour leur soumettre ce dilemme jouent avec conviction leur humeur changeante, entre la volonté de les convaincre de suivre leurs instructions et leur impatience grandissante à les voir refuser malgré l’urgence. Si chacun d’entre eux a son occasion de briller, Dave Bautista est sans doute celui qui tire le mieux son épingle du jeu. Dirigé comme jamais il ne l’a été auparavant, il livre une prestation remarquable et démontre définitivement la force de son jeu dramatique, notamment dans sa dernière scène, une des plus marquantes du film.
Toutefois, si formellement le film parvient à bien faire monter sa tension, sa structure tend à étirer des scènes qui ne le nécessitent pas forcément. Le groupe des quatre « missionnaires » prend notamment tout son temps pour expliquer la raison de leur venue dans le chalet de la famille, raison qui est pourtant l’enjeu de base du film. Cette tendance à étirer toutes les scènes sert pourtant tout le reste de la confrontation dans la cabane, poussant le spectateur à s’interroger sur la véracité de la menace. Mais elle amoindrit la fin, qui est la force des films de Shyamalan.
Cette fois-ci, pas de retournement spectaculaire révélé via un simple plan ou une seule ligne de dialogue. La fin donne simplement raison à l’un des discours, avec en toile de fond la passion du réalisateur pour la thématique sur laquelle il repose. Si bien que, pour peu qu’on ne soit pas aussi fasciné par cette question, on se sent légèrement délaissé sur cette fin. Certes, le film charrie de sujets qu’il aborde avec une certaine intelligence, mais sa conclusion semble maladroite, et laisse un peu sur sa faim.
Théotime Roux
- KNOCK AT THE CABIN
- Sortie salles : 1er février 2023
- Réalisation : M. Night Shyamalan
- Avec : Dave Bautista, Jonathan Groff, Rupert Grint, Ben Alridge, Nikki Amuka-Bird, William Ragsdale, Kristen Cui…
- Scénario : M. Night Shyamalan, Steve Desmond et Michael Sherman
- Production : Marc Bienstock, Ashwin Rajan et M. Night Shyamalan
- Photographie : Jarin Blaschke et Lowell A. Meyer
- Décors : Naaman Marshall
- Costumes : Caroline Duncan
- Distribution : Universal Pictures
- Durée : 1 h 40